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Les Masques des Esprits dans le Paganisme européen
Par Nigel Jackson ©, traduction et adaptation Tof
Pour atteindre l’état extatique, la conscience magique dans laquelle les mondes phénoménaux et nominaux interagissent, les chamans traditionnels employaient différentes techniques comprenant entre autre la magie rythmique du tambour, la danse sacrée, les chants incantatoires et l’utilisation du masque des esprits pour arriver à une communion profonde avec les êtres divins. Porter le masque de l’esprit c’est invoquer les pouvoirs de l’Autre Monde, car le masque exprime la présence des divinités d’une manière directe et tangible.
Pour celui qui le porte comme pour celui qui voit le masque, la magie du masque est une méthode pour dépasser la perception « ordinaire » et glisser dans « la faille entre les mondes » jusqu’aux profondes réalités du Pays des Elfes. L’essence réelle de la magie des masques a été fort habilement résumée par Mercia Eliade comme étant la « transformation totale de l’individu en tout chose d’autre ».
Le masque des esprits est un élément constant des traditions sacrées des cultures païennes polythéistes. Les masques des chamans sibériens, appelés abagaldei étaient faits en bois ou en peau avec la barbe et les sourcils en fourrure d’écureuil. Les chamans toungouzes disent que le masque « montre que l’esprit de Malu est en lui » Partout le masque rituel est un véhicule de transformation et d’incarnation du sacré.
Dans notre tradition spirituelle païenne et sorcière il semble que cette tradition du masque magique ait toujours existé. Un des noms d’Odin, le Maître chamanique de l’extase, est Grimr « le masqué ». Au cours du 7ème siècle en Grande Bretagne, l’archiprêtre Théodore (en faisant référence à l’Ooser ou masque de taureau porté lors des rites populaires) condamnait ceux qui portaient un masque de cerf ou de taureau aux calendes de janvier.
Les masques totémiques d’oiseaux ou d’animaux du paganisme germain et celte qui permettent d’atteindre magiquement la transformation chamanique sont très présents dans les traditions populaires européennes. Au moyen-age en Allemagne des processions tapageuses de jeunes gens au visage noirci marchaient à Samain en imitant les esprits nocturnes qui chevauchaient avec Perchtl ou Frau Holda, la déesse sauvage de la Horde Furieuse des voyageurs nocturnes. Au Tyrol, à la St Martin et au Solstice d’hiver, la procession que l’on nomme Perchtenmsaken conduite par un homme sur un cheval blanc gambade autour des champs.
Dans une procession allemande on pouvait voir des gens masqués nommés « faces-de-mort » et faces-d’ours » dont l’aspect rituel représentait les esprits chthoniens héréditaires et celui de l’ours du monde de sous terre. Egalement dans la tradition des cérémonies de la Chasse Sauvage on trouve le Charivari médiéval. C’est une procession extatique et désordonnée de personnages masqués grimés en cerfs, taureau, lièvre, renard et en loup qui troublent les banquets de noces.
Dans la coutume britannique du « guizing » à Samain, les danseurs et les acteurs utilisaient des masques rituels pour se métamorphoser sous l’aspect de l’esprit des ancêtres de la Chasse Sauvage, on en retrouve la trace dans les masques de démons, de diables, de cadavres que portent les enfants à Halloween. Lors de la célébration du Solstice d’hiver on retrouve des personnages masqués comme St Georges, le Médecin et le Père Noël dans des danses rituelles et des Mystères. Ils représentent le Seigneur de l’Hiver, le Roi Houx.
On retrouve aussi des processions masquées dans le Yorkshire et les « frappeurs » du Northumberland font une danse où ils croisent leur épée. Dans les cérémonies païennes de Beltane on retrouvait des masques des esprits et l’on pouvait reconnaître Jack-in-the-Green. De tels masques de bois étaient faits en écorce et décorés avec des feuilles d’aubépines et de chênes. Les acteurs rituels jouaient le mystère de la mort et de la résurrection, et dansaient autour du Mat de Mai avec la déesse des Fleurs, la Reine de Mai.
