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Coven (définition, histoire, explications). Par Doreen Valiente. Traduction Lune
Treize est le nombre traditionnel de personnes pour former un coven de sorciers. Idéalement, un coven devrait être composé de six hommes, six femmes et d’un leader.
Cependant, cela ne signifie pas qu’un groupe cultuel de sorciers ne puisse fonctionner à moins qu’il soit composé de treize personnes. On peut former un coven en étant moins de treize ; mais un coven ne devrait pas dépasser les treize membres. Lorsqu’il dépasse ce chiffre, le coven devrait se diviser et former un autre nouveau coven. Ainsi l’Art se propage et se perpétue.
Il existe une vieille loi sorcière selon laquelle une lieue (3 miles = environ 5 km) devrait séparer le lieu de rencontre d’un coven d’un autre, afin d’éviter tout conflit d’intérêts. Il existe également une autre règle traditionnelle qui dit que les covens ne devraient pas trop en savoir sur les affaires privées des autres covens ou de leurs membres. Seuls les leaders devraient rester en contact entre eux. La raison de cette règle est liée à l’époque des persécutions, car ce que les gens ne savaient pas, ils ne pouvaient en parler.
L’usage des « eke-names » (ndlt : il s’agit d’un terme moyen anglais, qui signifie littéralement « un nom additionnel ». Il est à l’origine du mot anglais « nickname »), ou surnoms, pour les membres du coven, provient en partie de la même source ; bien que cela soit également une coutume ancienne et universelle, les personnes qui passent par une cérémonie religieuse significative prennent un nouveau nom, pour indiquer un changement permanent de personnalité. Nous pouvons même en voir une réminiscence au sein de l’église chrétienne, où les gens sont autorisés à changer leurs noms chrétiens lors de la Confirmation, s’ils le désirent.
Le coven de 13 personnes est le plus connu des groupes cultuels de sorciers ; mais il existe aussi une formation bien moins célèbre, le coven de huit personnes. Il est constitué d’initiés plus expérimentés que le coven de treize. En fait, ce dernier peut être appelé ‘coven de fertilité’, il invoque et adore les pouvoirs de vie et de chance de manière générale ; le coven des huit est le coven magique, il se concentre sur des choses plus profondes et s’intéresse tout particulièrement à atteindre des états de conscience plus élevés. Les gens qui constituent un « coven de huit » sont probablement plus âgés et beaucoup plus réservés et secrets, que ceux qui appartiennent à un « coven de treize ».
En dehors de ces deux types de coven, il existe des sorciers solitaires qui ne s’organisent pas en coven et préfèrent travailler seuls. De tels sorciers sont généralement des personnes âgées et possèdent souvent une solide expérience, ainsi que davantage de pouvoirs occultes puissants que les membres de covens. Cependant, il se trouve généralement qu’ils ont suivi une formation dans un coven lorsqu’ils étaient plus jeunes ; et savent où trouver d’autres sorciers et, occasionnellement, joignent leurs forces dans quelque but spécifique.
Ces dernières années, des estimations ont été réalisées à propos du nombre de covens sorciers opérant dans les îles Britanniques. La plupart d’entre elles sont de pures conjectures fantaisistes ; car toutes les sorcières ne suivent en aucun cas la même règle de sorcellerie. À cause des années de persécutions, l’Art s’est fragmenté et ses différentes branches ont suivi leurs propres ramifications, « elles se sont refermées sur elles-mêmes ».
Les activités bien intentionnées des dernières années de Gerald Gardner, pour faire de la publicité à la sorcellerie, ont suscité une forte indignation chez de nombreux vieux sorciers. En fait, ils seraient d’accord avec celui qui a dit qu’aujourd’hui, il y avait trois types de sorcières – les sorcières blanches, les sorcières noires et les sorcières à publicité ! Ils considèrent les activités des personnes qui s’autoproclament « Rois » et « Reines » des sorcières comme étant juste du théâtre. Ces vieillards ne voient pas d’un bon œil la version de la sorcellerie pratiquée dans les covens que Gerald Gardner a fondés, qui leur semblent plus « Gardnériens » que traditionnel.
À cela, les « Gardnériens » rétorquent que les motivations de Gerald Gardner à rendre publique la sorcellerie étaient bonnes et sincères, et qu’ils l’en remercient. L’Art des Sages vit aujourd’hui une véritable renaissance. Ils affirment que leurs pratiques sont aussi traditionnelles que n’importe qui d’autre, et que leurs croyances et philosophies apportent la joie à de nombreuses personnes, qui, sans Gerald Gardner, n’auraient jamais entendu parler de la sorcellerie comme religion et chemin de vie.
