La magie

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Retour au sommaire « Les propos de Gardner ». Traduction & adaptation : Lune.

La magie

Lorsque je parle de magie, il s’agit de la magie qui existe réellement et non pas ce que beaucoup de gens imaginent quand on mentionne la magie, comme d’agiter une baguette pour que quelques miracles se produisent, ou dire une rime, tracer des symboles et être immédiatement récompensé par l’apparition d’un diable de spectacle pour enfants. Une forme rythmique de paroles (un charme) est parfois utilisé par les sorcières, afin d’aider à diriger le pouvoir une fois qu’il a été érigé ; mais le « magicien » doit en premier lieu ériger ce pouvoir et savoir comment le diriger.

Cela revient à dire que certaines personnes sont nées avec des pouvoirs psychiques naturels. Elles ont découvert que certains rites et certaines opérations accroissaient ces pouvoirs et si elles les dirigeaient convenablement, ceux-ci pourraient être utilisés au bénéfice de la communauté. La communauté a donc exigé que les sorcières accomplissent ces rites, d’autant plus qu’elle a découvert qu’elle pouvait participer aux rites eux-mêmes, aider à ériger le pouvoir par des danses sauvages et d’autres moyens. Cela signifiait que les sorcières devaient apprendre à utiliser leur matière grise, car certaines choses peuvent être accomplies par la magie et d’autres pour lesquelles c’est impossible, et on pouvait le leur faire remarquer, de façon assez pointue, à l’aide d’une lance. Je suppose donc que les sorcières d’antan devaient aussi éclaircir certaines de ces choses-là et qu’il y avait autant de tours de passe-passe que de manifestations authentiques.1

Leland dit :

Il existe une longue tradition de Papes qui ont pratiqué la sorcellerie et ce depuis le Xème siècle. Ce que le Pape Sylvestre II a confessé sur son lit de mort.

Ici, cependant, Leland ne semble pas saisir la différence entre la magie cérémonielle et la sorcellerie proprement dite, comme c’est le cas de nombreux auteurs. Catherine de Médicis et Léonora Galigaï ont pu, toutes deux, être des magiciennes2; mais elles étaient bien trop bonnes catholiques pour être des sorcières païennes. La magie cérémonielle, noire ou blanche, la magie des grimoires, sont des choses tout à fait différentes de la sorcellerie. Elle a derrière elle un ensemble d’idées très distinctes.3

Les pratiques des sorcières de danse rituelle, « la magie d’initiative », etc. ont une forme beaucoup plus primitive que les rites solennels et élaborés du magicien cérémoniel. La magie cérémonielle était une occupation de « clercs » et d’aristocrates ; la sorcière appartenait essentiellement au peuple, bien que la tradition puisse avoir été transmise ici et là au sein d’une ancienne famille de l’aristocratie.

Toutefois, certains pratiquants de la magie cérémonielle, bien qu’ils n’aient peut-être pas appartenu eux-mêmes à un coven de sorcières, connaissaient malgré tout leur existence et avaient parfois recours à des sorcières pour les assister en tant que clairvoyantes. En retour, ils donnaient refuge à la sorcière en temps de persécutions ; et la sorcière, lorsqu’elle était pauvre, obtenait du magicien des bons outils et armes magiques, de belle facture. Sous forme de fiction, j’ai décrit le fonctionnement de tels accords passés entre gentilshommes, dans mon roman, High Magic’s Aid.4

La partie la plus importante de toute opération est la conviction, voire, une totale conscience, que cela peut être accompli, que vous pouvez le faire et que vous le ferez. Vous réaliserez qu’il est possible que cela ne se produise pas immédiatement et que, vous n’avez peut-être pas opéré correctement, de sorte que vous devrez éventuellement modifier le sortilège afin de trouver celui qui convient. Selon ma propre expérience, ce qui est le plus important, ce sont les personnes avec qui vous œuvrez. Vous devez éprouver une véritable sympathie pour elles et il est très rare de ressentir cela immédiatement pour plusieurs personnes. Vous ne pouvez y parvenir qu’en travaillant avec elles pendant un certain temps.

Bien sûr, vous pourrez ressentir instinctivement « Je peux travailler avec cette personne » et cela se produira souvent, or le piège ici est qu’il s’agisse simplement d’une attirance physique. Toutefois, si toutes les personnes concernées ont le même ressenti, il est plus que probable que la pratique ensemble provoquera la sympathie magique.

