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Connaissances Sorcières des plantes
Par Nigel Jackson ©, traduction Lune
(Chapitre ’15’ de « Call of Horned Piper »)
La sorcière traditionnelle était un véritable répertoire de l’ancienne connaissance des herbes et connaissait bien l’utilisation des plantes naturelles et substances fongiques pour guérir les souffrants ou pour empoisonner le fâcheux qui persécute les membres du groupe. La Sorcellerie et les Arts du Guérisseur employaient des brouets, potions, infusions, onguents et fumigations préparés magiquement, à base de fleurs, de graines, de tiges, de feuilles et de racines d’herbes indigènes qui pouvaient être récoltées dans les champs, les bois et les haies de la campagne par les bien informés et ceux aux yeux-perçants. La connaissance des plantes constituait une branche étendue de la « magie naturelle » en elle-même au sein de laquelle chaque herbe était censée receler des qualités astrales et planétaires, qui pouvaient être employées en sorcellerie et sceller les sorts dans divers buts.
Les racines anthropomorphiques, telles que la légendaire mandragore et la bryone blanche, ont longtemps été prisées pour leur potentielle magique. La Mandragore, également connue comme le Gallow’s Man (ndlt : le Pendu, l’homme du gibet), Mandragora, et la Pomme de Satan, est cueillie selon une cérémonie élaborée ; le cueilleur doit s’approcher, au crépuscule, et dessiner trois cercles autour d’elle avec une lame consacrée avant de creuser autour de la racine. Selon certaines autorités en la matière, la Mandragore brille d’un étrange halo dans le noir et doit être arrachée avec un instrument en ivoire ou en bois plutôt qu’en fer. On dit qu’elle émet un cri mortel lorsqu’elle est extirpée de la terre et quelques fois un chien était utilisé pour tirer l’herbe, à l’aide d’une corde attachée à sa queue. La Bryone Blanche est interchangeable avec la Mandragore et on dit qu’elle pousse avec une luxuriance particulière sous une potence ou sur les tombes de suicidés ou de sorciers.
La Mandragore est appelée « la Plante de Circée » et était employée, d’après certaines informations, par la grande enchanteresse grecque pour apporter des transformations magiques. Elle est également sacrée pour Vénus et à une formidable renommée de puissant aphrodisiaque et d’inspiratrice d’amour, de fornication et de fertilité quand portée par la personne ou consommée en breuvages magiques.
Les Mandragores pouvaient aussi être employées en qualité de familier (Ndlt : magistellus comme les nomme Paul Huson) ou esprit-guide qui facilitait la divination et protègeait la sorcière des attaques psychiques malveillantes. La racine était ‘baptisée’ rituellement trois fois avant d’être à nouveau enterrée pendant un mois lunaire ; elle était alors arrachée et à nouveau baptisée trois fois tandis qu’elle était lavée dans du vin un vendredi. La racine devait être enveloppée dans un morceau de soie blanche et on s’adressait toujours à elle en utilisant son nom magique auparavant. Les sorcières allemandes connaissaient cette image comme un ‘Alrun’ ou Erdemannekin.
Les fleurs d’ail et les oignons sont réputés pour leur pouvoir à parer aux méfaits des esprits vampiriques dans la campagne slovène. De même, les fermiers scandinaves suspendaient des gousses d’ail autour du cou du bétail pour prévenir des vols de lait par les gobelins et pour détourner l’attention malicieuse des trolls. On dit que l’ail pousse sur l’empreinte de sabot-fendu du Diable.
La fougère est sacrée pour la lune et ses graines recèlent le pouvoir de rendre invisible celui qui les porte, lorsque ramassées la nuit, veille de Midsummer. Dans le folklore allemand, on appelle cette plante « Ailes de la Sorcière ». Le savoir sorcier slovène célèbre la fougère comme étant la « Fleur de Feu », la principale herbe sacrée à Kupala. Au cours de « la nuit de Kupala », le cueilleur doit aller en forêt à minuit et observer comme les fleurs de fougère baignent dans un nuage d’une ardente lumière brillante. Puis un cercle magique était dessiné autour de la fougère tandis que ses fleurs étaient coupées, alors que de nombreux démons tentaient de dissuader et de terrifier le cueilleur. Armée de la fleur de fougère, la sorcière pouvait réellement écouter et comprendre le langage des plantes tandis qu’elles conversaient entre elles. L’armoise est une autre herbe lunaire tenue pour accroître la vision-esprit et la clairvoyance lorsqu’elle est bue en thé ou brûlée en fumigations. Les feuilles fraîches d’armoise, lorsque frottées sur les miroirs de divination ou « keek-stone » (ndlt : pierre de vision), accroîtraient leur magnétisme magique.
