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Le Dieu
Par Phyllis Curott, traduction & adaptation Lune
Extrait du chapitre 6 de « Witch Crafting »
Il existe une merveilleuse expression écossaise que m’a rapportée l’un de mes étudiants : « Ne jamais donner une épée à un homme qui ne sait pas danser. » Au mépris de toutes images et édits bibliques dans lesquels nous avons été élevés, lorsque vous faites de la magie, faisant de vous une Sorcière, vous allez à la rencontre d’un Dieu qui danse. Dans la Wicca, le Dieu n’est pas juste un guerrier, un roi et un père. Il est enjoué, joyeux, érotique et extatique.
Où pouvez-vous trouver ce Dieu ? Si vous êtes un homme, regardez dans le miroir et vous Le verrez. Et si vous êtes une femme, considérez votre vie et vous Le trouverez. Sortez aujourd’hui et tenez-vous sous le chaud et lumineux Soleil et vous Le verrez et Le sentirez. Le Dieu est le feu qui alimente la création, la force qui insémine les fondements de l’être, et la graine d’où toute vie croît. La matière première des planètes, des comètes et des étoiles, d’où proviennent tous les humains, sont le Dieu, car chaque atome de nos corps était jadis un morceau d’étoile.
Comme la Déesse, le Dieu est la force de vie s’écoulant à travers la création, et Il est présent dans la base de tout être. Il réside à l’intérieur de nous tous et comme la Déesse, il possède de nombreux noms, visages, pouvoirs et dons. Comme la Déesse, le Dieu est, à la fois, un et plusieurs.
Les légendes dominantes au sujet du Divin Masculin, rapportées par l’ancien et le nouveau testaments de la Bible, nous présentent Celui-ci comme un parent absent, seul / un père en colère, ou un fils de Dieu sacrifié. Mais il existe d’innombrables mythes et légendes à propos des Dieux qui ont survécu, et qui nous montrent l’immense palette de qualités que possèdent réellement le Dieu. Il y a des Dieux qui sont fils et amants des Déesses (Tammuz, Adonis), qui sont à tel point présents dans le monde qu’ils sont en réalité une manifestation animale (Herne, Cernunnos, Pan) ou végétale, les vertes plantes sortant de Terre (Tammuz, Baal, l’Homme Vert – greenman -, Mescalito). Il y a des Dieux qui sont aussi bien connus pour leurs activités sexuelles que pour leurs activités guerrières (Mars et Arès).
Mais entre nous et ces autres expériences du Divin masculin, se tient la présence dominante du Dieu avec lequel nous avons été élevés, même si nous n’avons pas grandi dans des maisons religieuses – Yahvé, le Dieu des religions abrahamiques (Judaïsme, Christianisme et Islam. Jusqu’à ce que la Sorcellerie moderne réapparaissent sur la scène religieuse occidentale, le mot « Dieu » évoquait l’image si magnifiquement capturée dans les peintures de Michel-Ange, du plafond de la chapelle Sixtine : un patriarche barbu, au torse puissant, nous regardant de haut depuis son royaume céleste. Lisez la Bible et l’image d’une déité sévère devient plus vive, et plus encore, effrayante. Malgré toute sa sagesse et son divin pouvoir, Yahvé était un dieu auto-proclamé et jaloux, qui a exigé que des animaux soient sacrifiés pour lui et qui frappait violemment quiconque lui désobéissait. Et il a ordonné à ses fidèles à faire de même et pire encore, tout cela depuis son lointain trône, bien loin du monde dans lequel nous vivons et luttons.
Dans un tel contexte, celui d’un Dieu Père vindicatif et distant et de déités païennes patriarcales survivantes, qui ont également supplantées la Déesse, il est facile de comprendre l’avènement du Christianisme. La figure du Christ offre une conception du divin masculin très différente – il est tolérant, clément, miséricordieux, il est l’âme de la bonté. Il est réellement et franchement féminin (en prenant sur lui-même nombre des qualités autrefois attribuées au Divin Féminin à présent éradiqué) et, selon de nombreuses histoires du Nouveau Testament, de façon atypique sympathique aux femmes. Mais comme sa mère Marie, il est aussi sans sexualité, sans humour. Jésus n’est pas espiègle, Jésus ne danse pas et comme son père, il est capable d’entrer dans une colère pharisaïque.
En fin de compte, le Christ est l’incarnation du sacrifice de soi, qui l’élève à la sainteté et au pouvoir de son Dieu Père. Le Christ n’est pas seulement le fils de Dieu, il est lui-même divin. Bien que le symbole de la crucifixion soit une profonde et complexe métaphore religieuse (enracinée, en partie, dans les mystères agraires pré-chrétiens tels que ceux d’Attis, Tammuz, Dionysus et Adonis), je ne peux m’empêcher de me souvenir de ma réaction, petite fille, à la vue du Christ sur la croix. J’ai reculé lorsque j’ai vu les clous plantés dans ses mains et ses pieds, le sang coulant des blessures, d’une entaille sous son cœur et son visage, où une couronne d’énormes épines blessait sa chair. L’image seule me terrifiait et plus je grandissais plus j’étais perturbée par le fait que Jésus était dans cet état à cause de la décision de son père de le sacrifier. Permettre que votre enfant soit violemment sacrifié, même pour une « bonne » cause (en sauvant l’humanité du « pêché »), reste quelque chose de violent et cruel – et vous ne pouvez pas échapper à la dure réalité que cela revient moralement à assassiner son propre enfant.
La crise du père absent et du fils sacrifié est partout présente dans notre culture moderne et ne peut avoir été plus violemment et douloureusement évoquée pour ceux d’entre nous qui ont vécu la guerre du Vietnam. En reflétant les actions de leur Dieu, les hommes ont envoyé leurs fils au massacre plutôt que de travailler à résoudre les problèmes de manière pacifique en Asie du sud-est. Nous avons été élevés avec ce genre d’idées du divin masculin, blessées, brutales, brutalisantes. Comment dépasser la souffrance et l’affliction de la souffrance ? Et, le plus important de tout, comment trouver un Dieu vivant, un Dieu présent qui danse dans la joie et embrasse la vie et la Déesse ? Où est-ce que commence le voyage ?