Wicca

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Retour au menu « Ce qu’a dit Gardner. » Traduction & adaptation : Lune.

Wicca (en réalité Gardner écrivait Wica)

On consigne le folklore, les histoires et les rites religieux des indigènes sur lesquels ceux-ci fondent leurs croyances et leurs actions. Alors pourquoi ne pas faire la même chose avec les sorcières anglaises1 ?

Suite à la publication des livres du Dr. Murray, d’autres personnes ont osé admettre qu’il restait quelques sorcières, mais dirent qu’elles n’étaient que des diseuses de bonne aventure de village, des imposteurs qui ne connaissaient rien au sujet et qu’il n’y avait jamais eu d’organisation, et quiconque pensait autrement avait trop d’imagination. J’étais de cet avis en 1939, lorsque j’ai rencontré, ici en Grande-Bretagne, des personnes qui m’ont forcé à en changer.

Elles étaient intéressées par de curieuses choses, comme la réincarnation, ainsi que par le fait qu’une de mes ancêtres, Grizel Gairdner, ait été brûlée en tant que sorcière. Elles ne cessaient de répéter qu’elles m’avaient déjà rencontré auparavant. Nous avons passé en revue tous les lieux où nous sommes passés et je ne pouvais les avoir rencontrées dans cette vie ; mais elles prétendaient m’avoir connu dans des vies antérieures. Bien que je croie en la réincarnation, à l’instar de beaucoup de personnes ayant vécu en Orient, je ne me souvenais pas clairement de mes vies passées ; j’aurais vraiment aimé pouvoir le faire. Cependant, ces gens m’en ont dit assez pour me faire réfléchir.

Ensuite, certains de ces nouveaux (ou vieux) amis m’ont dit, « tu étais des nôtres dans le passé. Tu es du sang. Reprends ta place. » J’ai réalisé que j’étais tombé sur quelque chose d’intéressant ; mais j’étais à moitié initié quand le mot “Wica” qu’ils ont utilisé m’a foudroyé. Alors j’ai su où je me trouvais et que la Vieille Religion existait toujours. Et donc, je me suis retrouvé dans le Cercle et, là, j’ai prêté le serment usuel du secret qui m’oblige à ne pas révéler certaines choses. J’ai ainsi fait la découverte que le culte des sorcières, que les gens pensaient disparu suite aux persécutions, existait toujours. J’ai découvert également ce qui a poussé tant de nos ancêtres à braver emprisonnement, torture et mort plutôt que de renoncer au culte des Anciens Dieux et à l’amour des anciennes traditions2.

Il reste très peu de véritables sorcières et cela les poussent à rester entre elles. Ce sont généralement les descendantes des familles de sorcières, qui ont hérité d’une tradition préservée durant des générations. En effet, c’est ainsi que la sorcellerie s’est répandue et a été préservée de manière traditionnelle ; les enfants des familles sorcières ont reçu les enseignements de leurs parents et ont été initiés en bas âge3.

Que sont-ils alors ? Ce sont des gens qui se donnent le nom de Wica, “les sages”, qui pratiquent des rites séculaires et qui possèdent, conjointement à beaucoup de superstitions et de connaissance des plantes, un enseignement occulte et des méthodes de travail préservés qu’ils pensent être de la magie ou de la sorcellerie. C’est le genre de personnes qui ont été brûlées vives pour avoir possédé ce savoir, donnant souvent leurs vies pour écarter les soupçons d’autrui. A Castletown, nous avons un mémorial dédié aux neuf millions de personnes mortes sous la torture, d’une façon ou d’une autre, pour sorcellerie.

Les Wica travaillent généralement à des fins bénéfiques et aident au mieux de leurs capacités les personnes en difficulté. Bien entendu, quoique vous fassiez dans ce monde, vous marchez sur les plates-bandes de quelqu’un ; si jadis, une sorcière faisait de bonnes récoltes de blé, les gens se plaignaient car elle faisait chuter les prix. Je pense qu’il est imprudent de fixer les règles sans connaître le sujet4.

La Sorcellerie est simplement le vestige de l’ancienne religion païenne d’Europe Occidentale, remontant à l’âge de pierre. C’était une rivale dangereuse pour l’Église et la raison des persécutions de cette dernière à son encontre5.

La Sorcellerie est un système associant à la fois magie et religion. C’est, en soi, l’indice de son grand âge, car aux temps primitifs, la magie et la religion étaient étroitement liées6.

En Angleterre et partout aujourd’hui, les plus anciennes familles sont des « sorcières » héréditaires ou des « sages », bien qu’elles n’aient, malheureusement, pas conservé de traces de leurs arbres généalogiques7. .

La plupart d’entre eux sont nés au sein du culte, mais parfois des étrangers étaient recrutés parmi ceux qui désiraient acquérir des pouvoirs occultes, ceux qui venaient par curiosité et, je pense, principalement ceux qui étaient tombés amoureux d’un des membres. L’appartenance au culte était synonyme de torture et de mort si l’on était découvert, mais c’était aussi la promesse de certains moments de bonheur, d’une libération partielle des durs labeurs, de repos, de camaraderie et la renaissance pour ceux qui continuaient à aimer ce monde (en fait, la possibilité de bonnes choses dans ce monde-ci et, dans le suivant, celle de s’éviter le purgatoire et l’Enfer.)

Ils croyaient fermement en cela et c’est pourquoi ils prenaient le risque d’initier leurs enfants. Si ceux-ci vous trahissaient, cela signifiait pour vous la torture et la mort. S’ils gardaient la foi, d’autres pouvaient encore les trahir, avec le même résultat. Mais certains d’entre eux pensaient davantage à la vie future et à la promesse : “Si tu restes inébranlable jusqu’au bûcher, des drogues te parviendront, tu ne sentiras rien, mais tu iras simplement trouvé la mort et ce qui s’étend au-delà, l’extase de la déesse8.”

