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Par Jennifer Hunter, traduction & adaptation Lune. Extrait de Rites of Pleasure, Sexuality in Wicca and NeoPaganism. Editions Citadel Press Wicca. 2004.
De nombreuses religions indigènes et chamaniques intègrent des éléments de possession, consensuelle, d’esprit dans leurs rituels. Durant ces moments, l’individu offre son corps (et son esprit, par extension), comme réceptacle, à un Dieu ou autre esprit pour s’incarner, bouger, parler, danser ou simplement être présent sous une forme plus physique. La meilleure illustration de ce phénomène sont les praticiens de la Santeria ou du Vaudou, aux États-Unis, lorsqu’ils sont « chevauchés » par leur Dieux. C’est une expérience terriblement spectaculaire et extatique pour tout ceux impliqués.
La Descente de la Lune ou du Soleil, dans la Wicca, vient davantage du mouvement spirituel de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème que des religions chamaniques, bien que le résultat soit le même. Dans ce cas, le prêtre ou la prêtresse invoque traditionnellement le Dieu ou la Déesse dans le corps de son partenaire, puis l’opportunité est donnée à la déité de faire ce qu’elle souhaite. Ceci est appelée « aspecting » (ndlt : on pourrait traduire ce terme par ‘prendre l’aspect, l’apparence’ ou ‘être investi’. La personne « possédée » manifeste alors un aspect du Dieu ou de la Déesse : pensée, sentiments, comportement, apparence, etc.)
Vous n’avez pas besoin de voir les Dieux comme des entités au sens littéral pour cela. Ils peuvent être des types d’énergies ou même des aspects de vous-même, l’effet sera largement le même.
- Magdalene Meretrix : Je perçois les dieux comme des symboles de courants particuliers d’énergie. Ainsi, lorsque j’ai dédié mon travail sexuel à la Déesse Babalon (déesse thélémique de la sexualité), je l’ai dédié à un courant particulier, pas à une entité extérieure distincte. Lorsque je canalise les énergies de Babalon, j’assume un rôle sacré, tout comme une actrice assume un rôle laïque sur les planches, et en permettant le courant représenté sous la forme divine Babalon de s’écouler à travers moi, influençant mes actions et perceptions.
Dans la Wicca traditionnelle, ce type de travail est supposé être réservé aux initiés au 3ème degré – en d’autres mots, aux personnes qualifiées, expérimentées en magie et dans le travail d’énergie. Mais avec la montée des traditions wiccans éclectiques et des « autodidactes », cette restriction s’est envolée par la fenêtre. La possession canalisée et consensuelle est pour moi un type de travail de haut niveau. Certaines personnes peuvent avoir une capacité naturelle pour cela sans formation, mais c’est risqué (psychologiquement, énergétiquement, spirituellement et même physiquement) de partager votre corps et votre esprit avec une entité décorporée (ndlt : c’est pourtant quelque chose de très naturel et si on l’appréhende ainsi, il n’y a pas de peur à avoir).
- LaSara Firefox : J’ai un ami prêtre et je suis sa prêtresse. Lorsque nous sommes « investis » (ndlt : le terme « aspecting » est utilisé ici), c’est presque impossible d’éviter d’être ‘charnel’ ou au moins sensuel l’un avec l’autre… Etre investi par une déité, c’est accepté cette déité, donner son corps à ce Dieu ou cette Déesse pour leur propre usage… Pour moi, cette pratique est très intentionnelle. Bien que je puisse quitter mon corps pendant de longues périodes au cours de l’expérience, je ne suis jamais très loin pour autant. Et, j’ai toujours la capacité d’arrêter un Dieu d’agir avec mon corps si je considère que c’est déplacé. Mais c’est toujours un apprentissage et parfois les frontières se croisent.
Commencez donc doucement et graduellement. Inviter une déité pour qu’elle « soit avec vous » est une bonne première étape.
Sexuellement, nous pouvons canaliser les déités ou types d’énergies soit consciemment, soit accidentellement ; nous pouvons voir également nos partenaires changer et prendre d’autres visages et énergies.
- Magenta : J’essaie fréquemment d’imaginer mon partenaire comme le Dieu et il m’imagine comme la Déesse. Au cours de l’orgasme ou juste après, nous nous disons souvent « Tu es le Dieu », « Tu es la Déesse ».
