Inscription au cours : Wicca fondation
Par Artus.
Au départ, la wicca était à la fois une société secrète et une religion. Les deux concepts étant opposés, cela a apporté pas mal de confusion dans la wicca. J’avais déjà évoqué ce problème il y a quelques années. Une société secrète est par nature beaucoup plus fermée et figée qu’une religion. La religion est plus vivante, plus libre, destinée à évoluer et à connaître des schismes. Tout cela est encore plus vrai aujourd’hui avec la démocratisation de la lecture et les médias dont nous disposons. Au temps des copistes, il était encore possible de contrôler une religion. Mais l’invention de l’imprimerie a été suivie de près par la réforme protestante.
La wicca des origines a également apporté une autre source de confusion. D’un côté, la wicca est une tradition sorcière. Mais du fait de son héritage occultiste, elle a beaucoup emprunté à la magie cérémonielle. Et cette fois encore, les deux concepts sont opposés. Dans la magie cérémonielle, tout est organisé. Il existe une hiérarchie basée sur des grades, des initiations, des secrets, des serments… La sorcellerie est tout le contraire de cela. Il s’agit en effet d’une approche solitaire, libre et sauvage de la magie. C’est du moins ce qu’elle représente le plus souvent dans l’imaginaire moderne. Car pour les gens qui croyaient aux théories de Margaret Murray, la sorcellerie représentait quelque chose de différent. Mais en anglais, sorcier se dit « warlock », ce qui signifie « briseur de serments ».
Gerald Gardner était un magicien cérémoniel bien plus qu’un sorcier. Il était en effet très attaché à la pratique en groupe, aux initiations, aux secrets… D’ailleurs il ne se reconnaissait pas en tant que warlock mais en temps que witch, même si l’usage masculin de ce mot est désuet. Cette vision de la sorcellerie basée sur le groupe, les initiations et les secrets a très rapidement été remise en question, y compris par Doreen Valiente qui était pourtant au cœur de la tradition. Scott Cunningham qui a popularisé la wicca a continué dans cette logique. En contredisant les théories de Murray, les historiens ont également fait pencher la balance dans le sens d’une sorcellerie solitaire. Mais j’ai le sentiment qu’encore aujourd’hui la notion de sorcellerie reste confuse. C’est pour cela que certaines personnes se sentent obligées de préciser les choses, avec par exemple le concept d’hedgewitch.
La magie cérémonielle possède quelques avantages. La pratique spirituelle implique certains dangers et la magie cérémonielle propose, en théorie, une structure progressive pour mieux l’aborder. Mais bien souvent, elle se transforme en piège. Le néophyte attiré par la pratique en groupe cherche avant tout un moyen pour aller vers les autres. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Mais comme son intention n’est pas la bonne, cela le détourne de la vie spirituelle. La magie cérémonielle constitue également un piège pour « l’initié ». Est-il aussi initié qu’il le croit ? Connaît-il vraiment le chemin sur lequel il doit guider les néophytes ? Sa tradition a-t-elle été créée par quelqu’un qui comprenait l’intérêt de la structure initiatique ? Ou cette tradition est-elle seulement la manifestation de la vanité de son créateur ?
De son côté, la sorcellerie se pratique sans filet. Chacun est seul face à ses responsabilités. Cette approche est peut-être plus dangereuse. Mais elle est aussi plus naturelle. Et elle comporte bien moins de risques de se perdre. Il est souvent dit que le seul véritable maître se trouve à l’intérieur. La sorcellerie ne laisse pas d’autre choix que de découvrir rapidement cette réalité. Le maître intérieur est la raison. Une personne qui apprend à observer les événements avec le recul de la raison se relèvera rapidement malgré les difficultés. Et elle évitera de répéter constamment les mêmes erreurs.
Mais est-ce que tout cela a encore du sens à notre époque ? Aujourd’hui, avec l’abondance d’informations dont nous disposons, nous vivons dans une ère de sorcellerie. Cela est vrai même pour une personne qui ne se sent pas proche de l’imaginaire sorcier. Les enseignements des sociétés secrètes sont largement diffusés sur internet. Lorsque quelqu’un en crée une nouvelle, c’est toujours un copié-collé plus ou moins réussi d’autres traditions. Si bien que le néophyte moderne a toujours plusieurs longueurs d’avance sur ce qu’on lui enseigne. Il est libre de choisir son chemin et de faire ses erreurs.