La nouvelle terreur apporta de grands changements et, comme vous ne pouviez accorder votre confiance qu’à vos propres enfants ou parents proches, le culte devint pratiquement une société secrète familiale coupée de tous les autres covens. Ils accomplirent les rites en intérieur ; beaucoup durent être tronqués à cause du manque de monde et nombre de rites furent oubliés. C’est probablement à cette époque que la tenue de registres est devenue une pratique courante chez les sorcières puisque le sacerdoce régulier n’existait plus et que les rites n’étaient plus pratiqués qu’occasionnellement.

Dans tous les écrits des sorcières, il y a cet avertissement, généralement à la première page :

Garde ce livre écrit de ta propre main. Laisse les frères et les sœurs copier ce qu’ils veulent, mais ne laisse jamais ce livre quitter tes mains et ne garde jamais les écrits d’un autre, car si l’on trouve dans leurs mains tes écrits, ils pourraient bien être pris et torturés. Chacun devrait garder ses propres écrits et les détruire quand quelques dangers menacent. Apprends par cœur autant que tu le peux, et lorsque le danger est passé, réécris ton livre. Pour cette raison, si certains meurent, détruis leurs livres s’ils n’ont pas pu le faire, car, si on les trouve, c’est une preuve évidente contre eux. « Tu ne peux être une Sorcière solitaire » ; ainsi tous leurs amis risquent la torture. Ainsi, détruis toute chose qui n’est pas nécessaire. Si ton livre est trouvé sur toi, c’est une preuve nette contre toi. Tu peux être torturé.

« Abstiens-toi de toute pensée à propos du culte, dis que tu as fait de mauvais rêves, qu’un Démon t’as poussé à écrire cela à ton insu. Pense en toi-même, « Je ne sais Rien, je ne me Souviens de rien. J’ai tout oublié ». Tâche de t’en convaincre. Si la torture est trop grande à supporter, dis, « Je me confesserai. Je ne peux supporter ce supplice. Que voulez-vous que je dise ? Dites-moi et je le dirai ». Si ils tentent de te faire parler de la confrérie, ne le fais pas, mais si ils essaient de te faire parler de choses impossibles, comme voler dans les airs, frayer avec le Diable, sacrifier des enfants ou manger la chair humaine, dis, « J’ai fait un mauvais rêve. Je n’étais pas moi-même. J’étais fou ».

« Tous les Magistrats ne sont pas mauvais. S’il y a une excuse, ils peuvent se montrer cléments. Si tu as avoué quelque chose, nie-le par la suite. Dis que tu as balbutié sous la torture ; tu ne savais pas ce que tu faisais ni ce que tu faisais. Si tu es condamné, n’aies crainte. La Confrérie est puissante. Ils peuvent t’aider à t’échapper si tu êtes loyal. SI TU AS TRAHI, IL N’Y A AUCUN ESPOIR POUR TOI, DANS CETTE VIE ET LA SUIVANTE. Mais ce qui est sûr, si tu restes inébranlable jusqu’au bûcher, des drogues te parviendront. Tu ne sentiras rien, et tu iras dans le Royaume de la Mort et ce qui s’étend au delà, l’extase de la Déesse. »

« Fais de même avec les Outils de travail. Qu’ils soient des choses ordinaires que n’importe qui puisse avoir chez lui. Les Pentacles devront être en cire afin qu’ils puissent, tous à la fois, être fondus et brisés. Ne possède pas d’épée à moins que ton rang ne le permette. N’inscris aucun nom ni symboles sur quoique ce soit. Écris-les à l’encre avant de les consacrer et nettoie-les une fois que tu auras terminé. Ne te vante jamais, ni jamais ne menace, ne dis jamais que tu souhaites du mal à quelqu’un. Si quelqu’un parle de l’art, dis, « Ne me parlez pas de telles choses, cela m’effraie, cela porte malheur d’en parler ».

Cela en dit long. Ceci peut dater de l’époque des plus féroces persécutions sur le Continent et avoir été traduit approximativement en Anglais. Le problème de ces documents concerne la loi des sorcières : tout le monde doit copier ce qu’il veut d’autrui, mais aucun des écrits anciens ne peut être conservé. Puisque tout le monde est susceptible de modifier légèrement les choses, en modernisant la langue et en apportant d’autres changements, il est impossible de déterminer la date à laquelle cette pratique est devenue courante. Il est évident que ces documents n’ont pas été écrits en Angleterre. Bien que des évêques aient parfois brûlé des sorcières à cette époque, la pendaison était la seule condamnation à mort légale ici. Ils auraient pu être rédigés en Écosse, mais les écossais auraient formulé cela plus clairement, je pense9.

Travaux cités :

  • Gardner 1 : Gerald Gardner. Witchcraft Today. Lakemont, GA : Magickal Childe, 1954 ; édition de 1988.
  • Gardner 2 : Gerald Gardner. The Meaning of Witchcraft. Lakemont, GA US : Copple House Books, 1959 ; édition de 1988.
  • HMA : Gerald Gardner High Magic’s Aid, London, WC1N 3XX : Pentacle Enterprises, 1949 ; édition de 1994.
  • GGW : Bracelin, J. L. Gerald Gardner :Witch ; Great Britain, Octagon Press, 1960.

1Gardner 1, 18.

2Gardner 2, 10-11.

3Gardner 2, 13-14.

4Gardner 1, 102.

5Gardner 2, 9.

6Gardner 2, 21.

7Gardner 2, 44.

8Gardner 1, 122.

9Gardner 1, 51.