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Le Grand Sabbat : la Veille de Tous les Saints (Samhain). Par Janus-Mithras et Mer-Amun, traduction & adaptation Lune.
Texte extrait du site « Wicca, the Ancient Way »
Traditionnellement, les Sorcières célèbrent 21 fêtes au cours de l’année. Il s’agit notamment des treize Esbats de Pleine Lune, sacrés pour la Grande Mère, Déesse de la Lune et pour son apparent Jeu d’Amour, Vie et Lumière. À cela s’ajoutent les 8 Sabbats du cycle annuel, sacrés pour le Dieu Cornu. Ils correspondent également aux 8 rayons de la roue des 8 Sentiers qui conduisent au Centre. En d’autres mots, chacun de ces 8 sabbats symbolise non seulement une voie vers le développement spirituel, mais aussi une étape de ce dernier. Bien que les sabbats soient d’égale importance (ndlt : on fait tout de même la distinction entre les sabbats majeurs et mineurs), nous appelons Hallowe’en, le Grand Sabbat, et on lui donne davantage la vedette, car il reflète plus clairement le message final de la Wicca ; mais aussi parce qu’il marque le début de l’année sorcière (ndlt : tout dépend des traditions, certaines sorcières considèrent Yule comme étant le début de l’année sorcière, lors de la renaissance du Soleil). Extérieurement, c’est le moment durant lequel la nature meurt et s’endort, alors qu’un autre monde commence à s’ouvrir. Intérieurement, c’est le temps de la réflexion, de l’introspection, du voyage mystique vers la Source de toutes choses.
Le Grand Sabbat est célébré au moment de l’année durant lequel la nature semble s’endormir et mourir. Les gens tendent à se tourner vers des activités plus paisibles telles que la lecture ou l’étude. Un sentiment de mélancolie et le choc du changement emplissent l’air. Dans les forêts, les arbres, dont les feuilles ont changé de couleur au Sabbat précédent l’Équinoxe d’Automne, les ont à présent toutes perdues, et se tiennent nus et gris, révélant leurs squelettes, la forme cachée de toutes choses. La sève est descendue dans les racines et la croissance est à son point minimum. Les animaux de toutes sortes ont eux aussi entamé leur mode de vie hivernale ; certains s’installent parmi les feuilles et bois morts pour un long et profond sommeil, d’autres modifient leur régime alimentaire, leur métabolisme et ils leur poussent une nouvelle fourrure bien épaisse. Les oiseaux de l’été s’en sont allés, à l’exception de quelques-uns, et les premières chutes de neige sont un doux avertissement pour la saison à venir. La nourriture se fait à présent rare, le Dieu de la Mort fait tournoyer sa Puissante Faucille lors du froid des premières neiges, et des millions de plantes, d’insectes et d’animaux meurent. Comme la sève dans les arbres, tout semble devoir se tourner vers l’intérieur, se retirer, abandonner le monde extérieur des apparences. La nature entière s’estompe et on ne peut l’aider, seulement ressentir l’aspect transitoire, semblable à un rêve, des choses. Le monde est devenu un lieu où seule la Conscience règne, constante, sur un monde de grand changement, de transformation, de mort, qui a glissé dans le plus profond sommeil : c’est le Royaume du Grand Cornu.
Tandis que la nature s’endort, il semble que la voile entre ce monde et celui des rêves, des esprits et des ombres, s’amenuise et une sorte de zone nébuleuse s’ouvre entre eux. Un manteau de calme et étonnante réflexion recouvre le monde, et nous pouvons sentir la présence de nos chers disparus. À ce moment, certains d’entre nous peuvent sentir et voir le grand et joyeux exode des âmes qui s’envolent à travers les airs, depuis l’Est vers l’Ouest, avec à sa tête le Cornu, Dieu de la Grande Chasse : la Grande Chasse de Naissance et de Mort et de Renaissance, de la nuit et du jour et de la transformation permanente de toutes choses.
Pour les Wicca , « Le Jour de Toutes les Âmes » n’est pas un jour de tristesse et de deuil, mais un jour de célébration et de réjouissance pour les innombrables millions d’êtres qui, en mourant, tournent leur attention vers l’intérieur, en un hommage inconscient à la Source de toutes choses, le ventre de la Grande Mère. « Inconscient », parce que c’est aussi le temps de la peur et de la tristesse pour ceux qui ne savent pas cela, et il est également de coutume parmi les Wicca de faire d’affectueuses offrandes aux esprits de toutes sortes (Trick or Treat, un bonbon ou un mauvais tour !), des offrandes d’Amour et de Paix et de Vitalité dans le but de les calmer, de les réconforter et de les guider.
