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L’Usage Magique de la Voix. Par Phil Hine, traduction & adaptation Lune.
Quelques notes sur l’usage magique de votre voix.
La parole est le principal moyen de communication utilisé dans notre culture – nous sommes tous capables de faire une large gamme de bruits avec notre bouche. Comme le mot « en-chant-ement » le suggère, la voix a joué un rôle puissant en magick, à travers les âges et dans toutes les cultures. L’objectif de cet essai est d’examiner les façons dont la voix peut être utilisée en magick, et de proposer des exercices qui aideront le lecteur à développer sa gamme de techniques vocales.
Dans toutes les cultures, la voix est un « support » important du pouvoir, et la plupart des traditions et des religions à mystères emploient des chansons, des psalmodies et de la poésie au cours de leurs célébrations ou pour conduire à la gnose. Des chœurs spectaculaires aux hymnes et prières, des chants de travailleurs tels que des chansons de marins et les chansons de bataille aux comptines pour enfants et sortilèges folkloriques : le pouvoir de la voix est extraordinaire.
Les orateurs, à la fois politiques et religieux, ont utilisé le pouvoir de leurs voix afin de faire passer leur charisme et enthousiasmer l’audience de masse – regardez, par exemple, les foules que Billy Graham attire. L’intonation d’une phrase peut dépasser le sens premier de celle-ci, pour parler directement à l’Esprit Profond. Un exemple extrême de ce phénomène est décrit par Nandor Fodor, un psychanalyste juif, qui constata les effets de l’écoute des discours « démagogiques » d’Adolphe Hitler. Il avait entendu ses discours à deux reprises à la radio, et se rappelle que, malgré sa rauque dureté, l’allemand de Hitler était totalement incompréhensible pour Fodor (qui était originaire de Hongrie), il a estimé que:
Très lentement, mon sang commença à bouillir, je voulais crier et hurler. Ma rage n’était pas tournée contre lui. Elle était avec lui, comme un flot de lave est avec le volcan.
Les politiciens modernes ont très souvent recours à un type de discours connu sous le nom de «pathique». Celui-ci combine le ton et le rythme des mots pour faire passer un message caché, quelque que soit le sujet abordé, «tout est sous contrôle », et «tout va pour le mieux – ne vous alarmez pas ». L’esprit en éveil peut être facilement contourné, afin que la signification atteigne directement l’Esprit Profond, en faisant surgir les émotions appropriées que l’orateur souhaite stimuler.
Nous pouvons utiliser notre voix pour transmettre et faire passer des messages très efficacement, et notre ton trahit souvent nos véritables sentiments sur un sujet, en dépit de ce que nous disons réellement.
Les jeunes enfants sont souvent déroutés par les menaces verbales faites sur un ton léger.
Les thérapeutes et guérisseurs peuvent glaner une grande quantité d’informations grâce à la façon de parler de leur patient.
Les grosses différences entre les accents dans un même pays nous permettent d’identifier l’origine d’une personne, même si elle a résidé dans une autre région pendant des années.
L’utilisation d’un ton rassurant peut apaiser les gens de manière à les conduire à des états de transe relaxants, alors que les cris et l’hyperventilation peuvent nous propulser dans des états stimulants – comme le démontre les sectes telles que les Shakers.
Partout, nous constatons que la voix peut être une aide pour les prouesses martiales – des cris de guerre et chants de combat, aux courtes syllabes articulées durant les duels d’arts martiaux, sont conçus pour agir comme supports du chin (jin) ou pour distraire l’adversaire.
La parole a aussi un dimension cosmologique. « Au commencent était la Parole », il s’agit d’un concept commun à de nombreuses cultures. Comme l’idée selon laquelle la prononciation correcte de certains noms Divins amènera la fin du monde. De même, le concept de la « Règle des Noms », plus éloquemment exprimée dans « Earthsea » d’Ursula Le Guin – qui veut que, si vous connaissez le « Véritable nom » d’une entité, alors vous pouvez la commander. William Burroughs, dans « The Place of Dead Roads », le présente d’une autre manière :
Dès que vous nommez quelque chose, vous lui retirez de son pouvoir… Si vous pouviez regarder la Mort en face, elle perdrait son pouvoir de vous tuer. Lorsque vous demandez à la Mort ses papiers, son passeport devient vague.
