Inscription au cours : Wicca fondation
Le Vampire Chamanique
Par Nigel Jackson ©, traduction & adaptation Tof
Il existe de multiples liens curieux entre la mythologie des vampires d’Europe de l’Est et les traditions ésotériques de la sorcellerie médiévale.
Tout d’abord le folklore roumain dit que les gens nés avec un morceau de placenta sur la tête ou « coiffés » deviendront des vampires ou des sorcières qui chevauchent leur balai la nuit (Strigoi). Naître coiffé est présage de détermination chamanique et de la capacité de servir d’intermédiaire entre ce monde et le monde des esprits. Cette particularité de naissance caractérise un grand nombre de sorcières- chamanes comme les Krenik de Croatie et de Slovénie, les Fruilians « Bon Marcheurs », les Magyars Taltos de Hongrie et tous ceux qui sont supposés quitter leur corps sous l’apparence d’une mouche, d’un crapaud, d’un insecte ou d’un chien pour errer la nuit. La coiffe de la sorcière et du vampire est le symbole du capuchon, masque, manteau ou linceul magique.
En Bulgarie, ceux qui meurent durant les Douze Nuits de Yule sont sensés devenir des vampires.
C’est la saison liminaire au milieu d’un cap, le retour à la période du Rêve primitif quand les sorcières, les loups et les esprits morts errent dehors. Les vampires roumains sont appelés Moroii ou les Varcolaci et sont identifiés aux esprits désincarnés de certaines personnes qui possèdent un teint anormalement pâle et la peau sèche.
Périodiquement, les Varcolac entrent dans une transe profonde semblable à la mort alors que leur âme vole vers le disque lunaire pour se nourrir de son sang. Les éclipses lunaires sont supposées se produire à cause des attaques de ces vampires. Le sang coule de la bouche des Varcolac sur le disque lunaire et cela fait briller la lune d’une lumière rougeâtre. Lorsqu’ils font ces voyages, les Varcoli voient la forme de leurs canines se modifier. Déranger le corps que le Varcolac a quitté est sensé être dangereux, voire même avoir des conséquences fatales selon la pensée de chamanisme classique.
Dans la tradition populaire Roumaine, ces voyages vampiriques sont liés à certaines mystérieuses mises en garde contre le fait de filer la nuit. Lorsqu’une femme file à minuit sous le clair de lune, le fil produit est chargé de qualités magiques et deviendrait une « route pour les esprits » le long de laquelle les Varcolaci pourraient voyager. Cela devient un chemin que l’esprit vampire peut suivre pour se rendre jusqu’au ciel et boire le sang de la lune et du soleil. Ce n’est que si le « fil de l’esprit » se rompt que les Varcolaci sont perturbés et ils volent alors vers d’autres régions célestes. L’utilisation d’un fil ou d’une corde comme route spirituelle fait partie des technologies sacrées courantes dans de nombreuses cultures.
Les Doms, une tribu gitane d’Inde, accroche un filet devant la porte pour se protéger des vampires. Le filet est un « piège à esprit » car le vampire doit « compter tous les nœuds » et il pénètre et se perd et dans le tissu de fils.
Lorsqu’une femme file à minuit sous la lune, on peut prendre cela pour une invocation à Aradia. Aradia, la triple déesse des sorcières dont le titre est Doamna Zinelor ou « Maîtresse de Féerie ». Filer est aussi associé à la déesse allemande du savoir Sorcier, Perchtl ou Berchtholda. La déesse chouette gaélique « Cailleach de la Lune Nocturne » est aussi vue comme filant un fil d’argent. Le long de ces fils de pouvoir, l’esprit du Varcolac vole dans les royaumes supérieurs en laissant son corps physique derrière lui dans un état cataleptique.