Il ne faut jamais oublier ce qu’est la magie et comment elle fonctionne. Il ne s’agit pas d’appuyer sur un bouton ou d’ouvrir un robinet. C’est du travail et souvent un travail difficile. Dans la plupart des cas, il serait plus aisé de produire des résultats par des méthodes de travail ordinaires, de façon prosaïque ; et par-dessus tout, ce n’est pas un moyen de gagner de l’argent. Mais, certaines choses ne peuvent être obtenues par des méthodes ordinaires et alors cela réussit.

Le fait est que, dans les conditions modernes, la magie n’est plus le soutien qu’elle était jadis. Ses utilisations sont de moins en moins nombreuses. Pour l’homme primitif, elle représentait presque tout ; c’était ce qui faisait la différence entre une bonne vie et la famine. Et elle procurait aussi un sentiment de sécurité et de protection dont les logements sociaux, les allocations familiales, l’allocation chômage, les soins médicaux gratuits, les prothèses dentaires et les lunettes, sont les piètres substituts modernes.

Déjà, même si les électeurs peuvent penser que ce sont des choses merveilleuses, elles ne donnent pas ce sentiment d’émerveillement et de romantisme que la magie continue à nous apporter en ces temps prosaïques ; ce curieux mélange d’excitation et de tranquillité que ses fidèles éprouvent. Une fois encore, en ces temps « épouvantables et graves  » qui sont nôtres, la libération émotionnelle à laquelle les gens parvenaient à travers de grandes danses nous est interdite. Elles étaient naturelles et simples, et « répondaient aux attentes », pourrait-on dire.5

La sorcière ne croit généralement pas qu’il soit possible de transformer la nature (de provoquer des tempêtes, par exemple) ; mais elle croit que des événements plus importants sont contrôlés par un ou plusieurs esprits humains et qu’il est souvent possible de former un lien avec eux, et ainsi d’influencer l’esprit d’un tiers (humain ou animal) par un moyen que je peux uniquement décrire comme une sorte d’hypnose à distance. Les résultats dépendent de la quantité de pouvoir généré, de l’habileté à le diriger, de la sensibilité ou non des cerveaux à l’autre bout et s’ils sont opposés à l’idée qu’ils reçoivent à l’esprit ou non ; et aussi, à condition que leurs esprits puissent encore être influencés, même au cas où une contre-influence serait exercée.

Comme disait la sorcière au chercheur en parapsychologie : « Pour faire de la magie, vous devez vous mettre dans un état de frénésie ; plus ce que vous ressentez est intense, plus vous avez de chance de réussir. » Vous ne pouvez tout simplement pas obtenir le nombre requis de personnes pour agir juste pour vous amuser ou si c’est le cas, cela se produira naturellement ; les chances sont alors habituellement de 80 à 90% contre vous.

D’autres personnes m’ont dit : « si vous êtes suffisamment déterminé, vous pouvez contraindre n’importe quoi sans avoir recours à la sorcellerie ». En citant Napoléon : « impossible n’est pas français », ce à quoi une sorcière a répondu : « je suppose que l’idée imposée à l’esprit de Napoléon, selon laquelle il lui était impossible de traverser la Manche, avait été formulée en corse. »6

Gardner a dit : « La magie est l’art d’obtenir des résultats. » Pour cette raison, les attributs de la clairvoyance, de la guérison, de l’hypnose et de tout ce qui était autrefois considéré comme surnaturel font partie de l’arsenal des sorcières.7

De mon point de vue, certaines choses peuvent être accomplies par magie et d’autres non et je doute que la pluie puisse être provoquée ainsi. Mais il faut se souvenir que je connais bien une sorte de magie et suis donc enclin à croire que tout type de magie fonctionne à peu près de la même manière ; je peux me tromper sur ce point. Ces esprits, que les magiciens et les cabalistes tentent d’invoquer ou d’évoquer existent peut-être et dans ce cas je suppose qu’ils pourraient affecter le temps. Des esprits de ce type sont appelés « élémentaux », c’est-à-dire des esprits qui habitent les « quatre éléments » des anciens, la terre , l’air , le feu et l’eau. Je sais que des gens semblent croire qu’ils peuvent affecter le temps.

