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Les postures extatiques. Traduction par Lune.
La nature des états extatiques de la conscience peut être encodée dans leurs postures. Les styles de visions, prophéties ou capacités de guérison qui accompagnent les états extatiques ont peut-être moins à voir avec le contenu religieux qui entoure les cérémonies de l’extase qu’avec la posture adoptée pendant l’expérience extatique.
Cette hypothèse insolite a été avancée par le Docteur en psychoanthropologie, Felicitas D. Goodman. Elle est basée sur l’observation de personnes se trouvant dans un état extatique et sur ses propres expériences à former des sujets à entrer dans des états de conscience similaires.
Dès ses toutes premières recherches, le Dr Goodman apprit qu’elle pouvait induire chez un sujet un état extatique à l’aide d’un hochet en calebasse, semblable à ceux utilisés dans de nombreuses cérémonies chamaniques primitives.
Alors qu’un sujet, solitaire, ou en groupe, marchait en cercle, ou s’asseyait simplement, le Dr Goodman secouait le hochet de manière régulière pendant 15 minutes. L’utilisation du hochet était basée sur l’hypothèse selon laquelle « l’accompagnement acoustique » affecte le fonctionnement du cerveau, en bloquant l’hémisphère gauche verbal et en ouvrant l’accès à l’hémisphère droit intuitif.
Durant les 5 premières minutes, la plupart des sujets montraient les signes d’un état altéré de conscience. À la fin de l’expérience, leurs comptes-rendus verbaux confirmés qu’ils avaient vécu quelque chose ressemblant à un état extatique, incluant des visions et des variations dans leur schéma corporel.
Notant que le contenu de ces visions semblait varier en fonction de la position dans laquelle les sujets étaient restés, c’est-à-dire debout ou assis, le Dr Goodman mena une série d’expériences afin de tester spécifiquement l’effet des postures.
Pour connaître ses postures expérimentales, elle se rendit au centre de ressources ethnographiques afin d’y trouver, soit des photographies de chamanes en extase, soit des interprétations artistiques de cet état. Elle y découvrit cinq positions posturales différentes.
Lors de ses expérimentations ultérieures, elle demanda à ses cobayes d’adopter une posture spécifique, joua du hochet pendant 15 minutes, puis leur demanda de faire un rapport. Elle constata que ces comptes-rendus étaient très cohérents pour une posture donnée, mais différaient entre les diverses postures.
Donnons l’exemple d’une posture semblable à la méditation assise, à l’exception des jambes, toutes deux repliées sous le corps et tournées vers la droite. Les sujets ont fait l’expérience de sensations colorées, de sensations de tournoiement et de forts changements d’humeur. Il s’agit d’une posture qu’adoptent les Mallams, c’est-à-dire les devins, de la tribu subsaharienne des Nupes. D’après certaines sources écrites, l’expérience de divination commence par des changements d’humeur.
Dans une autre posture, les sujets se tenaient debout, avec la tête en arrière et les mains jointes au niveau de l’abdomen. Ces sujets ont rapporté une sensation de chaleur, d’un flot d’énergie qui se soulève et d’un canal qui s’ouvre au sommet de la tête. Selon la littérature ethnographique, cette posture fut associée à la guérison, impliquant un flux d’énergie.
De façon similaire, les autres postures testées produisirent des expériences qui ressemblent aux récits de chamanes indigènes adoptant la posture dans leur pratique de la transe.
L’auteur ne peut faire que des hypothèses au sujet du mécanisme par lequel la posture affecte le contenu des transes rituelles. Nous savons que la posture affecte l’humeur. C’est peut-être par son effet, sur une large palette de variables psychophysiologiques, que la posture affecte le cours de l’extase.
(Source : « Body posture and the religious altered state of consciousness : An experimental investigation, » Journal of Humanistic Psychology, Summer, 1986, Vol. 26, No. 3, pp. 81-118. Adresse de l’auteur : Cuyamungue Institute, 114 East Duncan St., Columbus, OH 43202.)