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L’Arbre de Mai
Par Véro © 2006
Ainsi que je le disais dans le post sur les moissons, nous sommes de grands voyageurs, et, alors que nous voyions des carrés de blés non récoltés, nous voyions aussi, à d’autres périodes, des arbres de mai dans les cours et sur les places des villages en Allemagne.
Là-bas, on l’appelle Maibaum (arbre de mai), Maistange (poteau de mai) ou simplement Maie.
Il est composé d’un tronc généralement écorcé, qui peut atteindre 50 mètres, ceint à son sommet d’une couronne et d’un gros bouquet (parfois ce peut être un petit sapin qui fait office de bouquet).
Tel qu’on le connaît aujourd’hui, il n’existe en fait que depuis le 16ème siècle et il a été surtout popularisé à la fin de la seconde guerre mondiale via la propagande nazi qui en avait fait un symbole du réveil de la nature. Il était tombé en désuétude et est revenu sur le devant de la scène dans les années 70.
On l’appelle « arbre de mai » mais il peut aussi être érigé à la Pentecôte ou à la Saint Jean d’été. D’ailleurs, en Suède, c’est le mittsommerbaum : l’arbre du milieu de l’été.
En des temps plus anciens (13ème au 18ème siècles), il a connu bien des déboires : d’un côté les soldats voulaient que la tradition soit sauvegardée car, qui disait érection d’arbre de mai disait bière gratuite, mais parallèlement à cela l’église voulait s’en défaire car il s’agissait bien d’une tradition païenne (on l’aurait rapprochée des menhirs, mais aussi des poteaux centraux des yourtes et de l’arbre qui permet aux chamans d’accéder au monde d’en-haut), et les propriétaires des forêts auraient aimé que cela cesse, mais les jeunes hommes qui fabriquaient les-dits arbres voulaient que cela continue car ils étaient les héros de toute l’affaire.
Il y avait donc l’arbre du village, celui qu’on dressait en son centre. Le jeu consistait à aller voler celui du village voisin et à demander une rançon (payable en bière). Donc il y avait des groupes dévolus à la surveillance du mat. Si malgré toutes les précautions l’arbre était volé et que par le plus grand des hasards personne ne le réclamait, ceux qui l’avaient subtilisé le dressaient dans leur propre village, mais il devenait alors le schandbaum, l’arbre de la honte ! L’arbre de honte, au lieu d’être couronné de verdure, l’était d’un balai. Il était toutefois interdit de s’en prendre physiquement aux gardiens du mat. Et l’arbre lui-même devait être volé sans être abîmé. Qu’un gardien posât la main sur le mat et il devenait aussitôt tabou.
Cet arbre devait rester en place pendant tout le mois. Avant d’être érigé, il était promené triomphalement dans tout le village. Dans certains endroits, on fabriquait tous les ans un nouveau mat, dans d’autres on réutilisait le même mat et durant le reste de l’année on l’immergeait dans un cours d’eau. Si durant la période d’érection le tronc avait des rejets, cela annonçait des « événements » à venir.
Il y avait donc ces arbres « communaux » et puis il y avait ceux qu’on plantait dans son jardin, ou dans celui du voisin. Si on le plantait chez le voisin c’était en général un arbre de honte qu’on lui dédiait. Or, comme personne n’aurait voulu être ainsi désigné, tout le monde se levait extrêmement tôt ce matin du 1er mai afin d’ôter éventuellement toute trace de honte devant chez soi, mais aussi de vérifier quel autre voisin aurait été concerné !
Et comme l’amour est également une valeur universelle, les jeunes hommes célibataires profitaient de cette nuit de Walpurgis pour fabriquer des cœurs en roses et en rubans qu’ils plaçaient sous la fenêtre de leur aimée. Il veillaient là durant toute la nuit afin d’éviter les vols. Dans d’autres régions, ils fabriquaient un petit arbre de mai (en bouleau bien souvent) qu’ils plaçaient dans le jardin de l’aimée.
La nuit de Walpurgis vient de Sainte Walpurga (qui tombe fort à propos), sainte patronne des fermières et des employées de maison. Elle est aussi la protectrice des arts magiques. Durant cette nuit, donc pendant que les sorcières étaient au sabbat, les jeunes hommes (du moins ceux qui ne veillaient pas leur cœur en roses et rubans) faisaient des farces : décrocher les volets des maisons et les portes des granges, déplacer les objets, les brouettes, les outils agricoles, barricader les portes des fermes avec des planches ou un tas de fumier, dérouter l’eau du puits pour qu’elle entre dans les maisons…. Aujourd’hui la tradition perdure, mais ils s’en prennent aux voitures, aux panneaux routiers, aux meubles de jardin !
- Particularité du premier Mai en Suisse :
On essaie de faire revivre un rite de fécondité très ancien pour le premier Mai : on porte des ours de Mai (Maibären) dans les rues de Bad Ragaz. Ils sont faits d’assemblages de feuillage et de bois auxquels on ajoute des rubans multicolores. Puis on précipite ces ours dans les eaux tumultueuses de la Tamina.
Les traditions sont loin de tomber dans l’oubli à Soultzbach-les-Bains. C’est ce que l’on constate tout particulièrement à la fin juin quand on fête saint Jean-Baptiste. A la Saint-Jean, nombreux sont les feux qui s’allument sur le versant alsacien des Vosges. Mais dans ce domaine, Soultzbach-les-Bains est unique. Les visiteurs auront l’occasion, le 1er juillet prochain, d’assister à cette fête que les conscrits préparent depuis des semaines pour faire revivre les anciennes coutumes. La veille, ils érigent sur la colline du Rebberg un grand sapin : le « maïa« , non loin de là est installé le bûcher. Les jeunes filles de la classe confectionnent pour chacun des conscrits un chapeau couvert de roses et chacune de rivaliser pour présenter le plus beau ! On verra ces jeunes, coiffés du chapeau aux roses, foulard autour du cou, traverser les rues du village, accompagnés des jeunes filles de leur âge, puis monter au Rebberg. Le « Maïa » sera alors allumé et à ses flammes les conscrits allumeront leurs torches. Puis ils contourneront la colline en brandissant leurs torches et les jeunes filles allumeront le grand feu. L’on verra ensuite la traversée du feu trois fois par les conscrits et une fois par les « Maïaläscher« . Un grand feu d’artifice précédera le retour au village où les conscrits exécuteront la ronde traditionnelle à proximité de l’église Saint-Jean-Baptiste
Après le charivari de Carnaval, place au cortège du Frileux de Pentecôte, ou « Pfingstpflitteri », pour en finir avec les fêtes du renouveau. Montés sur des chevaux de trait, autres vedettes de la journée, les hommes sauvages qui accompagnaient le Frileux ont parcouru l’Écomusée d’Alsace, suivi par une foule nombreuse de visiteurs. Au vert. — Vêtu de feuilles et de branches, le malheureux est condamné par la population pour assurer les bonnes récoltes de l’été qui arrive. La légende du Frileux de Pentecôte remonte aux temps jadis, personnage fêté plus particulièrement à Baldenheim, petit village du Ried près de Sélestat. Lorsque les villageois ont arrêté de célébrer le Frileux, le cortège s’est installé définitivement au parc d’Ungersheim il y a une dizaine d’années. Au sec. — Pour s’assurer de bonnes récoltes estivales, la populace sacrifie le Frileux en le jetant dans la fontaine du village. Mais une fois n’est pas coutume : les conscrits ont jeté le malheureux du haut du pont de la scierie, parce que la fontaine était à sec.