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Par Margot Adler, extrait de Drawing down the moon. Traduction & adaptation Lune.
La littérature sur le renouveau de l’Art a influencé quasiment toutes les personnes que j’ai rencontrées. Et quoi que Gardner ait accompli en Angleterre, pour le meilleur ou pour le pire, ses livres ont servi de catalyseur ou de tremplin à de nombreux covens et traditions qui ne se « considèrent » pas nécessairement comme gardnériens. Ces covens ne possèdent que très peu des attributs mineurs de l’Art de Gardner (nudité, fouet, utilisation de rituels particuliers). Mais l’influence est là.
Mon interview avec le poète et chamane Victor Anderson en est un exemple. Ce fut l’une de mes rencontres les plus mystérieuses. C’est la seule histoire que j’ai entendue qui venait clairement du pays de féerie. C’était de la pure poésie.
Anderson, auteur d’un magnifique livre de poèmes de l’Art, « Thorns of the Blood Rose », m’a narré sa rencontre avec une vieille femme minuscule qui lui a dit, à l’âge de 11 ans, qu’il était un sorcier. Il vivait en Oregon lorsqu’il la trouva nue, assise au centre d’un cercle aux côtés de plusieurs bols en cuivre remplis de plantes. Il a dit s’être déshabillé, sachant instinctivement quoi faire et fut initié « par un rite sexuel complet ». Il m’a ensuite parlé de la vision qu’il avait eue dans ce cercle.
Elle chuchotait les noms de notre tradition et tout a disparu ; il faisait totalement noir. Il semblait n’y avoir rien de solide, à l’exception de cette femme et je m’accrochais à elle. Il me semblait que nous flottions dans l’espace. Puis j’ai entendu une voix, une voix très éloignée qui disait : « Tana, Tana. » Elle devint de plus en plus forte. C’était une voix très féminine, mais elle était aussi puissante que le tonnerre, aussi dure que le diamant et pourtant très douce. Ensuite, elle est devenue très forte et a dit : « Je suis Tana. » Puis, tout à coup, je pouvais voir qu’il y avait un grand ciel au-dessus de ma tête, comme un ciel tropical, rempli d’étoiles, d’étoiles scintillantes, brillantes, et je pouvais parfaitement voir dans cette vision, en dépit de ma cécité (note : au cours de son enfance, Anderson perdit presque totalement la vue). La lune était là, mais elle était verte. Ensuite, j’ai pu entendre les bruits de la jungle tout autour de moi. J’ai pu sentir les odeurs de la jungle.
Puis, j’ai vu quelque chose d’autre venir vers moi, sortir de la jungle. Un homme splendide. Il y avait quelque chose d’efféminé en lui et pourtant très puissant. Son phallus était en érection. Il avait des cornes et une flamme bleue émanait de sa tête. Il venait en marchant droit vers moi et elle aussi. J’ai réalisé sans qu’on me l’ait dit qu’il était le puissant Dieu cornu. Il n’était pas son seigneur et maître ou quoi que ce soit du même genre, mais son amant et consort. Elle contenait en elle tous les principes et toutes les forces de la nature.
Il y a eu d’autres étranges messages et alors les ténèbres ont disparu. Nous nous sommes assis dans le cercle et elle a commencé à m’instruire sur l’usage rituel de chacune des herbes et tisanes dans le cercle. Ensuite, j’ai été lavé à l’aide de beurre, d’huile et de sel. J’ai remis mes vêtements et je suis retourné à la maison. Le matin suivant lorsque je me suis éveillé, je savais que tout ceci s’était réellement produit, mais cela ressemblait à une sorte de rêve.
Une fois la description de cette vision achevée, j’ai demandé à Anderson : « Quand avez-vous décidé de former un coven ? » Et il m’a répondu :
Lorsque Gerald Gardner a publié son livre, « Witchcraft Today ». Je me suis dit : ‘Eh bien ! Si tant est connu… Tout s’imbrique.’