Toutefois, les sorcières m’ont dit : « autrefois, les gens voulaient que les sorcières ‘fassent pleuvoir’ ou ’empêchent la pluie’, et bien sûr nous ne le pouvions pas ; mais si nous l’avions dit ainsi, notre influence aurait pris fin. Eh bien, nous agissions  généralement en fonction de la météo et nous pouvions parfois prévoir à l’aide de la clairvoyance ce qui allait se passer. Ainsi, il s’agissait de détourner leur attention jusqu’à ce que nous sachions que ce qu’ils voulaient se produirait naturellement. Il était ensuite plus prudent d’accomplir un rite. »8

Comme nous le savons, dans les écoles, les leçons les plus prosaïques sont apprises en les chantant en chœur et elles se transforment souvent en une sorte de comptine, les fins de phrases sont déformées jusqu’à ce qu’elles riment. C’est ce que font instinctivement les sorcières lorsqu’elles commencent à répéter des sortilèges qui ne riment pas. Autrefois, l’allitération était également très utilisée, mais c’était plus fréquent chez les pratiquants qui travaillaient en solitaire. L’allitération est difficile à composer et plus encore à se rappeler. Affirmer à voix haute « ainsi soit-il » ne produit pas le même effet, de coup de marteau final, que s’il s’agissait de la dernière phrase d’une rime.9

Entre bénédiction et bannissement, il est apparu à nos ancêtres que de nombreuses formules produisaient des résultats mystérieux si elles étaient dites avec l’intonation correcte, « accordée à » la vibration qu’ils recherchaient. Vous direz peut-être : « oh, nous savons que certaines tonalités particulières ont un effet sur vous, ça n’a rien de magique ! » Exactement, mais je crois comprendre que la magie, c’est savoir que certaines choses possèdent certains effets et comment utiliser ces effets afin de sensibiliser les gens à certaines autres influences. Combiner une demi-douzaine ou plus de telles influences (c’est-à-dire les danses, les chants, l’encens, etc.) a des effets que certains diraient « agir comme par magie. »10

On a enseigné ceci à une sorcière européenne « il existe de nombreux chemins ou voies qui mènent tous au centre » et elle utilise nombre (ou tous) d’entre eux, combinés en une seule opération pour gagner tout le pouvoir possible.11

Lorsque j’ai écrit mon premier livre sérieux sur le sujet, Witchcraft Today, pour parler de l’utilisation des effigies en cire, j’ai dit : jusqu’à présent, je n’ai trouvé personne qui connaisse le rite exact utilisé. Je n’ai pas le moindre doute que certaines le connaissent encore même si elles ne l’admettront pas. Je désire tout particulièrement entrer en sa possession parce que je pense qu’il est probablement resté plus ou moins inchangé depuis l’époque où l’homme des cavernes le pratiquait. Depuis lors, j’ai eu la chance d’en voir une fabriquée, mais malheureusement ou plutôt heureusement, ce n’était pas pour tuer quelqu’un, car je pense que la méthode employée peut tuer. Cela confirme également ce qu’une sorcière m’a dit il y a longtemps : « avant que vous ne puissiez faire du mal à votre ennemi au moyen d’une effigie en cire, vous devez être dans une fureur authentique et spontanée, comme il vous faudrait l’être pour le mettre k.o., physiquement. »

Dans cette affaire, une certaine personne que nous appellerons X a tenté d’acquérir un bien en faisant chanter son propriétaire, il lui a dit, en substance : « si vous n’y renoncez pas, certains faits seront révélés, ce qui s’avérerait extrêmement déplaisant pour vos amis et vous. » Le propriétaire a consulté ses avocats mais ils lui ont expliqué : « si cela vient à se savoir, ce serait pénible. X ne le dira pas lui-même ou nous ne pourrons le poursuivre pour diffamation. Il demandera à d’autres de répandre l’histoire. Vous devez juger s’il ne vaut mieux pas lui laisser acquérir la propriété plutôt que de laisser vos amis souffrir. Il n’est question que de trois mille livres. »

Opposé au chantage, le propriétaire s’est adressé à une sorcière qui connaissait bien le maître chanteur et désapprouvait ses agissements. Ainsi, elle a abordé l’affaire lors de l’assemblée suivante car toutes avaient eu des expériences fâcheuses avec X.  Il a été convenu que le cas pouvait être traité, mais seulement d’une manière qui ne lui causerait aucun mal. J’ai donc pu voir exactement ce qui a été accompli. Bien sûr, je ne peux pas révéler de quoi il s’agit, mais je considère cela comme une très ancienne pratique, une manière de diriger une malédiction, ce qui, je suppose, a été découvert par des essais et des erreurs, et que faire quelque chose d’une façon particulière produira un effet particulier. Dans cette affaire, le pouvoir était dirigé de façon à empêcher l’agresseur de parler en lui épinglant les lèvres et lui interdire d’agir contre le propriétaire de quelque manière que ce soit, en liant l’effigie étroitement.