- Raven Kaldera : J’imagine souvent mes partenaires soumis comme les incarnations de « Tout Sacrifice Vécu » et moi-même comme la déité de la mort qui reçoit ce sacrifice. Je suis aussi un cheval selon la foi des yoruba, je prête mon corps aux déités qui veulent le chevaucher (une partie de mon marché avec Hel – Déesse norroise de la mort et de l’après-vie) et j’ai prêté mon corps à quelques-uns à des fins sexuelles. Et même en étant sur le siège arrière, c’était déjà assez impressionnant. Particulièrement avec Baphomet, qui sait vraiment comment faire l’amour.
- Shai Shahar : Parfois lorsque Cora et moi faisons l’amour, il lui semble qu’elle se « change de forme », son visage se « morphe » en visages de femmes plus jeunes ou différentes… en femme « éternelle ». C’est comme si elle expérimentait tous les archétypes, avec lesquels je fais l’amour : soit à une seule soit à plusieurs facettes du divin féminin. Ce ne se produit pas toujours par dessein… en fait, pour moi, cela fonctionne difficilement de cette manière. Aussi loin que je puisse m’en souvenir, j’ai vécu un tel moment tel moment, au cours de ma jeunesse. Lorsqu’ «elle » est devenue Elle. Et c’est le mieux que je puisse décrire.
- Rhomylly Forbes : Je sais que j’ai, au minimum, « partagé mon corps » avec la Déesse au cours de relations sexuelles lors de la veille de Beltane… Je sais que Alex a partagé son corps avec le Dagda (dieu irlandais de la terre et dieu-père). Ses yeux qui sont d’habitude d’un bleu-gris, ont pris une couleur verte très claire.
- Phil Brucato : Très souvent, je vois ma partenaire comme une muse – une femme grande, vive, pieds nus, les cheveux aux vents, le regard féroce avec un méchant sourire aux lèvres. La plupart de mes amantes correspondaient à ce modèle jusqu’à un certain degré, ainsi dans mon esprit, elles sont liées à cette image.
Ce n’est pas forcément des déités spécifiques qui viennent en vous durant ces moments. Cela peut également être des éléments, des aspects cachés de vous-même et/ou des énergies animales.
- Dossie Easton : Je fais beaucoup de shape-shifting (métamorphose) quand je joue. Une fois, je me suis transformée en aigle alors que j’étais attachée à une table. Je peux vous dire que ça n’est pas terrible. Avoir vos ailes attachées est vraiment particulier. Et les sons sont très durs dans la gorge. Je me métamorphose en serpents et habituellement en lézards. Car si je suis attachée… les lézards ont un appendice. De nombreuses fois, j’ai senti le Grand Serpent (énergie Kundalini) monter en moi.
- Francesca Gentille : Je sens qu’il y a un instant pendant l’acte d’amour, lorsque je m’ouvre vraiment à l’univers et à mon bien-aimé, lorsque ce qui est là, c’est l’acceptation et le flux, c’est le moment où je ne fais pas l’amour, je suis l’acte d’amour. Je suis la force de création. Et à ce moment, quand je suis avec mon bien-aimé, son visage se transforme. Durant ce moment, je peux voir l’enfant en lui et parfois je peux voir en lui une vie passée. C’est comme différents visages qui fondaient sur lui.
Si vous prenez uniquement l’énergie d’un dieu/d’une déesse, alors vous pouvez apprécier le sens de l’unité avec cette énergie. Seul, vous pouvez prendre plaisir avec vous-même et honorer le Dieu/la Déesse à travers votre propre corps. Avec un partenaire, vous pouvez jouer le rôle de la prostituée sacrée, en établissant un lien entre votre partenaire et le divin. Si, seul votre partenaire endosse ce rôle, vous pouvez être le dévot, en faisant une « offrande » à votre autel favori.
- Wyrdotter : ma partenaire est une femme magnifique, forte, aux formes plantureuses et il est aisé de voir certaines des images d’abondance de la Déesse en elle. Pendant des siècles, la Déesse a été représentée charnue, ronde, avec une poitrine généreuse, avec de larges hanches, accueillante… et ma bien-aimée est tout cela, alors, oui occasionnellement, je peux La voir en elle.
Photo : Janet et Stewart Farrar avec leur coven, pendant la descente de la lune.