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Par Vivianne Crowley © 1982, traduction Lune
Extrait du chapitre « la Déesse : la Wicca et le féminin », de Wicca : the old religion in the new millenium
Pour un homme, s’accoupler avec la Déesse-Amante représente le passage vers l’âge adulte. Ici, un homme découvre sa propre sexualité. Il cesse d’être Herne le Chasseur, le Seigneur de la Forêt, et devient le Seigneur Phallique, le second aspect du Dieu qui émerge dans la psyché humaine. Il devient un Roi Soleil et un père, et quitte pour toujours les rôles de prince et de fils. Jung écrit que le héros craint souvent cette transformation et c’est ainsi car il ne sait pas quelles seront les conséquences. Dans notre rite de Midsummer, la Déesse appelle le Dieu à :
Quitte la verte forêt de ta jeunesse
et porte le fardeau d’un Roi et d’un Homme.
Mais le Dieu ne désire pas sacrifier la liberté de sa jeunesse :
Je t’ai épousée, mon Amour,
et non pas ta terre.
J’erre dans le bois sauvage,
Avec pour compagnons, les cerfs, et pour amis, les oiseaux.
La verte forêt est ma maison et non pas le trône des rois.
Il y a une autre raison pour laquelle l’Ego rejette les fardeaux de la royauté :
J’ai peur de prendre ce trône ;
car devant moi je vois,
ténèbres et douleur
et du sang sur le blé.
L’ombre de ma mort.
A Beltane, le Dieu a épousé la Déesse, mais il n’a pas abandonné sa maison, les bois, pour la clairière circulaire de la Déesse, le monde de la tribu et le village ; le monde des responsabilités. Il craint de pénétrer dans le cercle, car en son sein la Déesse elle-même peut changer et c’est de cet aspect transformateur du féminin dont les hommes ont souvent peur. Nombre d’images de la Déesse sont réellement des images de transition. De nombreuses transformations sont positives. Le lotus dans sa blanche pureté Virginale peut devenir un symbole de sexualité. La Vierge biche peut se donner elle-même au chasseur. La redoutable vieille Sorcière peut se transformer en une belle jeune fille.
D’autres transformations sont moins plaisantes ; car derrière la Mère-Amante se cache toujours ce troisième aspect de la Déesse qui est redouté par les hommes. « Sacrifie-toi pour moi, » dit la Déesse, mais c’est elle qui est la sacrificatrice. C’est la vieille Sorcière, qui porte la faux, la destructrice. La hase de la pleine Lune Mère est un change-forme qui sous ses rayons peut conduire le chasseur dans les marécages ou au bord de la falaise et ainsi à sa mort. L’arc et la flèche de la Vierge peuvent être pointés contre le chercheur et lui prendre la vie. Attirés par le cercle magique sous la pleine Lune Mère, elle peut jeter un sort à ceux qui y pénètrent pour les transformer en pourceaux. La Déesse ne le dupe pas. Son soi contra-sexuel, son Anima, sait qu’elle le conduit à sa mort ; car c’est seulement à travers la mort que la vie peut être renouvelée, c’est seulement à travers la mort qu’arrive la renaissance.
Sombre, en vérité, est le destin des rois,
car lorsque s’envient le temps des récoltes,
il est celui qui est marié au peuple
et doit mourir pour lui,
pour que le pouvoir puisse être renouvelé dans le pays.
Mais la peur de l’ombre est plus grande que l’ombre elle-même
car des cendres du feu,
renait le phénix,
et de la mort surgit la vie nouvelle,
bien que sous une autre forme.
Par amour pour notre enfant et moi-même,
partageras-tu cela, le destin des rois,
et embrasseras-tu cette destinée pour nous tous ?
La Déesse lui demande d’embrasser sa destinée pour nous tous. L’Anima demande la mort de l’Ego du héros, car c’est seulement par le sacrifice de notre image, ce que nous pensons être, que nous pouvons trouver le Soi que nous sommes vraiment.
Pour une femme, Hécate est la Vielle Femme Sage qui la guide vers elle-même. C’est un rôle qui, dans les anciennes sociétés, aurait été joué par une véritable Vieille Femme, une femme sage, une grand-mère, une Sorcière. Dans la Wicca, les femmes reçoivent les titres de prêtresse, Sorcière et reine. Koré est la prêtresse qui voyage dans le monde-d’en-bas. Là, elle y est couronnée reine, l’égale de sa mère Déméter. En tant que Maîtresse du Monde-d’en-Bas, elle est Hécate la Sorcière, et siens sont les secrets de la vie et de la mort. Dans la Wicca, nous devons accorder de l’importance à la Sorcière, ce personnage tant maltraité ; car elle est celle qui nous montrera la voie vers notre destinée. Sa Sorcellerie n’est ni noire ni blanche, car ce qu’elle révèle est au-delà de la moralité. Elle est la connaissance du bien et du mal, la connaissance de la vie elle-même.
Hécate est l’aspect de la Déesse le plus difficile à comprendre tant pour les hommes que pour les femmes. Il est facile d’aimer ce qui est beau, comme la Vierge Koré. Il est facile d’aimer ce qui est puissant et fort comme la Reine Maeve. Il n’est pas aisé d’aimer ce qui est vieux et faible, une femme qui n’est plus fertile, qui a transmis à d’autres sa domination du monde. Hécate nous enseigne une leçon importante : le féminin doit être apprécié pour lui-même. Non pas parce qu’il apporte sexualité ou pouvoir, mais parce qu’aux tréfonds du féminin réside une sagesse éternelle ; car Hécate est aussi la Grande Prêtresse, la gardienne des Mystères.
Hécate n’est pas la prêtresse en quête de connaissance intérieure, mais la Grande Prêtresse qui l’a déjà trouvée et la confère aux autres. Pour un homme, l’aspect de la Vierge de la Déesse est celui de la prêtresse qui lui fait franchir le seuil de la psyché dans le monde de l’inconscient. Cependant, c’est Hécate qui trône devant le Voile du Temple comme la Grande Prêtresse, la carte du tarot qui est régie par la Lune. Pour atteindre la lumière du jour de l’autre côté du voile, nous devons tous faire un avec la Sombre Mère de la nuit.
La Charge de la Mère du Mystère
Je suis la Mère du Mystère ;
tout lieux, tout temps, toutes saisons sont semblables à moi.
Vous m’avez cherché dans le vent parmi les arbres,
dans les fleurs dans l’herbe,
dans les ruisseaux parmi les collines,
dans les vagues sur l’océan.Je suis semblable à la mer,
douce et calme,
violente comme le tonnerre ;
Je suis muable et immuable.
Vous m’avez cherché dans le chuchotement des ombres,
et J’étais là.
Vous m’avez cherché sur la cime de la montagne,
et J’étais là.
Tous les peuples des âges,
m’ont cherché,
m’ont trouvé,
et jamais mon visage n’a changé.
Dans le silence de la nuit ils m’ont appelé,
et Je les ai emmenés et leur ai donné mon étreinte.