Évidemment, l’incrédule dira que c’était une pure coïncidence si X a stoppé toute menace immédiatement, vendu sa maison et quitté la région. A dire vrai, la sorcière en chef était dans une telle fureur que l’homme aurait pu être sérieusement blessé, sinon tué, si les autres l’avaient laissée faire. Je pense que cela démontre ce que j’ai souvent dit : « les sorcières peuvent se mettre en colère et oublier leurs enseignements, mais les autres ne les laisseront pas faire de mal. » Enfin, si une personne présente n’est pas d’accord avec tout ce qui est tenté, elles peut gâcher l’efficacité du charme.

Très peu de sorcières savent comment procéder et certainement pas les simples membres. J’ai parlé à un couple qui était là quand la « poupée » a été fabriquée et tout deux ont dit : « nous l’avons vu faire mais nous ne savons toujours pas comment procéder » et c’est exactement pareil pour moi, j’ai le sentiment que quelque chose m’a échappé et ‘celle qui l’a fabriquée » ne me dira pas quoi. Il est fort probable que des personnes non-sorcières connaissent le secret. Les sorcières connaissent bien l’utilisation d’une effigie pour se protéger du mal, en particulier pour guérir les maladies. Lorsque le patient se trouvait à distance, une effigie était fabriquée, le « lien formé » et les remèdes y étaient appliqués. Lorsque nous brûlons l’effigie de quelqu’un, nous tentons réellement de lui porter malchance, au minimum.12

Mais revenons à la fabrication des images en cire. Je pense que la ligature de cette figure illustre l’un des usages qu’une sorcière fait de sa corde. Depuis les temps anciens, « les cordes, les fils ou les cordages » ont été évoqués comme étant utilisés par les sorcières, pour le mal ou le bien, et elles sont souvent décrites comme étant colorées. Les sorcières grecques sont toujours décrites comme utilisant des cordes de couleur. Les sorcières modernes le font également ; j’en ai demandé la raison et elles m’ont dit les trouver simplement jolies. Cela peut tout bonnement signifier que, comme la sorcellerie est un rite religieux, tout doit être aussi « beau » que possible ou il existe peut-être des raisons qui ont été oubliées. On m’a suggéré que c’était peut-être, tout simplement, parce que les cordes blanches se salissent trop vite, mais je ne pense pas que cela soit cela, sinon elles utiliseraient des cordes noires ou foncées, même si les sorcières italiennes emploient des cordes ou du fil de couleur noir lorsqu’elles réalisent un charme maléfique.

Dans ce musée, j’ai un citron séché piqué d’épingles noires et ligaturé avec une corde noire. Ceci a été fait pour séparer deux amoureux dont les parents désapprouvaient l’union et on dit que les cordes noires sont utilisées pour « les sortilèges de mort ». D’ailleurs, la sorcière a utilisé des cordes blanches pour lier le maître chanteur, mais ce n’était en aucun cas pour le blesser, simplement pour l’empêcher de faire du mal à autrui et c’étaient les seules cordes qu’elle avait sous la main.

On dit que les sorcières babyloniennes capturaient les âmes des gens en faisant des nœuds sur une corde, en récitant un sort à chaque nœud. C’était une vieille accusation contre les sorcières en Europe, selon laquelle elles formaient des nœuds pour provoquer la ruine d’autrui, même si mes amis nient connaitre cet art. Mais il ne fait aucun doute que les (prétendues) sorcières de l’Île de Man et ailleurs vendaient des cordes nouées aux marins, pour leur procurer des vents favorables, on dit généralement que défaire le premier nœud provoque un vent léger qui se dissipe rapidement, tandis que défaire le troisième nœud  déclenche une tempête qui en général coule le navire.

