Amulettes

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Amulettes
Par Véro, d’aprés E. Hoffmann-Krayer, H. Bächtold-Stäubli, 1932.

Le mot  » amulette  » n’est entré dans le langage en France qu’au 16ème siècle, et en Allemagne au 18ème. Une amulette est un objet de petite taille, empli de pouvoirs, et qui est efficace à l’endroit où elle est suspendue ou rangée. Un talisman est souvent de plus grande taille. Une amulette peut soit éloigner les mauvais esprits ou les mauvaises ondes, ou bien elle peut être un support magique pour obliger quelqu’un à faire quelque chose, elle peut aussi augmenter la puissance de celui qui la porte, ou encore elle peut augmenter la puissance d’une divinité à qui elle aurait fait plaisir (offrande).

Aujourd’hui on porte des vêtements pour se protéger contre les intempéries, mais aussi pour des raisons psychologiques (si on se sent bien dans ses vêtements on est plus sûr de soi) ou pour impressionner „l’autre“ ou pour attirer (sexuellement) „l’autre“. De toutes les façons on peut y voir une forme de magie.

Aux temps préhistoriques on se vêtait de la peau des animaux qu’on avait chassés, on portait parfois en bijou des parties des ennemis qu’on avait tués, tout cela pour s’attribuer une partie de la puissance des victimes, on portait des parures végétales, ou des pierres, pour s’attribuer une partie de leurs vertus, on se peignait ou se tatouait le corps pour augmenter sa puissance.

Il faut voir là des formes d’amulette, le bijou (la parure) primitif était une amulette. Les colliers composés de dents d’animaux, de poils ou de plumes étaient autant de moyens de protection et d’augmentation de la puissance du porteur.

L’avènement du christianisme a fait que ces amulettes ont été remplacées petit à petit par des reliques, des images saintes, des scapulaires. Pourtant il arrivait que des prêtres catholiques portassent des amulettes magiques „non chrétiennes“. Les protestants n’ont pas d’équivalent à l’amulette, d’équivalent chrétien j’entends. Toutefois les peuples protestants reconnaissent l’efficacité des amulettes (et parfois celles ci ont été bénies par des prêtres catholiques ou des moines). En Allemagne l’église avait fort à faire dans sa lutte contre les amulettes car le passé germain avait amené avec lui son lot de runes. Au Moyen âge circulaient des modes d’emploi permettant de fabriquer des amulettes (Arnold de Villanova 13ème siècle – Agrippa de Nettesheim) On peut comparer ces écrits à ceux plus récents de Laarss. Aux 16ème et 17ème siècles la fabrication d’amulettes était devenue une petite industrie.

Une amulette peut donc être faite de beaucoup de choses :

  • parties du corps humain (cheveux, ongles, os, sang menstruel, cordon ombilical, …)
  • représentation de parties du corps humains (phallus, vulve, langue)
  • plantes, pierres, métal,
  • monnaies étrangères,
  • pierres préhistoriques, pierres de foudre,
  • fils, nœuds.

Et puis il y a toutes les amulettes qui sont des petits textes écrits, ou des dessins sur papier. Dans ces cas leur magie réside dans la magie inhérente aux lettres, aux chiffres, aux mots, noms ou paroles, qui, une fois notés sur le papier, lui conféreront leur magie. Même des mots étrangers et incompréhensibles pourront emplir cet office. Hormis les images saintes il y a la double hache, la croix, le pentagramme, les cornes, la lettre T. Dans un autre style les livres de prières, que ce soit la Bible ou des livres de magie peuvent être des amulettes.

Et puis il y a les amulettes composites. C’est à dire faites de divers composants. On a trouvé dans une tombe de l’âge de bronze une pochette de cuir contenant une queue de vipère, un coquillage, un bout de bois sculpté, une perle d’ambre, un bout de pierre rouge, des éclats de silex, une serre d’aigle, une mâchoire d’écureuil, et diverses pierres dans une vessie. On trouve le même genre d’amulette au Congo ou en Turquie. Sans doute le défunt a-t-il collecté durant son existence divers objets auxquels il reconnaissait un réel pouvoir.

A l’heure actuelle les amulettes sont surtout là pour porter chance. Ainsi les rameaux bénis, si on les coud dans un coin du lit des mariés, leur porteront chance et prospérité. La puissance des rameaux est donc transmise au lit.

De même une amulette fixée au lit d’une femme qui accouche, ou portée par elle, ou par la femme enceinte, ou fixée au lit d’un malade, éloignera les démons, les sorcières, les maladies.

On peut porter une amulette toute sa vie, ou bien seulement à des occasions particulières (naissance, mariage, maladie, pendant la guerre, sur le chemin de l’église si on se marie) Elles apportent aussi leur aide pour lutter contre le mauvais temps ou la foudre. On en met même dans la tombe des défunts. Il arrive qu’on en fasse porter aux animaux.

On peut protéger sa maison, sa grange, son étable avec des amulettes, ou avec des écrits directement portés sur les façades ou les portes. Ainsi les lettres CMB sur la porte de la grange (Caspar Melchior Balthazar) sont une forme de protection. De même clouer une tête de cheval ou une chauve souris sur la porte de la grange.

On peut manger une amulette. Soit on met l’amulette à tremper dans un verre d’eau, elle lui transmet sa force, et on boit cette eau ensuite. Soit on pulvérise l’amulette pour l’ingérer. On peut aussi l’avaler tout rond si elle est en papier. On peut embrasser une amulette et s’accaparer ainsi sa force.

On peut faire de l’amulette, par des mots, ou des dessins, ou autre chose, une représentation de ce qu’on attend d’elle. Ainsi dans une région montagneuse fait on porter aux petits enfants une tête de souris (il faut l’arracher avec les dents à une souris vivante, âmes sensibles s’abstenir) afin de l’aider à percer ses propres dents.

"Pain de fée"
« Pain de fée »