Ce principe est bien connu de tout ceux qui plongent dans les profondeurs de la psyché – ces peurs vagues, sans nom, peuvent être « apprivoisées », une fois qu’elles ont été reconnues et nommées. Elles peuvent être isolées et vidées de leur pouvoir terrifiant. Je parlerai plus en détails de certaines techniques vocales magiques basées sur ce principe un peu plus loin.
- L’Usage de la Voix
La façon dont nous utilisons notre voix est une puissante manière d’exprimer notre personnalité. La façon dont nous parlons, dans une situation donnée, peut révéler de nombreuses choses (à la fois sur nous-mêmes et sur les autres) à propos de nos sentiments.
Pour utiliser la parole efficacement, nous devons être :
- Confiant
- Conscient des autres
- Détendu
- Clair dans nos pensées
- Conscient de la façon dont la parole affecte une situation.
Avec la pratique et l’expérience, nous pouvons apprendre à utiliser notre voix afin d’être capable de produire chez autrui, émotions et sentiments ; depuis la stimulation de l’enthousiasme et de l’action à l’induction de la relaxation, tout en douceur, à l’aide de mots et tonalités calmes.
- Chants de Groupe
Le Chants en Groupe sont l’une des manières les plus efficaces (et amusantes !) de soulever l’énergie, en particulier lorsqu’ils sont associés à des danses, des mouvements stylisés, des gestes et balancements. Les chants les plus populaires proviennent de sources Amérindiennes, comme :
I am the Circle,
I am Healing you,
You are the Circle
You are healing me,
Unite Us
Be One
Unite Us
Be as One.
We are at one
With the Infinite Sun
Forever, Forever, Forever
De tels chants expriment et renforcent le sentiment d’appartenance, à la fois au groupe, entre chaque membre présent, et au reste du monde et à l’univers. Les Chants tendent à se construire lentement, puis à prendre de la vitesse quand les gens sentent grandir le rythme, la pulsation des mots et le tempo, lorsque cela les « transporte » – il est tellement facile de vous laisser prendre par le chant au point d’être gagné par la transe – mais ne me croyez pas sur parole – essayez par vous-même !
Le Chant de la Wicca « Sombre Nuit, Lune Argentée » (ndlt : il s’agit de la « Rune Sorcière » ou « Chant des Sorcières » extrait du Livre des Ombres de la Wicca traditionnelle) est un autre bon exemple de chant de groupe – spécialement lorsque chaque phrase est chantée par un membre du groupe différent. Les paroles du chant sert à résumer les concepts centraux de la Wicca – les quatre directions élémentales, les armes magiques et les natures complémentaires de la Déesse et du Dieu, de l’Obscurité et de la Lumière.
- Spinning Mantra
Il s’agit de la forme la plus communément employée des chants. Chaque membre du groupe répète le verset dans son entier.
Toutefois, le « Spinning Mantra » est diffèrent : un membre entonne la première phrase du chant, la personne suivante, la seconde phrase, etc. Une note peut être employée tout au long du chant, en appuyant sur les mêmes syllabes à chaque phrase.
Une autre variante consiste à commencer le Spinning Mantra alors que les membres du groupe se promènent et s’arrêtent brièvement devant les autres pour chanter leurs phrases. Cela peut vraiment désorienté, mais c’est une méthode très efficace pratiquée en groupe important.
- AUM en Groupe
C’est un exercice de groupe simple. Tous s’assoient en cercle, yeux fermés. Après quelques respirations profondes, commencez un A-U-M chanté long et traînant. Il n’est pas nécessaire d’être tous synchronisés. C’est très efficace pour relaxer les gens. Quand le AUM se chante de lui-même, à travers les membres du groupe, il s’agit d’une expérience fréquente.
