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Par Doreen Valiente. Extrait de : « ABC of Witchcraft ». Traduction & adaptation : Lune.
Bune wand est l’ancien nom écossais donné à tout objet utilisé par une sorcière pour s’envoler. Contrairement à la croyance populaire, l’instrument du vol légendaire des sorcières n’a pas toujours été un balai. Les tout premiers récits font souvent référence à une baguette fourchue, ou simplement à un bâton, qui est donné à la sorcière lors de son initiation, en même temps qu’un récipient contenant un baume, l’onguent des sorcières ; et c’est ce dernier qui permet à la sorcière de s’envoler.
Ulrich Molitor est l’un des premiers écrivains à parler de la sorcellerie dont les livres ont été imprimés fut. Il était professeur à l’Université de Constance (ndlt : en Allemagne). Son livre De Lamiis et Pythonicis Mulieribus (Les Sorcières et Devineresses) qui fut publié en 1489 contient six gravures très pittoresques et plutôt plaisantes. L’une d’entre elles est la première image connue, issue d’un livre imprimé, représentant des sorcières en plein vol. Elle dépeint trois sorcières, portant des masques d’animaux fantastiques, et partageant le même bâton fourchu, sur lequel elles s’élèvent au-dessus de la campagne.
La prévalence du bâton fourchu en tant que « bune wand » est intéressante, rappelons-nous que Diane et Hécate, les déesses lunaires classiques de la sorcellerie, portaient toutes deux le titre de Trivia, « des trois chemins », et que leurs statues étaient érigées là où trois routes se croisaient. Le bâton fourchu symbolise bien cela, et c’est pourquoi il est utilisé lors du rituel des sorcières. Il ressemble également aux cornes du Dieu Cornu.
Les plantes à long pétiole ont souvent été considérées comme étant des « bune wands » de sorcières, particulièrement celles qui poussaient dans des endroits sauvages et désolés. Le séneçon de Jacob est l’une d’entre elles ; et il existe un dicton de l’île de Man qui dit :
« Aussi notoire fut la sorcière, elle chevauchait toujours le séneçon. »
Isobel Gowdie, une jeune sorcière écossaise dont les aveux détaillés recèlent un air de poésie sauvage, a parlé de ses envols de sorcière :
« Lorsque nous chevauchions, nous prenions des jouets du vent (ndlt : Apera spica-venti (L.) P. Beauvois, dont l’un des noms communs est ‘jouet du vent’ ou encore ‘agrostis des champs’), des tiges de haricots, et les mettions entre nos pieds, puis nous disions trois fois :
‘Horse and Hattock, horse and go,
Horse and pellattis, ho ! Ho !’Et immédiatement, nous volions là où nous voulions. »
Si les sorcières s’étaient effectivement enduites d’onguent psychotrope avant d’accomplir ce rituel, il est fort possible que celui-ci leur ait permis de focaliser leur esprit sur l’idée qu’elles volaient sur une baguette ou un balai ; de sorte que leurs visions, résultant de la transe induite par la drogue, revêtiraient cette forme.