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Extrait de : ABC of Witchcraft, par Doreen Valiente. Traduction & adaptation : Lune.
Ndlt : Aujourd’hui malheureusement, certains arbres à encens ou au bois odoriférant sont en danger d’extinction, comme le boswellia dont on extraie l’oliban, ou l’aquilaria crassna dont on tire le bois d’aloès, ou le sang-de-dragon, ou encore le palo santo… Renseignez-vous et préférez-leur des végétaux qui ne sont pas sous le joug de cette menace et mieux encore des substituts locaux que vous cultiverez vous-même ou récolterez dans la nature de façon éthique. Idem pour les parfums d’origine animale, choisissez-les en conscience, avec éthique.
L’un des plus anciens rites religieux et magiques consiste à brûler de l’encens. Les Égyptiens de l’Antiquité en faisaient grand usage et des recettes d’encens, composées de gommes aromatiques et d’autres substances parfumées issues de la nature, ont été découvertes dans leurs papyrus.
A l’origine, l’encens et le parfum semblent avoir été une seule et même chose, car le mot « parfum » vient du latin pro fumum, « à l’aide de la fumée ». La fumée parfumée qui s’élevait au-dessus des autels anciens était un moyen de transporter les prières et les invocations. Elle était également un sacrifice agréable aux puissances invisibles.
L’encens a une troisième fonction tout aussi importante : à savoir, son puissant effet sur l’esprit humain. Les parfums de toutes sortes ont une influence prompte et subtile sur les émotions. Leur charme agit non seulement sur l’esprit conscient, mais aussi à des niveaux plus profonds de l’inconscient. Ici, leur impact peut être évocateur, voire troublant. Personne ne pourrait mieux le savoir que les représentants de la magie du temps jadis : il s’agit en grande part de ce qu’aujourd’hui nous appellerions de la psychologie pratique.
L’atmosphère créée par l’encens et la lumière des bougies peut transformer une pièce ordinaire en un antre mystérieux, un autel où des puissances étranges peuvent se manifester. Si vous souhaitez pratiquer la magie, alors vous devez créer une atmosphère, mentalement et physiquement, dans laquelle la magie peut agir.
De curieux petits récipients de forme ronde, poteries épaisses dotées de perforations sur leur pourtour, ont été découverts dans des tumulus de la plaine de Salisbury, près de Stonehenge. Les archéologues pensent qu’ils ont été conçus dans le but de brûler de l’encens et leur ont attribué le nom de « coupelles à encens ». Si cela est correct (et il est difficile de voir à quoi d’autre ils auraient pu servir), alors la fumigation d’encens est pratiquée en Grande-Bretagne depuis des temps très anciens.
L’encens, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est de deux sortes et toutes deux sont utilisées par les occultistes et les sorcières. Tout d’abord, il y a l’encens que l’on allume et qui se consume tout seul, comme les bâtons et les cônes. Ensuite, il y a l’encens qui nécessite une substance déjà en combustion, habituellement un charbon ardent, sur lequel il est parsemé.
Ce dernier type d’encens est généralement beaucoup plus puissant et dégage un plus grand volume de fumée, toutefois le premier type d’encens est plus facile à manipuler. La popularité de l’encens s’est beaucoup accrue ces dernières années et de nombreuses variétés de bâtonnets et de cônes d’encens sont maintenant importées d’Orient. La meilleure façon de brûler des bâtons ou des cônes d’encens est celle des peuples orientaux : procurez-vous un bol en métal ou en terre cuite bien épais, remplissez-le aux trois quarts de sable fin, puis enfoncez le bâton ou le cône bien droit dans le sable. Évidemment, les cônes resteront bien stables sur le sable et si les bâtonnets ont été suffisamment enfoncés pour rester fermement en place et bien droits, ils brûleront correctement, en toute sécurité, joliment et leurs cendres tomberont sur le sable, sans se répandre partout.
Pour le type d’encens plus puissant qui est brûlé sur un charbon, on peut se contenter d’utiliser un bol rempli de sable si on ne possède pas d’encensoir ou de brûle-parfum. Mais, il est préférable et plus sûr de se procurer un encensoir, ou une cassolette comme on l’appelle parfois.
Le charbon peut s’acheter dans des magasins de fournitures pour les églises et se présente sous la forme de petits cubes, vendus par boîte. Ce genre de boutique vend aussi généralement le meilleur type d’encens, à savoir celui qui se compose de gommes aromatiques. Il peut paraître un peu étrange que des sorcières fréquentent ce genre de magasins, mais je peux assurer les lecteurs qu’elles le font, simplement parce qu’elles recherchent de l’encens de la meilleure qualité et au parfum le plus suave.
Ce genre d’encens, réalisés à partir de gommes-résines qui ont été broyées et mélangées, ressemblent assez à du fin gravier. En plus d’un encensoir, il vous faudra une cuillère en métal pour verser l’encens. Ce type d’encensoir appelé thuribulum est un encensoir suspendu, à chaînettes, assez difficile à manier pour un débutant. Je recommanderais plutôt l’usage d’un brûle-encens indien ou arabe dont le couvercle est conique, avec une cassolette qui repose sur des pieds et, de préférence, avec un plateau métallique à sa base. Ce dernier est utile si l’on veut encenser le tour du cercle magique, car le brûle-encens deviendra très chaud au toucher au bout d’un certain temps, à moins qu’il soit doté d’un dispositif pour le porter.
