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Par Fingen, Beltane 2011.
Une petite pause dans mes traductions pour vous faire part de ce que j’ai vécu dans le groupe d’amis avec lequel j’ai célébré le dernier sabbat.
C’était Beltane. Un Beltane qui allait s’avérer particulièrement chaotique mais énormément magique.
Dans l’après-midi précédant le rituel de Beltane, nous avions pratiqué plusieurs exercices et notamment le voyage au tambour. Celui de cet après-midi revêtit pour moi une signification particulière. Cela faisait maintenant de nombreuses années que je pratiquai le voyage au tambour, et je m’émerveille à chaque fois de ce que je peux en ressortir.
Celui-là me vint, parcourant un sentier forestier, quand mon animal de pouvoir (un léopard) courait devant moi.
Soudain, un chevreuil zigzague devant lui et se fait sauter à la gorge pas mon léopard qui le tue sur le coup. L’animal est pris de soubresauts sur le sol où son sang se répand. Puis son corps se transforme et le chevreuil devient un superbe cerf aux bois dressés vers le ciel. Continuant sa transformation il prend l’apparence d’un homme musculeux et très grand aux jambes de cerf.
J’ai en face de moi le Dieu, Herne le chasseur. Il m’apprend qu’il voulait me montrer quelque chose par cette scène et me dit de rejoindre mon animal de pouvoir qui était déjà plus avant sur le sentier.
Je me souviens bien qu’il irradiait d’une énergie difficilement descriptible qui semblait englober tout.
Le voyage s’est arrêté ainsi.
Le rituel de Beltane, à proprement parler, prenait place cette année après une initiation au premier degré.
L’initiation commence, et très vite, l’initiée est prise de malaise. La cérémonie dû être adaptée face l’état physique de celle-ci et sa volonté de poursuivre malgré tout. Il y a toujours à apprendre dans les différentes situations que nous rencontrons, et ce jour-là a permis de mettre en évidence la cohésion d’un groupe et l’amour qui en résulte pour faire en sorte que tout se déroule pour le mieux. J’ai ressenti un maximum de sentiment de partage, d’amour et de joie d’aider ses amis. Du chaos est finalement sorti quelque chose de magique.
Mais ce qui m’a amené l’idée de cet article, c’est ce qui suit :
De nombreuses fois j’ai ressenti le pouvoir de la Déesse ou d’autres esprits qui, à chaque fois, ont comme renforcé ma foi si besoin était.
Ce jour-là, ce fut le cas comme rarement.
Le grand prêtre commence à prononcer ses paroles et, ensuite, la partie de la charge prononcée par la grande prêtresse commence.
Je dois tout d’abord vous décrire la scène. Un rituel peut s’avérer très long, et, à moins de les enchaîner à tour de bras, il est difficile de tout retenir par cœur. Donc, pour se faire, un support papier est là en cas de besoin.
C’est là que la magie opère.
L’ambiance avant la charge de la Déesse est à la décontraction, aux rires. Après tout, nous avons une nouvelle initiée parmi nous, la joie est de rigueur !
Soudain, la grande prêtresse commence et le silence se fait.
Je suis saisi par le texte, pas celui qui est sur mon papier que je ne regarde même pas, mais par les paroles qui s’envolent et exerce, sur moi, un pouvoir quasi hypnotique.
Je regarde la prêtresse qui entonne la charge, plus que cela même, qui laisse la charge couler à travers elle. Ses yeux noirs sont ardents, profonds, je ne trouve pas d’autres mots. Si, possédés d’une énergie qui m’emporte. Je dois à plusieurs reprises fermer les yeux tellement l’énergie m’écrase et j’ai presque l’impression que je pourrais me faire terrasser.
Les yeux clos, je la vois quand même, la prêtresse, qui irradie d’une énergie incroyable et je vois que nous sommes tous connectés.
D’ailleurs autour de moi le silence s’est fait, et chacun est dans un état de transe limite extatique.
La prêtresse a la voix qui vacille parfois, sanglote presque, et me rappelle qui elle est car je l’avais complètement oubliée.
Devant moi je le sais maintenant, j’ai la Déesse et je comprends depuis la puissance de la Charge.
Les yeux clos comme ouverts, je vois comme un arc de lumière qui me relie à la prêtresse et je sens en moi comme si mon énergie voulait quitter mon corps par mes épaules. Je me sens tiré vers le haut et tout d’un coup la vision de mon voyage de l’après-midi m’apparaît. La même énergie que celle du Dieu qui se dresse à travers moi, puissante. Comme si le contact de l’énergie de la Déesse réveillait en moi celle du Dieu qui se dressait en égal, en partenaire face à elle.
L’énergie a continué de circuler ainsi jusqu’aux dernières paroles :
Et si vous dites, « j’ai voyagé jusqu’à toi et cela ne m’a pas profité, » vous devriez plutôt dire « je t’ai appelée et attendue patiemment alors que tu étais avec moi depuis le début », car ceux qui m’ont toujours désirée, ne m’atteindront jamais, même à la fin de tout désir.
Et là, pour employer une expression triviale : « scotché ».
Le silence, encore, quelques secondes, puis les corps qui se remettent à bouger et les esprits à revenir à un mode plus « habitue ». J’avais envie de dire simplement « outch ! », mais je n’ai rien dit, gravant à jamais cet instant dans ma mémoire.
J’ai plusieurs fois lu et tenté de m’approprier la charge, celle de 1949 du BoS de Gardner. Souvent elle me laisse ému, mais jamais elle ne m’a littéralement foudroyé comme ce fut le cas ce jour-là.
Lors de Beltane, la Déesse m’est apparu dans le corps de sa servante et prêtresse. Son énergie réveilla le pouvoir du Dieu qui est en moi. Souvent il est question d’animus et d’anima dans ces pratiques et tout le monde ne sent pas ces concepts qui, sans être compliqués, peuvent paraître austères. Le vivre démêle tout, rend tout plus simple.
Pouvoir d’amour effroyable ? Je n’ai pas trouvé de meilleur titre. C’est vraiment ce que j’ai ressenti.
Une force d’un vieil esprit, empli d’amour et de vie. Une vie qui fait malgré tout promesse de mort, un autre voyage.
Je souhaite à tout le monde de vivre un instant pareil !
Image : Luis Ricardo Falero, « Étoile polaire. »