Le Millepertuis ou hypericum est sacré pour le soleil et manifeste une influence protectrice solaire contre les entités malignes ; il est sous le règne du « brillant dieu-du-jour » Baldur et des bouquets étaient accrochés sur la porte des maisons de campagne pour leurs qualités apotropaïques. Le Millepertuis possède aussi la capacité étrange de se déplacer aux alentours pour éviter les cueilleurs. Parmi d’autres herbes solaires importantes, on trouve l’Héliotrope, la Camomille et la Pâquerette commune, qui selon le savoir celte, est l’œil de la Déesse-Solaire Grainne.
La Verveine est une herbe magique puissante, sous le règne martial du dieu Tiw, un rameau suspendu sur la porte repousse les mauvais créatures et esprits. Un collier de Verveine est censé guérir la fièvre, calmer les maux de tête et accroître sa chance. Lorsqu’enterrée rituellement dans un lopin de terre, on dit que la Verveine favorise la fertilité agraire. La Verveine est puissante dans la projection des sortilèges d’amour et était utilisée par les sorcières pour prédire l’avenir lorsque préparée en encens. D’autres herbes sacrées à Tiw ou Mars incluaient le vénéneux aconit tue-loup, l’Absinthe et la Rue.
L’Euphorbe Réveille-Matin (Euphorbia Helioscopia) est la plante d’Odin et peut être incorporée à l’encens pour les sortilèges liés à la sagesse, l’inspiration et la connaissance ésotérique. Parmi d’autres plantes mercurielles et Odiniques estimées par les sorcières, nous trouvons le champignon qui produit des visions, l’amanite tue-mouches (amanita muscaria) et le commun champignon psychoactif « Bonnets de lutin » (ndlt : Psilocybe Semilanceata). Les sorcières portugaises utilisaient dans leurs pratiques le petit champignon psychoactif, qui pousse sur les excréments, Panaeolus Papilionaceus (ndlt : Panéole à papilionacé)afin de produire des états de conscience pour atteindre des visions. La plante Quintefeuille est également sacrée pour Odin/Mercure et faisait partie des ingrédients des « onguents de vol » français et la Sauge favorise également la sagesse.
L’herbe maîtresse jupitérienne de Tonant (ndlt : un des noms du Jupiter Tonant), Thunor ou Thor, est la Joubarbe qui, lorsqu’elle pousse sur le toit d’une maison, la protège de la foudre. Parmi les herbes jupitériennes, on retrouve l’aigremoine.
L’herbe de Freya est l’Adiante pédalé ou Capillaire du Canada (Adiantum pedatum) qui peut être utilisée en magie amoureuse et dans les talismans d’amour. Le chèvrefeuille est une plante vénusienne et provoque des rêves érotiques lorsque suspendue au-dessus du lit d’une fille, dans sa chambre. L’alchémille est infusée dans un bain pour aider les femmes à concevoir et elle est également utilisée en remède contre les désordres menstruels et pour induire le sommeil. Une autre herbe magique pour l’amour est le souci (calendula officinalis) [ndlt : nom vernaculaire anglais « Husbandman’s Dial »]et était employée comme un aphrodisiaque en Sorcellerie saxonne. Les pétales de primevères à grandes feuilles (Primula vulgaris) peuvent être préparés en fumigations dans les sortilèges d’amour, en combinaison avec du romarin.