Ils conviennent que la publicité était en rupture totale avec l’ancienne coutume ; mais ils disent que les temps ont changé et que le débat public sur la sorcellerie a permis aux anciennes traditions de se regrouper et d’être préservées, qui autrement auraient disparu et se seraient perdues.
Ils sont également d’accord sur le fait que le regain d’intérêt public pour la sorcellerie et l’occultisme en général a apporté avec lui son lot d’activités grandement douteuses. Toutefois, ils soulignent qu’il s’agit d’un problème récurrent pour tout occultiste sérieux, et que le temps permet de faire le tri entre le bon et le mauvais, de séparer le bon grain de l’ivraie.
Le nombre treize a longtemps été perçu comme possédant des propriétés magiques particulières, que reflète le groupe cultuel avec ses 12 membres et son leader. Selon l’astrologie, qui remonte à l’ère préchrétienne, nous avons le soleil et les douze signes du zodiaque. En outre, et c’est la chose qui probablement est le plus en lien avec la sorcellerie, il y a treize mois lunaires dans l’année ; une mesure du temps plus ancienne que les douze mois calendaires que nous avons aujourd’hui. Ainsi, il y avait treize Esbats de pleine lune chaque année, célébrés par les sorcières.
Tout au long de l’histoire, nous trouvons des groupes cultuels de 13 personnes ; c’est-à-dire 12 personnes et un leader. Romulus, le héros qui fonda Rome, avait 12 compagnons, appelés licteurs. L’antique collège des frères Arvales formait un corps de 12 prêtres, qui dansaient autour de la statue de Dea Dia, symbolisant le treizième membre. Le héros danois Hrolf, était suivi de ses treize Berserks. Certaines versions des légendes arthuriennes racontent qu’à la Table Ronde du Roi Arthur se tenaient le Roi lui-même et ses douze chevaliers. Dans une légende médiévale, le Roi Charlemagne avait douze Paladins. Dans certaines histoires, la bande de Robin des Bois (Robin Goodfellow en anglais) de la forêt de Sherwood se composait de douze hommes et d’une femme, la Damoiselle Marianne.
Les vieilles histoires celtiques nous parlent des Treize Trésors de Bretagne, que le magicien Merlin emporta avec lui lorsqu’il disparut du monde des hommes. Le même concept des treize saints apparaît dans les légendes des Vikings, qui dépeignent Odin régnant sur Ásgard et un groupe de douze principaux dieux et déesses.
Nous avons une survivance de la sainteté et de la puissance du chiffre 13 dans notre système juridique, qui requiert treize personnes, présidées par un juge à qui elles rendent leur verdict. Il y a aussi une vieille croyance, souvent rencontrée dans les traditions anglaises à propos des fantômes, qui dit que douze hommes d’église agissant ensemble pourraient bannir un esprit gênant, ou en tout cas, le contraindre à ne plus perturber les vivants. Dans ce cas, le fantôme représente le treizième.
À cause de ces associations avec la sorcellerie, le nombre treize en est venu à être appelé « la Douzaine des Diables ». De vieilles images d’assemblées de sorcières dépeignent souvent douze personnes et une treizième. Il existe, par exemple, une miniature française du XVe siècle tout à fait charmante à la Bibliothèque Bodléienne du Collège Rawlinson, qui représente une réunion de sorcières se tenant juste à l’extérieur du village. Au premier plan, trois femmes et un homme adorent un bouc et tiennent dans leurs mains des bougies allumées. Derrière eux, deux couples s’embrassent. Trois sorcières montées sur des balais volent joyeusement au-dessus d’eux, et une autre sorcière émerge tout juste de la cheminée d’une maison proche. Ainsi, il y a douze sorcières sur cette image, et le Dieu Bouc est le treizième.
Margaret Murray, dans son livre « Le Dieu des Sorcières » (Faber, London, 1952), reproduit l’image d’une danse de sorcières tirée d’une vieille ballade dite ‘blackletter’ sur « Robin Goodfellow ». On y voit des sorciers et sorcières dansant dans un cercle, homme et femme alternés. En dehors du cercle de danseurs, un douzième sorcier joue d’un instrument de musique, sans doute une flûte à bec. Le treizième personnage est Robin Goodfellow, dansant dans le cercle, avec des cornes et des sabots, et portant une bougie allumée et un balai. Soit il est l’ancien Dieu lui-même, soit son premier représentant en déguisement rituel. Il existe une autre version de cette image qui montre six hommes et six femmes dans un cercle, plus le personnage de Robin Goodfellow et le musicien à l’extérieur du cercle. L’existence de ces deux versions est curieuse et cela peut avoir une certaine importance.
