Inscription au cours : Wicca fondation
Par Artus.
Si j’affirme que je pratique la magie à une personne « normale », elle va sûrement penser que je cache des lapins dans des chapeaux ou que je fais des tours de cartes. Si je précise que je pratique la vraie magie, il y a de fortes chances pour qu’elle me prenne pour un cinglé qui a trop regardé Harry Potter. Pourtant, la magie consiste à créer la réalité. Et la magie est partout. Nos parents créent notre réalité. Notre scolarité crée notre réalité. Les médias créent notre réalité.
La plupart des gens ont une vie « par défaut ». Ils n’ont pas choisi leur réalité. Elle est déterminée par les désirs et les peurs de leurs parents ou de la société. Elle est également déterminée par leur parcours scolaire. Le but de la pratique magique est de sortir du cadre que d’autres ont créé pour nous. La magie est finalement synonyme de liberté.
Le problème est que selon les auteurs, la magie n’a pas toujours une définition aussi claire que celle que j’utilise. Ma définition est proche de celle d’Aleister Crowley. Mais si vous vous basez sur les écrits des occultistes du XIXe siècle, vous aurez une vision beaucoup plus fantasmée et farfelue. La magie est souvent entourée de mystères, de folklore et de superstitions.
En lui-même, le folklore est plutôt stimulant pour l’imaginaire. Mais il faut encore avoir conscience que le folklore n’est que du folklore et qu’il ne constitue pas une pratique réaliste et efficace. Tout cela engendre beaucoup de confusion. Et finalement, bien des pratiques « traditionnelles » sont peu efficaces.
Il y a un peu plus d’un siècle, un divorce s’est produit entre l’occultisme et ce que nous appelons aujourd’hui le développement personnel. L’un des buts de ce mouvement naissant était de proposer une approche plus moderne, plus rationnelle, moins superstitieuse et moins dogmatique, pour créer sa réalité. Voici par exemple une citation de Papus qui témoigne de ce divorce :
Les Américains, gens pratiques, ont constitué ainsi des sociétés pour appeler, par l’attention volontaire, le succès sur les membres participants. On vend un peu partout, et le plus cher possible, des livres permettant de s’entraîner à l’attention volontaire et à la fixation dans le cerveau d’une grande quantité de force psychique. Cela constitue ce que les auteurs appellent « l’art de réussir ». C’est, en général, un leurre, car l’attention volontaire ne vaut que par la quantité de lumière astrale qui environne l’individu. Une action charitable, un dévouement du cœur ou même un amour sincère sont plus puissants pour appeler « le succès » que dix entraînements psychiques qui constituent, si l’on me passe cette expression très osée, une simple « masturbation » psychique.
L’accusation de Papus est injustifiée. Il s’agit uniquement d’une querelle de clocher. Voici une citation de Charles Haanel, l’un des pères du mouvement dénigré par Papus. Cette citation contredit l’accusation de Papus. Elle précise en effet l’importance de l’amour et du service rendu à autrui pour stimuler la pensée créatrice :
Qu’est-ce que la pensée ? La pensée est de l’énergie spirituelle.
Comment se transmet-elle ? Par la loi de la vibration.
Comment reçoit-elle sa vitalité ? Par la loi de l’amour.
Comment prend-elle forme ? Par la loi de la croissance.
Quel est le secret de sa puissance créatrice ? Son activité spirituelle.
Comment pouvons-nous développer la foi, le courage et l’enthousiasme qui aboutiront à l’accomplissement ? Par la reconnaissance de notre nature spirituelle.
Quel est le secret du Pouvoir ? Le service.
Pourquoi ? Parce que nous recevons ce que nous donnons.
Qu’est-ce que le Silence ? L’immobilité et le calme.
Quelle est son utilité ? C’est le premier pas vers le contrôle de soi, la maîtrise de soi.
