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Retour au sommaire « Les propos de Gardner ». Traduction & adaptation : Lune.
Le Grand Prêtre
Le dieu est représenté par le grand prêtre (s’il y en a un) et c’est lui qu’on appelait autrefois le Diable. J’étais très curieux à son sujet et lorsque je me suis retrouvé « à l’intérieur », c’est ainsi qu’elles disent pour membre du culte, j’ai immédiatement demandé : « qui appelle-t-on le Diable et de quoi s’agit-il ? » Bien que les membres du culte n’emploient jamais et, en fait, détestent ce terme, ils savaient ce que je voulais dire et m’ont répondu : « Tu le connais, c’est le leader. C’est le grand prêtre, le mari de la grande prêtresse. »
Bien que cela soit vrai, la réponse n’est pas exacte. En réalité, la réponse devrait être : « Il s’agit de quiconque est désigné par la grande prêtresse pour occuper cette position. » En pratique, elle nomme toujours son époux s’il possède un rang suffisant ; mais elle peut nommer quiconque est qualifié, elle-même incluse ; elle se ceint d’une épée et agit comme un homme. Autrefois, c’était souvent un distingué visiteur qui était désigné.1
Comme nous l’avons déjà vu, le Grand Prêtre d’un coven de sorcières est choisi par la Prêtresse… D’après les toutes premières représentations et descriptions (les plus anciennes sont les célèbres peintures rupestres découvertes en Ariège, dans la grotte des Trois-Frères, réalisées par des hommes de l’âge de pierre), le Grand Prêtre, qui était le représentant du dieu, portait parfois un costume rituel, consistant en une coiffe arborant les cornes d’un cerf ou d’un taureau, et d’une sorte de robe de cérémonie en peau animale ; parfois aussi, un masque dissimulait ses traits.
Cette coutume semble avoir été suivie plus particulièrement lors des grands Sabbats, lorsque les gens qui n’étaient pas de véritables initiés des mystères des sorcières pouvaient se rassembler à l’extérieur du cercle et venaient « pour la chance » (c’est-à-dire pour la bénédiction des Dieux Anciens) ou tout simplement pour s’amuser. Cela rendait les cérémonies plus impressionnantes et en même temps plus sûres, si le représentant du dieu était masqué et déguisé, de sorte qu’il ne pouvait être reconnu. La silhouette cornue, vue sous la faible lumière du clair de lune ou des torches devait apparaitre aux yeux des étrangers comme un être surnaturel, ce sur quoi les initiés ne devaient pas les détromper. Lorsque seuls les initiés étaient présents, le déguisement rituel n’était pas aussi nécessaire, de sorte que la coutume de le porter a disparu.2
On s’est aperçu rapidement que le rassemblement de paysans, de pêcheurs et autres non-initiés avait une telle crainte du grand inconnu que le culte est devenu plus puissant et que suite à cela, même lorsque le vieux chef tribal a endossé ce rôle, il était lui aussi masqué et anonyme. L’église l’a appelé le « diable » et il a été connu comme tel.
« Si cet homme mystérieux se présentait », ai-je demandé, « comment le reconnaitriez-vous ? » Et j’ai découvert que c’était pour elles un sujet de plaisanteries. Elles ne sauraient pas s’il s’agissait effectivement de lui ou non ! A leur connaissance, ça ne s’était jamais produit ; mais il existait toujours la possibilité qu’un tiers d’un autre coven se présente et revendique ce droit.
En fait, la grande prêtresse a dit : « Je lui parlerais et si je découvrais qu’il possède réellement un grand savoir, si je l’appréciais et le trouvais intéressant, je le traiterais comme un distingué visiteur et le nommerais pour la journée. Une autre grande prêtresse pourrait en décider autrement. » Elle a ensuite ajouté : « je souhaite qu’il soit comme ceux d’autrefois, un grand protecteur, qui se présenterait et posséderait une très grande demeure et des terres qu’il nous prêterait pour nos assemblées. S’il était réellement des nôtres, je ne me soucierais pas trop de sa vaste érudition ; je le désignerais et lui enseignerais ce qu’il doit savoir. » Voilà l’occasion pour quiconque désire endosser le rôle du Diable ! 3
1 Gardner 1 130
2 Gardner 2 20-21
3 Gardner 1 131