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Extrait du livre d’Emma Wilby « Cunning folk and familiar Spirits ». Chapitre « Demon and Fairy Familiars, The Historical Context ». Emma Wilby est une historienne britannique et un auteur spécialisée dans les croyances magiques de la Grande-Bretagne du début de l’époque moderne. Traduction par Lune.
Dans son rôle de « cunning woman », ou de praticienne de magie populaire, Bessie Dunlop travaillait sur les falaises écossaises du XVIe siècle : elle mettait au monde des bébés, guérissait les malades, consolait les endeuillés, identifiait les criminels et retrouvait les objets perdus ou volés. Mais la clef de voûte de la pratique magique de Bessie (la source de tout son savoir et de tout son pouvoir) était sa relation avec un fantôme, un esprit familier qu’elle appelait Tom Reid. Et Bessie n’était pas la seule dans ce cas.
Parmi les centaines de procès pour sorcellerie qui ont lieu à travers toute la Grande-Bretagne des XVIe et XVIIe siècles, des îles Orcades aux Cornouailles, un nombre important d’aveux comportent des descriptions détaillées de rencontres déterminantes entre des praticiens de magie populaire et un genre d’esprit. Cette croyance en des esprits familiers était largement répandue parmi les gens du commun à cette période et elle est corroborée par des références trouvées dans les écrits d’intellectuels et de théologiens contemporains, ainsi que dans des pièces de théâtre, des ballades et des pamphlets.
Dans ces sources, le praticien magique peut être défini de plusieurs manières comme :
- une « witch » (ndlt : sorcière),
- un « sorcerer » (sorcier),
- un « wizard » (magicien, sorcier),
- un « wise man » (un sage),
- une « cunning woman » (rebouteuse) etc.,
Et leur esprit familier peut être décrit comme étant :
- un lutin,
- un démon,
- une fée,
- un ange
- ou plus communément « le Diable ».
Toutefois, quelles que soient les définitions employées, dans toutes les descriptions de rencontres avec les esprits familiers, la relation de travail entre l’humain et l’esprit respecte le même schéma élémentaire que celui de Bessie Dunlop et l’homme qui « est mort à Pinkie. »
Les aveux des procès contienant les descriptions de rencontres avec un familier partagent tous un mélange contradictoire de quotidien et de fantastique.
Par exemple, le récit de Bessie résonne de détails saisissants à propos de la vie de tous les jours : un homme à la barbe grise dans un manteau aux manches « Lumbart » (ndlt : lombardes) démodées, des clous de girofle et une bière forte qui bouillonne dans un vase à médication, une livre d’œufs reçus et soigneusement enveloppés dans une serviette et, plus émouvant encore, une paysanne qui mène son troupeau au pâturage, qui est accablée de tristesse à la pensée de son époux et de son nouveau-né couchés à la maison, moribonds. Et pourtant, en même temps, certains éléments dans ce récit sont si étranges et numineux qu’ils évoquent la fascination des contes de fées :
- un élégant gentilhomme disparaissant dans un trou étroit, dans un fossé, par lequel « aucun homme sur terre n’aurait pu passer » ;
- la compagnie bruyante des « gude wychtis » (des fées) chevauchant près du Lac Restalrig dans « de nombreux et horribles grondements »
- et le fantôme d’un mort tirant sur le tablier d’une femme, la suppliant de l’accompagner au royaume des fées.
Alors comment devons-nous aborder ces données complexes ? Que devons-nous faire de ces contradictions ? Ces descriptions de rencontres avec des esprits sont-elles des fictions élaborées ? Ou bien les femmes comme Bessie Dunlop ont-elles réellement cru avoir rencontré des êtres surnaturels ? Et si oui, que se passait-il vraiment lors de ces rencontres qu’elles croyaient authentiques ?
Les pratiques magiques concernant l’usage des esprits familiers restent bel et bien vivantes en Grande-Bretagne aujourd’hui. Dans de nombreuses traditions païennes modernes, les croyances à propos de rencontres avec des êtres « ressemblants à des esprits » jouent un rôle important, soit définis comme des entités surnaturelles, soit, en termes psychologiques, définis comme des aspects « personnels » ou « transpersonnels » de la psyché.
Des instructions sont données pour développer des liens avec les esprits familiers au sein de systèmes de croyance aussi variés que la magie hermétique et thélémite, la wicca, le paganisme, l’angélologie, le spiritualisme et de nombreuses formes de néo-chamanisme.
Les liens avec des entités autonomes visualisées jouent également un rôle clef dans un certain nombre de thérapies psychologiques modernes, telles que la psychologie archétypale et analytique.
Livres, articles et ateliers expérientiels affirment invariablement montrer aux personnes intéressées comment rencontrer leurs esprits familiers, autrement nommés guides spirituels, ancêtres, esprits élémentaux, fées, anges gardiens, archétypes, animaux de pouvoir, etc. […]
(la suite un jour)