Le mouvement a beaucoup évolué depuis Charles Haanel, en bien et en mal. Depuis une cinquantaine d’années, il s’est modernisé et enrichi grâce aux nouvelles recherches faites dans le domaine du psychisme. Il s’est notamment inspiré de toutes les techniques permettant d’engendrer des changements rapides. Cela inclut l’hypnose thérapeutique, mais aussi d’autres techniques de thérapie brève. Il s’est également inspiré de la psychologie des biais cognitifs, ce qui nous aide à faire faire des choix moins irrationnels.
Le problème est que dans sa quête de rationalisme, le développement personnel est devenu trop matérialiste. Le rationalisme est basé sur l’observation des faits. Même lorsque les faits sont inexplicables matériellement, un rationaliste devrait les reconnaître. Mais dans notre culture actuelle, nous avons tendance à confondre rationalisme et matérialisme. Et le développement personnel a évolué dans le sens de ce qui est socialement admis.
Malgré cela, si vous souhaitez créer votre réalité, le développement personnel propose des techniques bien plus efficaces que la magie traditionnelle. Mais cela manque un peu de merveilleux. Dans l’approche traditionnelle de la magie, il y avait trop de merveilleux et pas assez de concret. Le développement personnel a suivi la direction inverse. Mais rien n’empêche de faire une synthèse des deux approches.
Du fait de son opportunisme à utiliser tout ce qui est efficace, il n’est pas rare que la chaos magick s’inspire du développement personnel. Malheureusement, dans cette tentative de réunir deux voies qui ont été séparées, le matérialisme du développement personnel a tendance à déteindre sur la chaos magick. De nombreux chaotes envisagent aujourd’hui la magie sur l’angle de la reprogrammation du cerveau et ne veulent plus entendre parler de synchronicités.
C’est dommage de se priver d’un phénomène pourtant bien réel. Lorsque nous nous focalisons sur un souhait, cela va non seulement changer notre réalité intérieure, mais cela va parfois créer des opportunités extérieures aidant la manifestation de ce souhait. Plutôt que de rejeter totalement la vision traditionnelle, il est donc préférable de trouver un équilibre entre tradition et modernité.
Pour ma part, je me suis également beaucoup inspiré du développement personnel. Et si vous cherchez des méthodes efficaces pour changer votre réalité, je vous conseille de faire de même. J’ai également cherché à la source et je me suis intéressé aux inspirations du développement personnel. Mais ce n’est pas pour autant que je rejette le côté immatériel de la magie. Je suis également favorable au folklore, même s’il est source de confusion pour les personnes qui prennent tout au premier degré.
Au-delà de la confusion engendrée par le folklore, ce qui rend la magie peu fonctionnelle, c’est plutôt le manque de persévérance, le manque d’action et le manque d’introspection. Beaucoup de gens pensent qu’il suffit de faire les choses une fois pour que la magie fonctionne. Mais la focalisation quotidienne est souvent nécessaire. Il est aussi habituel de penser que tout doit tomber du ciel. Mais généralement, sans action, il ne se passe rien. Et enfin, les gens qui ont une approche classique de la magie ont tendance à vouloir changer le monde extérieur alors qu’il est plus facile de changer notre vision du monde. Et la plupart du temps, cela suffit a rendre notre vie meilleure.
Si ma vision de la magie vous intéresse, vous pouvez trouver une pratique de base dans le cours à télécharger : « Intégrez la magie dans votre quotidien ». Pour aller plus loin, je vous propose une vision plus complète et des pratiques avancées dans mon livre : « La wicca au-delà des rituels ».
J’ai écrit cet article parce qu’il y a deux semaines, Lune m’a demandé si je n’avais pas une idée de texte à traduire pour le Sidh. J’étais justement tombé quelques semaines plus tôt sur l’article de Julien Smith : « Le guide complet pour apprendre à s’en foutre ». Et comme c’est probablement le premier auteur de développement personnel que nous traduisons sur le Sidh, je me suis dit que c’était l’occasion de parler de l’intérêt d’intégrer cette approche dans un contexte magique.