Dans son livre « A Calendar of German Customs » publié à Londres en 1966, Richard Thonger raconte qu’à Whitsuntide « les villageois sont allés dans les bois pour ramasser des branches vertes et sont revenus avec un masque d’écorce. On appelait ce masque Pfingst dans le sud et Homme Sauvage ou Homme Vert (Laubmannchen) en Thuringe. Parfois il porte un masque d’oiseau et on l’éclabousse avec de l’eau. Il est appelé l’oiseau d’eau le Wasservogel.
Le visage feuillu du Green Man des églises ressemble beaucoup à un masque. Ce sont peut être des copies d’objets de cultes votifs que l’on trouvait dans les anciens temples et sanctuaires païens. Parmi les autres masques traditionnels en Europe il a ceux de du cygne et de l’oie, des psychopompes chamaniques et des esprits féeriques qui sont des guides et des véhicules pour le voyage dans l’Autre Monde, ils nous permettent de traverser les dimensions dans leur vol magique.
L’Homme Noir ou le magister du Coven Traditionnel porte normalement un couvre-chef / masque à cornes de cervidés car il est le grand prêtre de Cernunnos ou Gwynn, l’Initiateur et le Seigneur D’Annwyn. On raconte que dans les régions forestières du sud de l’Autriche, se sont tenues à l’époque moderne des réunions sorcières où tous les participants portaient des masques de cerf.
Des auteurs allemands du XVIème siècle racontent que les sorcières portaient des masques lors du Sabbat et Henri Boguet rapporte que les membres du coven lyonnais qu’il a jugé portaient également des masques lors de leurs rituels.
Dans un texte français de 1614 on parle d’un rassemblement de 200 sorcières masquées ainsi que de sorcières se transformant, comme le faisait Isabel Gowdie, en lièvres, chats, corneilles et abeilles. Il est possible que cela fasse référence aux danses rituelles masquées où l’on invoquait des animaux et des oiseaux totems. En 1590 lors du procès des sorcières de North Berwick, on a reproché à John Fian d’avoir été masqué lorsqu’il dirigeait le coven en procession autour de l’église.
Depuis son utilisation dans la religion paléolithique, la magie celte et norroise et les grands festivals populaires, le masque des esprits a survécu dans la danse Morris, où il est porté par les personnages déguisés en « schuddigs » et « perchtls », dans les reconstitutions historiques, les carnavals et les masques moyenâgeux. Comme l’église n’appréciait pas cela, pas plus qu’elle n’appréciait les sorcières traditionnelles, les masques se sont cachés. Il faut redonner aujourd’hui aux masques leur place dans le travail magique, car le masque à une influence étrange et éternelle sur l’imagination, ils évoquent et rendent visible les dieux païens, les fées et les totems et rapprochent les frontières entre les mondes.
Dans son livre « A Calendar of German Customs » publié à Londres en 1966, Richard Thonger raconte qu’à Whitsuntide « les villageois sont allés dans les bois pour ramasser des branches vertes et sont revenus avec un masque d’écorce. On appelait ce masque Pfingst dans le sud et Homme Sauvage ou Homme Vert (Laubmannchen) en Thuringe. Parfois il porte un masque d’oiseau et on l’éclabousse avec de l’eau. Il est appelé l’oiseau d’eau le Wasservogel.
Le visage feuillu du Green Man des églises ressemble beaucoup à un masque. Ce sont peut être des copies d’objets de cultes votifs que l’on trouvait dans les anciens temples et sanctuaires païens. Parmi les autres masques traditionnels en Europe il a ceux de du cygne et de l’oie, des psychopompes chamaniques et des esprits féeriques qui sont des guides et des véhicules pour le voyage dans l’Autre Monde, ils nous permettent de traverser les dimensions dans leur vol magique.