L’un des premiers procès en sorcellerie des îles Britanniques dont les pleins détails sont arrivés jusqu’à nous, est celui de Dame Alice Kyteler de Kilkenny, en 1324. Les noms des accusés sont enregistrés au nombre de douze au total. Le treizième était celui de Robin Artisson, le « Diable » du coven, qui s’évada (comme le fit, finalement, Dame Alice).
Joseph Glanvill a décrit, dans son « Sadducismus Triumphatus », publié en 1681, deux covens de 13 personnes. Glanvill, qui était chapelain du Roi Charles II, déplorait le scepticisme grandissant de son époque ou ‘Sadducism’ comme il l’appelait. Il a écrit son livre pour le combattre. Il y rapporte un certain nombre de contes intéressants pour prouver la réalité de la sorcellerie et du surnaturel. Parmi ces contes se trouve l’histoire des sorcières de Somerset qui ont été jugées en 1664. Ces deux covens étaient constitués de 13 personnes chacun, l’un était à Wincanton et l’autre à Brewham. Ils étaient gouvernés par un mystérieux « homme en noir » dont l’identité n’a jamais été révélée. Une fois encore, il s’agit d’un cas où les noms réels des deux covens ont été conservés dans les dossiers juridiques.
En 1662, la sorcière écossaise Isobel Gowdie d’Auldearne, s’est elle-même livrée aux autorités et a fait la confession la plus longue et la plus détaillée qui soit parvenue jusqu’à nous, dans le cadre d’un procès de sorcière en Grande-Bretagne. Au cours de celui-ci, elle a déclaré que les sorcières étaient organisées en coven et que chaque coven était composé de treize personnes.
Le Dr Rossell Hope Robbins, dans The encyclopedia of witchcraft and demonology (Crown Publishers Inc, New York, 1959), rejette l’idée de l’existence réelle des covens sorciers et affirme que le mot « coven » est apparu pour la première fois en 1662, suite à la confession d’Isobel Gowdie, qu’il désigne comme « les divagations d’une vieille femme ». Mais selon Christina Hole, dans son livre Witchcraft in England (Batsford, London, 1945 and Collier Macmillan, New York 1966), Isobel Gowdie était « une jolie jeune femme aux cheveux roux, l’épouse d’un fermier » et son nom est resté dans la mémoire des gens de Morayshire. Elle a été pendue à Westport dans le comté d’Elgin et son corps a été réduit en cendres, car selon certaines croyances c’est seulement ainsi que le pouvoir d’une sorcière peut être totalement banni. On n’a jamais su pourquoi elle s’était sacrifiée.
Chaucer utilise le mot « coven » dans ses Contes de Canterbury et désigne une assemblée de treize personnes. Il s’agit en fait d’une variante du mot « convent », qui perdure à ce jour à Londres à travers le nom de Covent Garden. L’orthographe latinisée de « covent » a été introduite aux environs de 1550 et a remplacé peu à peu l’ancienne forme. Un poème du début du XIVe siècle, intitulé Handlyng Synne, parle d’un « coveyne » de treize personnes qui exécutaient des danses impies dans le cimetière d’une église pendant que le prêtre disait la Messe et qui ont été dûment punies pour leurs manières pécheresses.
Manifestement, le « covent » ou « coveyne » ou encore « coven » (il existe plusieurs variantes orthographiques) était un groupe de treize personnes. Elles pouvaient être chrétiennes, comme dans le livre des Ecclesiastical Memorials (cité par le Oxford English Dictionary, Clarendoin Press, Oxford, 1933), écrit en 1536, et qui parle des maisons de religion « dont le nombre dans l’une de ces maisons est, ou dernièrement a été, inférieur à celui d’un covent, c’est-à-dire moins de treize personnes ». Mais les méchantes personnes du « coveyne » qui dansaient dans le cimetière de l’église n’étaient certainement pas des personnes religieuses.
Finalement, le mot « coven » n’a plus été utilisé que pour désigner exclusivement un groupe cultuel de sorcières et c’est ainsi qu’il est parvenu jusqu’à nous.
Les traditions héraldiques donnent corps à de nombreux symbolismes et de curieux savoirs, dont certains font allusion à l’occultisme. Il est à noter que le Collège des Hérauts est constitué de treize personnes :
- trois rois des armes, appelés Garter, Clarencieux, et Norroy ;
- six hérauts, Somerset, Richmond, Lancaster, Windsor, Chester et York ;
- et quatre Poursuivants, appelés Rouge Dragon, Blue Mantle, Portcullis et Rouge Croix.