Je pense que cela montre comment tout ce que faisait les sorcières était déformé. Les marins ne sont pas plus stupides que les autres. Il est évident qu’aucune personne sensée ne défera le troisième nœud si elle croit que cela provoquera une tempête et tout capitaine avisé achèterait un certain nombre de cordes et n’en utiliserait que les deux premiers nœuds. J’ai dit « prétendues sorcières » car quiconque vend des charmes et des sortilèges n’a pas été initié. Et une vieille loi sorcière stipule : « tu ne devras pas pratiquer la magie pour de l’argent. » Même si, bien sûr, comme dans toute religion, tous les adeptes n’obéissent pas toujours aux enseignements.13

Mettons au clair cette affaire « d’envoûtement » et de « maléfice jeté à un tiers ». Deux conditions préalables sont nécessaires à un « envoûtement ». La première : il faut un véritable motif ; et la seconde : il faut avoir la capacité de le faire. Lorsque ces deux conditions sont réunies, et parfois elles le sont, vous obtiendrez un résultat indubitable. Je connais personnellement trop d’histoires de ce genre pour dire que cela n’arrive jamais ; mais je dirais que c’est rare.

En premier lieu, faire une telle chose nécessite une dépense considérable de force psychique et quiconque doté d’un réel savoir ne le ferait pas pour des motifs triviaux.

Deuxièmement, ceux qui sont réellement au courant de ces choses n’auraient recours à un tel acte qu’en des circonstances exceptionnelles.

En conséquence, 99% des gens qui se disent « ensorcelés » sont des cas de pure auto-suggestion et je pense que ce type de cas a énormément augmenté suite à la campagne de peur lancée par la presse écrite.14

La même sorcière, en réponse à une suggestion d’un membre de la Society for Psychical Research, a dit :

Je doute qu’effectuer une série d’expériences magiques pour en observer les résultats à des fins de recherche métapsychique ne marche jamais. Si les gens avaient un tant soit peu d’expérience pratique, ils ne feraient jamais de telles propositions, parce que dans les opérations magiques réussies, un des plus puissants stimuli est le facteur émotionnel. Avant que vous ne puissiez faire du mal à votre ennemi au moyen d’une effigie en cire, vous devez être dans une fureur authentique et spontanée, comme il vous faudrait l’être pour le mettre k.o., physiquement.

Avant que vous ne puissiez réaliser un charme d’amour, vous devez ressentir un désir véritable et passionné dans ce but. Ces états d’esprit ne peuvent passer de l’un à l’autre  à volonté pour plaire à la S.P.R. Je pense que la même chose peut s’appliquer à la projection astrale. Les archives des projections réussies montrent presque toujours que leur résultat est le fait d’un désir puissant et spontané. Les exceptions concernent le cas des personnes en mauvaise santé.

C’est seulement l’opinion d’une sorcière, mais je pense qu’elle est très largement partagée. Elle parle comme si elle savait comment fabriquer une effigie en cire, mais elle dit qu’il s’agit seulement de notions générales. Jusqu’à présent, je n’ai trouvé personne qui sache le rite exact utilisé. Je ne doute pas le moins du monde que certaines personnes le connaissent, mais elles ne l’admettront pas. Je désire surtout entrer en sa possession parce que je pense qu’il est probablement resté plus ou moins inchangé depuis l’époque où l’homme des cavernes le pratiquait et la connaissance de ce rite pourrait donner une idée de sa pensée.15

« Gardner est certain que les sorcières possèdent des pouvoirs magiques. Dans ses livres et ses conversations quotidiennes, il parle beaucoup de l’aspect religieux de l’Art. Mais, à l’instar des fidèles de presque toutes les religions, les sorcières croient que la foi peut provoquer des effets surnaturels. Lorsque les sorcières pratiquent la magie, comme il le remarque lui-même avec soin, il n’est pas toujours possible d’attribuer un événement à leur intervention ; il aurait pu se produire de toute façon. »

C’est pour cette raison qu’une histoire bien attestée concernant l’un des membres les plus importants de l’Art est utile, en effet elle illustre l’utilisation de ce pouvoir magique.

Un jour, cette dame a discuté avec le directeur de sa banque. C’était un collectionneur de livres et il connaissait son intérêt particulier pour les ouvrages de magie. Il ne savait pas qu’elle était sorcière.

« L’autre jour, j’ai vu des choses qui vous aurait fait pleurer. » A-t-il dit.

« Quoi ? »

« J’évaluais des affaires appartenant à un vieux docteur qui est mort récemment. Il possédait quelques livres que j’ai achetés à sa veuve. »

« Oui, mais qu’est-ce qui m’aurait fait pleurer ? »

« Il possédait de nombreux manuscrits magiques que la veuve est sur le point de mettre au feu. »

« Mais elle ne devrait pas faire cela. »

« Je sais, mais c’est peine perdue. J’ai tenté de les lui acheter, mais elle est restée inflexible. Elle les déteste, elle en a peur et va les brûler. »

La sorcière avait le sentiment de ne pouvoir demander le nom et l’adresse du docteur, mais s’est arrangée pour connaitre le quartier où il avait vécu. Elle est montée dans un bus et s’y est rendue. Les gens du voisinage lui ont expliqué comment trouver la maison du docteur du secteur récemment décédé.