L’Homme Noir ou le magister du Coven Traditionnel porte normalement un couvre-chef / masque à cornes de cervidés car il est le grand prêtre de Cernunnos ou Gwynn, l’Initiateur et le Seigneur D’Annwyn. On raconte que dans les régions forestières du sud de l’Autriche, se sont tenues à l’époque moderne des réunions sorcières où tous les participants portaient des masques de cerf.
Des auteurs allemands du XVIème siècle racontent que les sorcières portaient des masques lors du Sabbat et Henri Boguet rapporte que les membres du coven lyonnais qu’il a jugé portaient également des masques lors de leurs rituels.
Dans un texte français de 1614 on parle d’un rassemblement de 200 sorcières masquées ainsi que de sorcières se transformant, comme le faisait Isabel Gowdie, en lièvres, chats, corneilles et abeilles. Il est possible que cela fasse référence aux danses rituelles masquées où l’on invoquait des animaux et des oiseaux totems. En 1590 lors du procès des sorcières de North Berwick, on a reproché à John Fian d’avoir été masqué lorsqu’il dirigeait le coven en procession autour de l’église.
Depuis son utilisation dans la religion paléolithique, la magie celte et norroise et les grands festivals populaires, le masque des esprits a survécu dans la danse Morris, où il est porté par les personnages déguisés en « schuddigs » et « perchtls », dans les reconstitutions historiques, les carnavals et les masques moyenâgeux. Comme l’église n’appréciait pas cela, pas plus qu’elle n’appréciait les sorcières traditionnelles, les masques se sont cachés. Il faut redonner aujourd’hui aux masques leur place dans le travail magique, car le masque à une influence étrange et éternelle sur l’imagination, ils évoquent et rendent visible les dieux païens, les fées et les totems et rapprochent les frontières entre les mondes.
De nos jours, le masque des esprits ouvre des possibilités prolifiques pour des rites dramatiques basés sur un mythe inquiétant, des métamorphoses magiques et des rituels votifs. La valeur de tels masques tient dans le fait que cela nous aide à transcender notre personnalité et à entrer dans la nature des Anciens, ils nous permettent d’entrer dans la réalité magique de Pays de Elfes.
Au cours des dernières années j’ai travaillé avec un ami sur différents masques rituels et nous avons fabriqué un masque d’esprit du chat et un masque d’esprit du hibou. Ces masques ont été fabriqués en papier-mâché qui, après avoir reçu quelques couches de peinture blanche, fait une excellente base pour y peindre un visage stylisé en couleurs.
Nous avons commencé par y ajouter des plumes ainsi que du cristal et d’autres matériaux adaptés. Ces objets sont aussi stables que le bois verni et se trouvent facilement – et semblent bien convenir pour la création de visages sans trop de détails.
Une des étapes essentielles sera de charger le masque des forces qu’il est chargé de représenter. Récemment j’ai pratiqué un rituel où j’ai baigné le masque sous la lumière de la lune, j’ai entonné une incantation à la Maîtresse des Hiboux, Cailleach de la Lune Nocturne, et je l’ai chargé de puissance. La cérémonie a été marquée par la présence des esprits, et pour moi cela fut une initiation totémique mineure puisque ensuite, pendant quelques semaines j’étais habité par le totem du hibou.
Un masque d’esprit pleinement chargé induit une présence angoissante et une puissance, ressemblant souvent à un « observateur » non-humain. Le masque devient le point central des forces de l’Autre Monde, et cela encore plus lorsqu’il est porté. Pour les Samoyèdes de Sibérie, le masque permet d’intensifier la concentration interne et facilite sa focalisation sur son conscient. Lorsqu’on le porte, le masque donne la sensation de se détacher du monde, de rentrer en soi-même, sa personnalité superficielle se soumet, elle est transcendée par le pouvoir spirituel profond que symbolise le masque. Comme l’a dit l’universitaire finlandais Uno Harva, tout le costume cérémonial traditionnel et magique du chaman ou de la sorcière se résume en un masque et l’on peut considérer que tout le reste n’est que prolongement de ce masque qui incarne dans toutes les traditions païennes une incarnation du « visage de l’esprit ».