Lors de cette nuit, le Chaudron est allumé pour la première fois de la Nouvelle Année et toutes les décorations dédiées aux rites sont des symboles sacrés pour le Dieu Cornu : pommes de pin, branches de pin, feuilles de chêne et de lierre. Cette nuit-là, on dépose sur l’autel une bougie supplémentaire, une grande bougie rouge, la lumière permanente de la Conscience, l’Oeil Sans Repos (eye en anglais – Aayin – Tarot XV, le Dieu Cornu), qui ne cligne jamais, comme l’œil d’un poisson (poisson – Nun – Scorpion, 21 octobre – 21 novembre – Tarot XIII, Mort). C’est le Feu de l’œil de la Sagesse, l’œil qui brûle et détruit toute illusion et toutes Ombres.
“Let the Pumpkins candle glare,
Burn the evil from the air,
In the darkness, EVERYWHERE!”“Que brillent les bougies des Citrouilles,
Brûle le mal dans les airs,
Dans l’obscurité, PARTOUT !”(Hallowe’en Chant)
“And after all the phantoms are banished,
Thou shalt see that Holy and Formless Fire,
That Fire which darts and flashes
To the Ends of the Universe…”“Et après que tous les fantômes furent bannis,
Tu verras ce Feu sacré et sans forme,
Ce Feu qui pétille et flamboie
Jusqu’aux Confins de l’Univers…”(Chaldean Oracles)
Il s’agit du Feu de la Sagesse qui remplit le Chaudron, l’utérus de l’Espace-Mère Universel.
À ce Sabbat, le Cornu règne en Maître. C’est seulement lors de ce Sabbat qu’Elle s’agenouille à Ses pieds pour recevoir Sa bénédiction. C’est la nuit de l’Initiation Suprême lorsque la Mort et la Tristesse ont atteint leur summum, alors Notre Dame, saisie par la compassion, descend par les Sept Portes des Enfers, retire Ses Sept Voiles, dont sa Couronne elle-même, les Lui donne, et enfin capitule puis s’agenouille aux pieds de La Mort Lui-Même (ndlt : La Mort est masculine, puisqu’il s’agit du Dieu lui-même), pour recevoir les coups du Fouet de la Souffrance.
“ Es-tu prête à souffrir pour apprendre ? ”
(Book of Shadows)
Au cours de cette période, le Soleil est en Scorpion, ce qui signifie Mort et Transformation. Le signe est régi par Mars (Mars – Peh – Tarot XVI, la Tour Foudroyée) et comme la Tour Foudroyée, le Fouet (ou escourge, tiré du mot latin “ex-corrigia”, qui veut dire “briser les chaînes et les liens”) nous enseigne que par la Loi du Destin ou le Karma, toutes choses doivent changer et mourir, et que la douleur provient des chaînes qui nous attachent aux choses éphémères et illusoires :
[Ndlt : j’ajoute le début de la phrase qui n’apparaît pas dans le texte de base, pour que cela soit compréhensible : “L’Existence est pure joie, toutes les expériences sont des sacrements,]
“Tous les chagrins ne sont que des ombres,
qui passent et prennent fin,
et c’est tout Ce qui reste.”
Comme le voile entre la Vie et la Mort s’amenuise et devient transparent pour l’œil des Sages (Wicca), il devient plus facile de voir « Ce qui reste ». Nous pouvons comprendre plus pleinement le vrai sens du collier aux quarante perles d’Ambre (orange) et de Jais (noir) de la Déesse. Ainsi, c’est au cours de cette nuit, qu’est conduite la Danse en Cercle avec le Stang (ndlt : bâton fourchu), dont les deux dents de la fourche résultent du simple Bâton de la Conscience.
Pour la Sorcière, la Mort et la Renaissance sont synonymes1. Et c’est pourquoi Hallowe’en est une période de Grande Réjouissance, car le début d’une nouvelle vie, d’une nouvelle existence, commence par le voyage intérieur, pour revenir à la Source de toutes choses. Ce retour vers l’intérieur, cette introspection, le fait de briser des chaînes, des habitudes et des compulsions, le fait de brûler définitivement les ombres de l’ignorance et de retourner vers la Vérité et la Sagesse sont un authentique message et le sens ultime de la Wicca. C’est de cela qu’il s’agit lors de ce Sabbat. C’est ainsi qu’on l’appelle si justement, le Grand Sabbat.
“Ce qui jamais ne naquit, jamais ne meurt,
ainsi les Sages ne pleurent pas, mais se réjouissent. »(Book of Shadows)
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1 Deux excellentes lectures sur le véritable sens de la mort : “Death” et “Nothingness” d’Alan Watts, tirées de : “Essense of Alan Watts Series,” Celestial Arts, 231 Adrian Road, Millbrae, California 94030.
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