Tout comme lors des douze « Nuits Sacrées » du solstice d’hiver, on dit que les Varcolaci sortent les veilles de la Sainte Andrée (10 décembre et de la Saint Georges (22 avril), et on allume des feux sacrés dans toute l’Europe pour protéger les gens, leurs logements et leurs réserves contre leurs attaques. Pour les Tcherkesses, la nuit du 28 avril était la nuit des « Kara Kondjiolos » ou vampires.
L’esprit des vampires peut se manifester sous différentes formes, ce peut être sous celles d’oiseaux, d’animaux ou d’insectes. Ils peuvent aussi se manifester sous la forme d’une ombre qui bouge sans raison, comme une étincelle dans l’obscurité ou comme une flammèche rougeoyante sur une tombe. Cela ressemble à ce qu’on a mainte fois décrit comme la forme lumineuse de l’âme. Les Taltos hongrois apparaissent parfois sous forme de flammes et les sorciers lapons se combattent souvent les uns les autres sous la forme de boules de feu. On a dit que les vampires se réunissaient en coven dans les anciennes forêts et les cimetières avant de se rendre au sabbat des Varcolaci. Ils voyagent le long du « fils de l’esprit » jusqu’au monde des fantômes, où ils sont initiés aux mystères et au savoir magique des morts.
En Russie, à Nosvki par exemple, au début du 18ème siècle, un homme nommé Seymon Kallenichenko fut poursuivi et a avoué être vampire et être capable de reconnaître les femmes sorcières. Il a décrit son voyage chamanique vers le sabbat où se réunissaient également des sorcières. En Istrie et ailleurs, il est clair que le Vuklodlak, le vampire, est identifié aux sorcières mauvaises ou hostiles, on disait souvent que c’était des voisins qui menaçaient et attaquaient la fertilité du village. Dans l’Autre Monde, il y avait combats magiques rituels contre de telles créatures. Les Kreniki contre les Vukodlaki, les Benandantes contre les Malandanti, dans le but de gagner par ces combats une abondante récolte et la prospérité. Ce thème reflète aussi l’agression des vivants par l’esprit des morts. La tradition Roms décrit comment des loups blancs vivent dans les cimetières et attaquent implacablement les vampires qui y sont. Si ces loups n’étaient pas là, les vampires et les esprits des morts viendraient et partiraient à la conquête du monde des vivants.
Dans les pays serbes et Slaves, il existe une sorcière-chamane nommée Dhampir qui se spécialise dans la recherche et la chasse aux vampires. Le Dhampir est sensé être le fils d’une femme mise enceinte par un époux vampire. On le reconnaît car il a un corps gélatineux et visqueux. En général, les Dhampirs conduisent leurs rituels (qu’ils monnayent) en public. Après avoir examiné les quatre quartiers du ciel, le Dhampir entre dans un état extatique dont on peut sentir l’influence destructrice contre les brumes du monde des esprits. Il s’ensuit un combat où le vampire passe par différentes formes, mais finalement le Dhampir remporte la victoire et l’esprit malin est vaincu. Au cours des siècles derniers, on a pu noter l’utilisation d’un revolver lors de ces transes chamaniques. En 1959, on a pu voir un rituel Dhampir à Vrbrica dans la région de Kosovo-Metohija.
Dans ces quelques lignes, on voit que la mythologie du vampire tire son pouvoir macabre de divers archétypes : les sorcières hostiles qui boivent du sang, le fantôme agressif et le chaman sous forme d’ombre. Dans ce contexte, Nosferatu fut le « mort-vivant », celui qui était vivant et pouvait entrer dans une transe de mort temporaire.
Par cette transe de mort, l’esprit libéré se transporte sur un plan supérieur par la route jusqu’au cieux, aux royaumes supérieurs du Pilier du Ciel Coloana Ceriulu, pour se nourrir du sang de la lune.
Pour conclure, il faut se souvenir que l’âme des enfants des chamans Yakut est nourrie et instruite par une chaman démoniaque à un œil, un bras et une jambe. Cet être berce la nouvelle âme du chaman dans un berceau d’acier noir et la nourrit de sang coagulé.