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Dans un précédent article, j’affirme que l’on peut envisager le divin sous trois formes différentes. Vous vous demandez probablement pourquoi je pense cela, sur quoi je me base et à quoi cela sert concrètement. Toujours dans ce précédent article, j’évoque aussi le fait que la dimension religieuse de la wicca est de plus en plus souvent mise de côté. Ce phénomène est assez nouveau et j’ai le sentiment que la « nouvelle génération » n’a pas envie de croire ce qu’on lui dit de croire. C’est finalement plutôt une bonne chose. Pourquoi adopter une croyance qui ne confirme aucune de nos expériences ? Dans cet article, j’envisagerai donc la religion sous un angle purement expérimental.
Tout d’abord, il est possible de méditer sur l’amour. Il suffit de se focaliser sur son cœur et d’aimer. De nombreuses personnes parlent d’amour dans un contexte spirituel. C’est souvent uniquement une histoire qu’elles se racontent. Cela ne se passe pas dans le cœur. Et c’est rapidement assez ridicule. Ici, je ne vous parle pas d’histoires. Mais d’une expérience plus profonde qu’il est possible de vivre après une pratique assidue. L’amour permet d’unir ce qui est séparé et lorsque nous mettons suffisamment d’amour dans tout ce que nous observons, l’observateur et l’observé ne font qu’un. Nous avons le sentiment que la conscience qui nous anime se retrouve en chaque chose. Nous avons le sentiment de toucher à l’absolu et à l’éternité.
C’est de cette expérience que vient l’idée d’une conscience universelle et du divin absolu. Cette vision du divin peut sembler monothéiste. Mais en Occident, elle a été exprimée pour la première fois dans la Grèce antique polythéiste. Dans l’hindouisme, on retrouve également la notion d’Ishvara pour décrire cette expérience. On retrouve ce concept dans différentes formes de wicca sous différents noms.
Cette manière d’appréhender le divin semble abstraite pour notre conscience ordinaire. Il n’est pas forcément facile de se poser chaque jour, de se concentrer sur son cœur et d’aimer sans destinataire pour focaliser notre amour. C’est là qu’intervient la mythologie. En donnant un visage au divin, cela devient un objet de focalisation. Cette fois encore, de nombreuses personnes utilisent la mythologie pour se raconter des histoires, mais il ne se passe rien dans leur cœur. L’intérêt de mettre un visage sur le divin est de pratiquer la dévotion. Il est également commun de passer à côté du fait que les figures divines ne sont que des intermédiaires vers quelque chose de plus grand. C’est ce qu’on appelle l’idolâtrie.
Et enfin, il est également possible d’envisager le divin panthéiste, présent en chaque chose. C’est aussi une manière de donner un visage au divin pour le rendre plus accessible. Par exemple, la nature peut devenir un objet de vénération.
Ces trois manières d’envisager le divin ne sont pas séparées. Elles peuvent s’unir dans une même pratique. Dans la wicca, on peut penser au grand rite. Comme il n’y a pas beaucoup de réflexions sur le grand rite, je vais faire le parallèle à l’union sexuelle telle qu’elle peut être pratiquée dans le shivaïsme.
Dans un premier temps, l’homme se prépare avec des dévotions à Shakti. La femme de son côté se prépare avec des dévotions à Shiva. Il s’agit alors de divin mythologique. Lors de l’union proprement dite, l’homme pratique la même dévotion, en envisageant sa partenaire comme étant l’incarnation de Shakti. Et la femme envisage son partenaire comme étant l’incarnation de Shiva. Cette fois-ci, il s’agit de divin panthéiste. Et bien entendu, le but de cette pratique est d’atteindre l’union avec l’absolu. Donc les trois niveaux de divin sont présents dans une même pratique.
Je parle d’union sexuelle dans un contexte hétérosexuel parce que c’est ainsi que l’envisage la tradition. Mais en réalité, seul l’amour compte et ce genre d’union peut être atteint sans aucun contact physique. Nous contenons tous les deux polarités et il est également possible d’atteindre cette même expérience entre partenaires du même sexe.
J’espère que cet article aura rendu l’expérience du divin un peu moins abstraite. De nombreuses personnes ont une vision floue du divin parce qu’elles ont une expérience floue. Et ces personnes vous disent de croire ceci ou cela, parce que dans la wicca, c’est comme ça. Mais la wicca repose sur « la certitude et non la foi » (cf. la charge de 1949).
Cet article ne constitue qu’une introduction. Le sujet est bien entendu plus complexe. Par exemple, l’intérêt de la mythologie n’est pas uniquement la pratique de la dévotion. Il faut aussi prendre en compte la dimension cathartique des histoires. Le sujet de l’amour est également assez complexe. Généralement, nous envisageons l’amour comme un commerce. Si je crois que l’autre me ressemble ou s’il comble certains de mes besoins, je vais « l’aimer ». Et dans le cas contraire, je vais le délaisser ou le rejeter. Lorsqu’on parle d’amour dans un contexte spirituel, c’est finalement assez différent du concept ordinaire que tout le monde connaît.