Inscription au cours : Wicca fondation
Retour au sommaire « Les propos de Gardner ». Traduction & adaptation : Lune.
L’onction
Je n’ai jamais vu les sorcières s’oindre entièrement mais on m’a montré une recette d’huile d’onction. Elle était composée de verveine ou de menthe écrasée et mise à macérer dans de l’huile d’olive ou du saindoux, on la laissait reposer une nuit puis on la filtrait à l’aide d’un linge pour retirer les feuilles. Des feuilles fraiches étaient ajoutées et le pressage était répété trois ou quatre fois, jusqu’à ce que l’huile soit fortement parfumée et prête à être utilisée. On dit que si elles vivaient dans un endroit où on ne pourrait les voir, elles se déshabilleraient et s’enduiraient la peau d’huile et iraient nues au sabbat. Cela les garderait suffisamment au chaud, le temps d’atteindre la danse. Parfois, elles ajoutent de la suie à l’huile afin de ne pas être vues la nuit.
L’une des accusations contre les sorcières était qu’elles devenaient invisibles la nuit et il est à noter qu’autrefois on pensait que la verveine conférait l’invisibilité. Elles ont une huile parfumée très puissante, qu’elles qualifient de nos jours d’huile d’onction. Elle est employée uniquement par les dames, qui en appliquent de petites touches sur les épaules, derrière les oreilles, etc., un peu comme un parfum ordinaire. Lorsqu’elles sont échauffées par la danse, elles exhalent de très fortes émanations, ce qui produit assurément un très curieux effet.
Ce dont elle est constituée est un grand secret ; elles ont du s’en passer pendant la guerre et encore un certain temps après, puis elles ont été réapprovisionnées. Elles se rendaient nues aux assemblées car si elles avaient été l’objet d’une perquisition, elles n’auraient pas eu le temps de se rhabiller et auraient laissé ainsi derrière elles des vêtements qui auraient pu les incriminer. Par ailleurs, elles avaient constaté que les soldats laissaient partir les filles nues mais arrêtaient les vêtues. Les corps huilés et glissants étaient aussi plus difficiles à attraper. En hiver, elles parvenaient à trouver un endroit abrité, une grotte ou une ruine, pour leur assemblées où elles pouvaient allumer des feux et avoir chaud.
Elles portaient des vêtements en se rendant à ces endroits et en revenant. On pouvait faire confiance à la « Mission » locale, qui enquêtait sur les événements anormaux, pour rester à la maison l’hiver. Elles m’ont dit aussi que dans la plupart des villages, les sorcières s’arrangeaient pour que la première maison du village et la dernière soient occupées par un membre du culte et toute sorcière étrangère, en voyage ou « en fuite », pouvait s’y rendre car elle serait assurée d’y trouver aide et protection. Dans les villages, les membres du culte entraient vêtus dans cette maison et il y étaient oints. Les occupants de la maison n’assistaient jamais au sabbat, mais dès que la dernière sorcière avait quitté la maison, toute excuse était bonne pour qu’ils se montrent à autant de gens que possible dans le village, de sorte que s’il devenait notoire qu’un sabbat avait été célébré dans le quartier, eux-mêmes se retrouvaient au-dessus de tout soupçon.1
Après avoir écrit ceci, j’ai reçu une lettre, datée du 19 septembre 1952, me disant qu’une assemblée s’était tenue dans un bois au sud de l’Angleterre environ deux mois auparavant, dans la traditionnelle nudité (heureusement, il faisait chaud.) Elles ont projeté le cercle avec l’Athamé, elles ont exécuté les danses de fertilité sur des balais, célébré les rites saisonniers appropriés ainsi que d’autres rites et ont accompli certaines des anciennes danses. La lettre mentionnait aussi trois assemblées en intérieur au cours des derniers mois durant lesquelles tout avait été fait de manière très satisfaisante et les sortilèges effectués avaient réussi ! 2
« Après cela, deux prêtres se sont rendus à la croix et le premier a ordonné à Perceval de s’en éloigner » ; et lorsqu’il s’est poussé, « le prêtre s’est agenouillé devant la croix et l’a adorée, il s’est prosterné et l’a embrassée plus qu’une multitude de fois et a manifesté le plus grand bonheur du monde. Et l’autre prêtre est venu ensuite, il a apporté une grande verge et il a poussé le premier prêtre de force, il a battu la croix avec la verge et a beaucoup pleuré fort tristement.
Perceval l’a observé avec grand étonnement et lui a dit, « Monsieur, il semble que vous ne soyez pas prêtre. Pourquoi un acte aussi honteux ? » « Monsieur » a répondu le prêtre, « ce que nous pouvons bien faire ne vous concerne en rien et vous n’apprendrez rien de nous. » S’il n’avait été prêtre, Perceval aurait eu raison d’être en colère contre lui, mais il n’avait aucune volonté de lui faire du mal. Alors, il est parti… » [Note de bas de page originale : « Dr. Sebastian Evans, The High History of the Holy Grail, pp. 89, 191. »]
Plus tard le Roi Ermite explique que les deux prêtres aiment le Christ de manière égale, celui qui frappe la croix le fait parce que c’est l’instrument de la douleur amère et de l’angoisse pour Notre Seigneur. Cette interprétation a-t-elle pu être introduite pour expliciter et justifier une cérémonie de baisers et de coups, ou de profanation de la croix, telle que les Templiers l’accomplissaient prétendument ?
The High History a été écrite en 1220 environ, elle semble montrer que la cérémonie d’alors était ancienne et avait une explication légitime aux yeux de ceux qui y prenaient part. L’auteur était probablement un prêtre Templier ou quelqu’un qui connaissait et approuvait leurs pratiques, et souhaitait peut-être les expliciter afin de dissiper toutes les rumeurs qui s’étaient répandues sur leur compte.
Il m’est venu à l’esprit que les sorcières avaient un rite qui consiste à embrasser, puis à frapper un objet, avec l’intention de le charger de pouvoir. Ce n’est pas une croix et elles n’en parlent pas comme d’une croix, pas plus qu’elles n’y pensent comme une croix. Mais en lisant ce récit, l’idée m’a frappé qu’un observateur situé à faible distance pourrait facilement croire que c’en est une. L’objet est plutôt cruciforme. Si les Templiers utilisaient l’ancienne magie, ils étaient les plus susceptibles de célébrer ce rite et des rumeurs ont pu se répandre.3
1 Gardner 1 53
2 Gardner 1 64
3 Gardner 1 79