L’infâme herbe saturnienne, sacrée pour Dame Hel ou Herodias, est la belladone, autrement nommée Cerises de Satan ou Baies du Diable (chez les anglais) ; c’est un hallucinogène très dangereux et qui a longtemps été célébré en tant qu’« herbe-sorcière » par excellence, car le jus de ses baies mélangé à de la graisse d’oie forme la base d’un célèbre « baume de vol », moyen par lequel les sorcières, sorcières et voyageurs de la nuit (ndlt : le voyageur de la nuit est celui qui a la capacité de voyager dans les deux mondes, tels que l’Hedgewitch, la sorcière, le chamane) s’envolaient pour le sabbat. Une autre herbe saturnienne importante est la vénéneuse ciguë qui réside sous le règne de la Déesse Hécate : les sorcières de Shakespeare cherchent la « racine de la ciguë est déterrée dans le noir ». La Valériane est une plante également saturnienne qui possède des propriétés sédatives.
Le mage du XVIe siècle, Agrippa von Netteshaim, donne la recette de fumigation d’herbes traditionnelle dont la fumée causera instantanément l’apparition et le rassemblement de démons et esprits de l’Autre-Monde : cette « fumée-sorcière » est composée de proportions spécifiques de Coriandre, de Céleri, de jusquiame noire et de ciguë, plantes totalement séchées et brûlées sur des braises rougeoyantes.
L’herbe-à-robert ou Adder’s Tongue en anglais (ndlt : littéralement la langue de Serpent est le nom populaire pour Ophioglosse vulgaire, en américain, c’est le nom de l’Erythronium Americanum. Je suppose que l’auteur veut parler de l’ophioglosse vulgaire. Mais je n’en suis pas sûre. De plus, il semble vouloir dire que l’herbe-à-Robert et la langue de serpent sont une seule et même plante, or l’herbe à Robert est de la famille des géraniums, rien à voir !) est sacrée pour le Dieu des Sorcières, Robin Goodfellow ou Puck, et si elle daigne pousser sur la maison, celle-ci invoquera Sa bénédiction et aidera les habitants. Cette herbe est aussi efficace pour stopper les écoulements.
La chélidoine ou herbe aux verrues est associée au mois de mai, lorsque les jeunes hirondelles naissent dans les nids. Si les yeux des hirondelles étaient abîmés, les parents les soigneraient avec le jus de cette herbe. Comme le Gerard’s Herbal le dit, la grande chélidoine « est bonne pour aiguiser la vue ».
L’achillée millefeuille a une réputation méritée pour ses pouvoirs de guérison et pour dissiper les forces mauvaises. On prétend qu’Achille l’utilisait pour baigner et nettoyer les blessures de son compagnon. En Irlande, l’achillée millefeuille était employée par les sorcières gaéliques afin d’acquérir le pouvoir de voler lorsqu’elles portaient leur chapeau, le Cappeen d’Yarrag (ndlt : c’est ainsi qu’on nomme leur chapeau lorsqu’il est rempli d’achillée). L’achillée est puissante pour soulager les désordres menstruels féminins et était inestimable dans la projection des sorts. L’achillée est une « herbe de féerie » et dans les îles de l’Ouest, ses feuilles lorsqu’elles sont tenues devant les yeux permettent d’obtenir « la seconde vue » ou « la vision des deux mondes ».
Pour conclure cette brève promenade à travers le jardin botanique sorcier (ndlt : c’est plus simple que le pompeux Wicce-Craeft du titre d’origine et ça veut dire à peu de chose près la même chose, hein !), il faudra noter que la cueillette de ces plantes suit toujours un schéma magique spécial, selon l’heure du jour ou de la nuit et les phases de la lune. De grandes précautions seront prises pour apaiser l’esprit qui réside dans la plante et pour obtenir son champ magique de pouvoir intact. Une offrande de grains ou de miel pourrait être donnée à la terre afin de remplacer la plante ou, occasionnellement, quelques gouttes de sang pourront être mises dans le sol en échange.
On dit que le savoir populaire des plantes était transmis aux sorcières par Dame Holda, sur la Montagne de Vénus, comme une partie de leur initiation. De même, dans la tradition populaire allemande, l’Homme Sauvage ou l’Homme Vert des Bois passe pour être un maître de la connaissance des herbes et de la magie verte.