C’était une maison mitoyenne dont la façade était décorée de galets. Elle a gravi le petit chemin qui divisait la maison, à droite ou à gauche ? Elle est allée à droite. Elle a vu la porte d’entrée, surmontée d’un porche, sur le côté de la maison. Elle a frappé et sonné quelques fois. Personne n’a répondu. Elle s’est demandée que faire. Alors elle a remarqué un galet du mur qui était tombé dans l’herbe. Elle l’a récupéré pour « former un lien » et s’est dépêchée de rentrer chez elle car elle avait un travail à accomplir.

Gardner poursuit : « elle a appelé des amis cette nuit-là et ils ont fait le nécessaire, ensuite elle est allée dormir. »

Elle s’est réveillée au bout d’un moment et s’est sentie sortir de son corps, nue. Son nez lui semblait être pressé contre quelque chose. Elle était dehors, en plein air, et il faisait noir. Dans le ciel, elle a aperçu le contour du porche, de la porte d’entrée, de la maison en galets…

« Elle l’a souhaité avec force et soudain elle s’est retrouvée à l’intérieur de la maison. Elle pouvait voir une main pointer vers un grand divan en satin vert, avec de nombreux livres de couleur sombre posés dessus. »

Une voix semblait lui dire : « êtes-vous satisfaite à présent ? » Puis elle s’est réveillée pour se retrouver dans son lit.

Le lendemain matin, le directeur de la banque lui a téléphoné.

« J’ai reçu un coup de téléphone très curieux de la part de cette veuve dont je vous ai parlée. Elle était dans un état étrange. Elle a dit qu’une de mes amies emportera ces manuscrits magiques dont je vous ai parlés. Bien, je n’en ai parlé à personne, vous mis à part. Pouvez-vous m’expliquer cela ? J’ai oublié le nom… Oui, c’est… Mme Blank. La connaissez-vous ? »

La sorcière lui a répondu qu’elle ne la connaissait pas mais qu’elle irait la voir si celle-ci le désirait.

Cet après-midi là, la sorcière a rendu visite à la veuve.

« Vous venez de la part du directeur de la banque… Entrez. »

Elle a été conduite dans une pièce ; elle s’est retrouvée face au contenu du rêve, un divan en satin vert avec une pile de manuscrits reliés posée dessus.

« Êtes-vous satisfaite maintenant ? » a demandé la veuve,

« j’ai essayé de les brûler et quelque chose m’a obligé à les retirer du poêle. Et je suis terrifiée. Voulez-vous les emporter s’il vous plait ? »

Il y avait 28 livres de magie, deux épées magiques, deux pentacles et quelques autres objets. Les manuscrits étaient ceux donnés aux initiés de la Golden Dawn (une société créée par les magiciens MacGregor Mathers et Wynn-Westcott). Ils auraient du être appris par cœur et retournés à l’organisation. L’un d’eux portaient le nom du Comte MacGregor de Glenstrae, un nom utilisé par Mathers. Elle a gardé les épées, mais elle a donné les manuscrits à Gardner, qui les a exposés dans son musée.

Gardner estime que c’est une façon intéressante (et curieuse) dont le pouvoir agit parfois. Elle ne pouvait qu’émettre le souhait de les obtenir, d’une façon ou d’une autre. Le pouvoir a tout d’abord empêcher la veuve de brûler les documents entièrement (certains sont roussis), ensuite il lui a mis en tête que le directeur de banque avait une amie qui pourrait emporter ce qu’il l’avait effrayée.16

1 Gardner 2 115

2 Ndlt : Ici, Gardner emploie le terme de sorceress et non de witch, puisqu’il ne considère pas qu’elles aient été des sorcières du culte.

3 Gardner 2 110

4 Gardner 2 115

5 Gardner 2 104

6 Gardner 1 157

7 GGW 193

8 Gardner 2 105

9 Gardner 2 103

10 Gardner 2 103

11 Gardner 1 155

12 Gardner 2 147-149

13 Gardner 2 151-152

14 Gardner 2 245

15 Gardner 1 138

16 GGW 178-180