- Cris de Cochon
Ici, un membre du groupe émet un son, un appel ou fait une déclaration et le crie. Le reste du groupe lui répond par le même cri. Cela peut être particulièrement efficace en tant qu’invocation « de forme libre », si, par exemple, tout le monde est familiarisé avec les qualités, attributs et caractéristiques d’un Dieu ou d’une Déesse. Cette méthode peut être utilisée comme une introduction joyeuse à l’élaboration d’invocations. Cette forme de répétitions est couramment utilisée dans le cadre du rituel tantrique, en tant que salutations faites au dieu qui est l’objet du rituel. L’exemple ci-dessous est un extrait des 108 salutations rituelles au dieu Ganesha :
Salutations à celui qui a un visage d’éléphant
Salutations à celui qui brandit la massue
Salutations au fils de Gauri
Salutations au seigneur des planètes
Salutations à celui qui transcende toutes les qualités
Salutations à celui qui est semblable au lion
- Méditer en fredonnant
Cela commence de la même manière qu’avec le AUM de groupe décrit ci-dessus ; chaque membre du groupe se met à fredonner une note, dont le ton et la puissance peuvent changer à volonté. Le Fredonnement doit durer au moins 20 minutes pour que les personnes ressentent ses effets.
- Paysages Sonores
Le concept des Paysages Sonores consiste, pour le groupe, à explorer la manière d’utiliser les mots, les sonorités et les bruits afin de construire une « image » – en créant l’atmosphère appropriée au thème choisi.
Mon exemple préféré d’un Paysage Sonore vocal est celui produit par une troupe de théâtre expérimentale, lorsqu’on leur demanda d’exprimer le thème « Bonbons ». Chaque membre de la troupe choisit des « mantras » utilisés dans les jingles publicitaires et ils élaborèrent des rythmes individuels, de sorte que le Paysage-Sonore résultant fut un mélange de :
« Only the crumbl-iest, flaki-est choc-late, tastes like choclate nev-er tasted bee-fore! » (trainant, chanté haut)
« Hot choclate, Drink-ing choclate. » (Chanté rapidement).
« Skit-tles » (répété, avec une pause).
« Mars-Bars » (Chant dans les graves).
« Smartie-People-are-happy-people » (refrain doux)
Vous saisissez le concept ? Il est utile d’amener les gens à trouver des idées sur un sujet ou thème particulier, puis de choisir un mot ou une phrase pour l’employer comme prémices d’un chant. Vous pouvez également utiliser les paysages-sonores pour évoquer et exagérer des humeurs, et développer des chants de groupe pour les rituels et sortilèges.
Pourquoi le chant et la psalmodie ont un effet si puissant sur nous ? Les tâches répétitives et ennuyeuses sont plus faciles à exécuter s’il y a un fond sonore, ou si quelqu’un se met à chanter. Je me souviens, avec une tendresse particulière, des « chants de travail » élaborés lorsque j’ai passé quelques mois à cueillir des oranges et des pamplemousses en Israël. Chants qui ont sans aucun doute égayé ce qui était une tâche ennuyeuse et fatigante.
Les chansons et psalmodies établissent des rythmes, qui ne distraient pas seulement de la monotonie d’une tâche, mais qui semblent également donner de l’énergie et « soutenir » chaque personne tout au long de son accomplissement. L’esprit et l’enthousiasme du groupe sont soulevés. L’une des facteurs clefs semble être le rythme. Les rythmes soutiennent notre conscience, depuis les battements de notre cœur aux cycles de la respiration, du sommeil, de la nuit et du jour, et aux passages des saisons.