Une petite paire de pinces est également utile si l’on souhaite ouvrir le couvercle de l’encensoir pour le remplir de nouveau, lorsque le couvercle devient trop chaud, et aussi pour manipuler les blocs de charbon sans se salir ni se brûler les doigts.
Si l’encensoir est grand, c’est généralement une bonne idée de mettre un peu de sable dans la cassolette pour y déposer le charbon. Ensuite, on allume le bloc de charbon et on le place dans l’encensoir. Le charbon dit autocombustible, auquel un peu de salpêtre a été ajouté afin qu’il brûle plus facilement, est le plus simple à manipuler. Une fois que le charbon ou sa majeure partie a commencé à rougeoyer, il est prêt à recevoir l’encens et on peut remettre le couvercle sur l’encensoir. Ensuite, des spirales bleues de fumée parfumée s’élèveront lentement, pour former des couronnes dans la pièce, tournoyer, tournoyer et s’évanouir, saturant l’air de leur riche parfum.
La plupart des gommes-résines qui composent ce type d’encens sont récoltées sur les arbres qui poussent dans les pays tropicaux du monde entier. Les Égyptiens de l’Antiquité avaient l’habitude d’envoyer régulièrement des expéditions dans les autres régions d’Afrique, pour se procurer les gommes-résines et les riches épices dont ils avaient besoin, pour l’encens et l’embaumement. La gomme appelée myrrhe était particulièrement recherchée par eux.
Les autres gommes-résines employées depuis des temps immémoriaux sont l’oliban, le galbanum, l’opoponax, le benjoin, que l’on appelait gomme Benjamin à l’époque médiévale, le storax et le mastic.
Les bois odoriférants sont également utilisés dans les mélanges d’encens. Le bois de santal est particulièrement prisé, il en est de même pour le bois d’aloès ou bois d’agalloche comme il est souvent appelé dans les vieilles recettes. Le bois de cèdre et le bois de myrte sont souvent employés. Pour ces bois et autres ingrédients végétaux, la pratique habituelle est de les faire sécher et de les réduire en poudre ou tout au moins en petits copeaux.
L’odeur végétale la plus forte du monde des senteurs est celle obtenue à partir des feuilles de patchouli. Le véritable parfum de patchouli (à ne pas confondre avec l’huile de patchouli) est l’une des senteurs les plus puissantes et évocatrices au monde. Comme le musc, il a la réputation bien méritée d’être aphrodisiaque. Les feuilles de patchouli séchées et réduites en poudre sont parfois ajoutées à l’encens.
Il en va de même pour la cannelle en poudre. D’ailleurs, on a constaté que cette épice fait un bon encens et que lorsque l’on en brûle un peu sur un charbon, celle-ci facilite la méditation et la clairvoyance. C’est une épice facile à se procurer. Les graines de cardamome sont également épicées et parfumées lorsque brûlées. Le lecteur qui souhaite en faire l’expérience pourra tenter de découvrir par lui-même plantes et épices, et ainsi réaliser ses propres mélanges, à présent qu’il est possible de se procurer aisément de telles choses dans la plupart des grandes épiceries, grâce au grand intérêt porté de nos jours aux herbes et condiments. Toutefois, il pourra constater que le parfum dégagé lors de la combustion d’une substance sera souvent différent de celui qu’elle possède dans son état originel. Certaines autres substances végétales qui émettent un parfum sont le macis, qui est l’écorce interne de la noix de muscade, la racine d’iris (disponible en herboristerie), le safran et le clou de girofle.
Les principaux parfums issus du règne animal sont le musc, l’ambre gris et la civette. Le musc provient du porte-musc qui est chassé dans l’Himalaya. L’ambre gris est une substance expulsée de l’estomac des grands cachalots et qui ressemble à de l’ambre de couleur grise, d’où son nom. La civette provient d’un animal africain du même nom (ndlt : autrefois également appelé chat musqué). Toutes ses substances sont très onéreuses et, à l’état naturel, sont loin d’avoir une odeur agréable. Elles nécessitent d’être traitées par un parfumeur qualifié, mais on les retrouve parfois en mélange dans de coûteux encens orientaux.
D’innombrables auteurs ont fourni des listes d’encens différents à des fins magiques diverses (la plupart contradictoires). La meilleure solution pour l’aspirant à la pratique magique consiste probablement à expérimenter sur lui-même les effets psychologiques de divers parfums. Ensuite, il pourra constituer sa propre liste de parfums, en les classant en fonction de leurs correspondances et leurs domiciles astrologiques. Par exemple, il pourrait considérer que le bois de santal convient aux travaux de Vénus, l’oliban à ceux du Soleil, le bois d’aloès à ceux de la Lune, etc. Comme pour la plupart des questions qui relèvent de la magie, une once d’expérience pratique a bien plus de valeur que l’apprentissage dans des tonnes de livres.