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Par Artus.
Avec le développement des réseaux sociaux il y a une dizaine d’années, notre manière d’utiliser internet a radicalement changé. Avant nous avions plutôt tendance à chercher l’information par nous-mêmes et à creuser dans des domaines qui nous intéressent. Aujourd’hui, nous utilisons internet avec beaucoup plus de passivité.
Le problème est que nous avons tendance à passer constamment d’un sujet à un autre sans jamais poser notre attention sur quoi que ce soit. Selon une étude menée par Microsoft en 2015, notre temps d’attention moyen est devenu inférieur à celui du poisson rouge (qui est de 8s).
Pour ma part, j’ai commencé à constater une perte d’attention il y 5 ans. Depuis que j’habite dans la nature, j’ai tendance à être un peu léthargique l’hiver et je passais 3h par jour sur Facebook. Après quelques mois, je me suis rendu compte que j’avais plus de mal à être focalisé sur mes pratiques spirituelles ou lorsque j’écrivais.
J’ai installé « Mind the time », un plug-in qui permet de mesurer le temps passé sur chaque site. J’ai réduit ma dose de Facebook à moins d’une heure par jour. J’ai passé plus de temps sur YouTube à chercher des contenus longs. Et je me suis mis à écrire tous les jours. Rapidement, le problème est passé.
Au fil des années, j’ai vu ce problème exploser autour de moi. Comme j’enseigne la spiritualité depuis plus de 10 ans, je reçois de nombreux retours. Depuis 4 ans, de plus en plus de gens ont du mal à pratiquer à cause de leurs problèmes d’attention. La spiritualité consiste essentiellement à développer sa qualité d’attention. Bien sûr, l’objet sur lequel nous choisissons de fixer notre attention est important. Mais ce qui compte le plus, c’est notre capacité à focaliser notre esprit.
D’année en année, le problème n’a fait que s’aggraver. Ces dernières années, je reçois de plus en plus de témoignages de gens qui ont du mal à lire plus de 10 minutes d’affilée. Et comme beaucoup de gens n’ont pas conscience que notre capacité de concentration est comme un muscle, ils s’identifient à leur trouble de l’attention et pensent que c’est une fatalité.
Depuis ce début d’année, même si je suis attentif à l’usage que je fais d’internet, j’ai à nouveau constaté une perte de concentration. Encore une fois, avec quelques efforts, le problème est passé. Mais je me demande pourquoi il est revenu. Je n’ai rien changé à mon mode de vie. Cet hiver, mon temps passé sur Facebook a même diminué un peu chaque mois. Les réseaux sociaux sont-ils devenus plus nocifs ? Ou alors, ont-ils un effet nocif sur le long terme qui commence à apparaître avec les années ?
Depuis le premier confinement, le contenu conspirationniste a explosé sur mon mur Facebook et cela m’a permis d’analyser comment son algorithme fonctionne. Je trouve le contenu conspirationniste amusant à petite dose. Mais quand 90 % du contenu que je reçois sur Facebook est conspirationniste, ça devient pénible. Alors j’ai viré des gens à la pelle.
Aujourd’hui, il existe des tas d’algorithmes plutôt efficaces pour faire un tri par proximité sémantique. C’est ainsi que l’on reçoit de belles pubs contextualisées. Donc, l’algorithme de Facebook a pu rapidement « comprendre » que recevoir trop de contenu conspirationniste ne m’intéresse pas. Pourtant, il a décidé de mettre en avant ce type de contenu. J’avais de nombreux amis Facebook que je ne voyais pas dans mon fil par manque d’interaction avec eux. Et dès qu’ils postaient du contenu conspirationniste, je me suis mis à les voir.
On peut se demander pourquoi l’algorithme de Facebook fait cela. Il est évident que le but de cet algorithme est de maximiser le temps que nous passons sur Facebook. Alors pourquoi nous donne-t-il délibérément du contenu que nous n’apprécions pas ?
En fait, l’algorithme utilise une boucle de compulsion. Ce système est très utilisé dans les jeux vidéo. Par exemple, lorsqu’il faut tuer des ennemis d’une manière répétée, dans l’espoir d’obtenir une récompense. Cette récompense rendra notre personnage plus puissant et nous permettra de tuer encore plus d’ennemis… Chaque récompense est accompagnée d’une libération de dopamine qui nous rend accros. Lorsque le jeu est amusant, ce n’est pas très grave de tomber dans ce genre d’addiction. D’autant que les jeux vidéo ont plutôt tendance à stimuler notre capacité d’attention.
Dans le cas de Facebook, c’est un peu différent. Nous faisons dérouler la page en boucle dans l’espoir de trouver une pépite qui libérera une petite dose de dopamine. Mais il y a plusieurs problèmes à cela. Déjà, nous zappons constamment et nous ne fixons jamais notre attention sur quoi que ce soit. Si vous avez trouvé cet article grâce à Facebook et que vous avez tout lu jusqu’ici, je vous félicite. Vous venez de passer 5 minutes sur un même sujet. L’autre problème avec Facebook, c’est que cela n’a rien de très amusant de dérouler une page dans l’espoir de trouver un contenu un peu plus intéressant que les autres. Après avoir passé plusieurs heures à faire cela, on ne se sent pas très bien. Et sur le long terme, cela a plutôt tendance à rendre dépressif.
Pour finir avec quelques conseils, évitez de passer trop de temps sur les réseaux sociaux qui incitent à zapper constamment (type Facebook, Instagram…) et privilégiez les contenus plus longs. N’arrêtez jamais d’apprendre. Choisissez de nouveaux sujets d’étude. Faites des recherches par vous-même au lieu d’attendre passivement votre contenu. Faites un effort pour lire plus… L’apprentissage permet également de libérer de la dopamine. Cela demande plus d’efforts, mais cette libération est prolongée, ce qui fait que l’apprentissage permet de se sentir bien sur le long terme.