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Par Doreen Valiente. Extrait du livre : « An ABC of Witchcraft past and present ». Traduction & adaptation : Lune.
Le balai est devenu le compagnon traditionnel de la sorcière et le destrier enchanté de ses vols nocturnes, sauvages et impies, à travers les airs. Même Walt Disney a rendu hommage à ce personnage magique et légendaire dans son film « Fantasia », lorsqu’il a dessiné Mickey Mouse sous les traits d’un apprenti sorcier, doté d’un balai ensorcelé ne faisant que trop bien son travail.
Toutefois, le balai n’était qu’un des moyens supposément utilisés par les sorcières pour voler dans les airs (voir bune-wand). Son apparition fréquente dans le folklore semble indiquer qu’il possédait une signification particulière.
Il a en fait une signification phallique. Selon la croyance populaire du Yorkshire, il était malchanceux pour une célibataire d’enjamber un balai, car cela signifiait qu’elle serait mère avant d’être une épouse. Dans le Sussex, le mât de mai, qui était un symbole phallique, était autrefois surmonté d’un grand balai de bouleau. « Besom » (ndlt : besom est un terme en anglais pour balai) est un terme dialectal pour désigner une femme impudique et immorale.
Les expressions « to marry over the broomstick », « jump the besom » (ndlt : littéralement, « se marier au-dessus du balai », « sauter par-dessus le balai »), correspondaient à une forme ancienne de mariage irrégulier, au cours duquel les deux parties sautaient par-dessus un balai, pour signifier leur union libre. Lors des cérémonies de mariage gitan, les mariés sautent par-dessus un balai, en arrière et en avant ; preuve supplémentaire de la connexion du balai avec le sexe et la fertilité.
Dans un vieux livre aussi curieux qu’intéressant, « A Dictionary of Slang, Jargon, and Cant », d’Albert Barrère Charles Godfrey Leland (Londres, 1899 et 1897, également Gale Detroit, 1889), il nous est dit que « broom-handle » (ndlt : manche à balai) était un terme d’argot de l’époque pour désigner un « gode » ou pénis artificiel ; et les parties génitales féminines étaient connues vulgairement sous le nom de « the broom » (ndlt : balai). To « have a brush » (ndlt : littéralement « avoir un balai ») signifiait avoir des rapports sexuels. Ceci jette une lumière considérable sur la véritable signification du balai dans les rituels de sorcières, ainsi que dans les anciennes danses populaires, au cours desquels il joue souvent un rôle.
À l’origine, le balai domestique était un bouquet de genêt à balais, planta genista, noué autour d’un bâton. “Broom ! Green broom !” était un cri des rues d’antan, utilisé par les vendeurs de bouquets de plantes à balai. La planta genista était l’insigne de la famille des Plantagenêts, dont le nom provient. Selon la rumeur, ils préféraient l’ancienne religion.
Pendant une période de l’année, le genêt à balais portait malchance. Le vieil adage dit :
Si tu balaies la maison avec un balai fleuri en mai, tu élimineras de même le maître de la maison.
Ceci peut peut-être avoir certains liens avec d’anciens rites sacrificiels du début de l’été.
Parfois, on considérait le balai comme possédant le pouvoir de repousser les sorcières ; peut-être avec l’idée de retourner contre elles leur propre magie. En tout cas, un balai placé en travers du seuil d’une maison était censé empêcher les sorcières d’entrer.
Un balai peut également être un symbole de chance. Lorsque des modifications ont été apportées à une vieille maison de Blandford dans le Dorset en 1930, un balai fut retrouvé emmuré dans la structure. Il fut reconnu qu’il avait été placé là pour porter chance et il fut autorisé à demeurer dans sa cachette.
Ces significations supplémentaires sont en accord avec sa signification phallique. Les choses symboles de sexe sont des symboles de vie, et donc elles portent chance et protègent du mauvais œil.
Dans « Discoverie of Witchcraft » (ndlt : La sorcellerie démystifiée) de Reginald Scot, (Londres, 1584, et, édité par Hugh Ross Williamson, Centaur, Southern Illinois University Press, 1964), l’auteur dit des sabbats de sorcières :
À ces assemblées magiques, les sorcières ne manquaient jamais de danser ; et au cours de leur danse, elles chantaient ces paroles :
« Har, har, diable, diable, danse ici danse là, joue ici joue là, Sabbat, sabbat ».
Et pendant qu’elles chantaient et dansaient, chacune avait dans sa main un balai et le tenait en l’air.
Il cite les descriptions de rites de sorcières données par le démonologue français, Jean Bodin. D’après d’autres descriptions, il semble que les sorcières exécutaient également une sorte de danse avec des sauts, à cheval sur des bâtons ; et si des balais étaient utilisés dans ce but également, alors il est facile de comprendre comment cette danse, combinée à l’expérience des sorcières de visions sauvages et de rêves de vols dans les airs, en état de transe magique, a donné naissance à l’image populaire des sorcières volant sur des balais.
Lorsque les balais ont commencé à être fabriqués dans des matériaux plus durables que le genêt à balais, la combinaison habituelle de bois fut :
- des brindilles de bouleau pour la brosse,
- un bâton de frêne pour le manche
- et de l’osier pour lier les deux.
Cependant, dans la région de la forêt de Wyre, dans le Worcestershire, les bois traditionnels sont :
- les brindilles de chêne pour la brosse […] ;
- le noisetier pour le bâton ;
- et le bouleau pour nouer les deux.
Ces trois arbres portent chacun de nombreuses significations qui leur sont propres et figurent parmi l’ancien alphabet druidique des arbres de la Grande-Bretagne antique. Le frêne est un arbre sacré et magique ; le chêne est le roi des bois ; le noisetier est l’arbre de la sagesse ; le saule est l’arbre de la magie lunaire ; et le bouleau est un symbole de purification.