Les rythmes favorisent les mouvements du corps et leurs coordinations. Ils agissent comme un signal pour déclencher les mouvements sans effort conscient, de sorte que moins d’énergie soit dépensée au départ ; par exemple, il a été démontré que les soldats pouvaient marcher plus loin, et en meilleure forme, en étant moins fatigués, lorsqu’ils étaient accompagnés d’une fanfare. Le sentiment de « transport » provient de la structure que le rythme donne à notre perception du temps et ce motif rythmique donne un sentiment de continuité. Cela devient une attitude moteur, et l’attention est libérée (si désiré). De plus, les rythmes sont «recopiés» sous l’activité de notre cerveau, et ont de puissants effets psychologiques sur nous.
Les Musicothérapeutes ont constaté que les gens souffrant d’aphasie ou de chorée de Huntington (deux troubles neurologiques qui affectent la parole) peuvent chanter juste, et que les chansons de groupe sont un élément commun de l’entrainement vocal thérapeutique.
Les rythmes sont partout autour de nous, les chansons et psalmodies en groupe reflètent cet état fait et nous donnent le sentiment accru de participer au monde.
- Délires & Salive
Les praticiens modernes du chamanisme peuvent être amenés à s’appuyer sur la « langue d’argent » avec autant de dextérité que toute autre astuce.
Les mots que nous employons, et leur message caché, peuvent faire ou défaire toutes situations émergentes.
Savoir comment parler, quand parler, et sans doute la chose la plus importante, quand ne pas parler, vient uniquement avec l’expérience et la pratique, et bien sûr, l’attention.
Grâce à notre voix, nous pouvons apaiser nos clients jusqu’à la transe, bannir par le rire les démons du désespoir et faire voler en éclats les airs pompeux et suffisants par une remarque cinglante et brusque – les blasphèmes peuvent être en eux-mêmes sacrés, particulièrement lorsque vous considérez le comédien comme un clown sacré ; du redoutable satiriste à l’imitateur de personnages publics.
Notre héritage païen du monde entier abonde en Seigneurs du chaos et en bouffons parodiant l’autorité. L’humour est une arme puissante, particulièrement lorsqu’il est dirigé contre le riche, le puissant et l’orgueilleux.
- Poésie Primitive
Pour que les choses soient claires, je voudrais faire la distinction entre le langage « ordinaire » et la parole « sacrée ».
La parole sacrée, dans ce contexte, fait référence à ces occasions durant lesquelles nous utilisons la parole (probablement en la combinant avec d’autres modes de démonstration) pour causer un changement magique – comme l’induction de la transe de groupe, communier avec les esprits, devenir cheval (ndlt : référence au shapeshifting, changement-de-forme je suppose), lever l’énergie, etc.
Dans ces moments là, la façon dont nous nous exprimons est différente de notre manière habituelle de parler : nous pouvons faire un effort délibéré pour articuler, ou pour faire passer, avec le plus grand soin, nos émotions par de subtiles nuances – respect, extase, douceur ou ardeur martiale.
Que nos mots soient spontanés, qu’ils jaillissent de l’Esprit Profond, ou qu’ils aient été soigneusement combinés les uns aux autres au cours de longues séances de brainstorming, il est fort probable que nous tenterons de trouver un certain rythme distinct pour les formuler.
L’Esprit Profond nous parle souvent en vers. Les études transculturelles sur les motifs vocaux des personnes prises dans les affres de la possession montrent entre elles une ressemblance frappante : l’intonation montante et descendante à la fin de chaque phrase, toutes ponctuées par une pause ou un gémissement.
Cette tendance ressort quelle que soit la langue maternelle et le contexte culturel. La version anglaise de ce rythme est connue sous le terme de « Iambic Pentameter » (ndlt : en français, pentamètre iambique). Vous pouvez l’entendre également dans les sermons frénétiques des prédicateurs évangéliques et dans le flot des mots et paroles, apparemment insensés, de ceux qui ont été saisis par le « Saint Esprit ». Il surgit de l’Esprit Profond sous la forme d’une poésie ou de communications inspirées par une déité ou inconscientes. Les personnes, qui sont éclipsées par une déité au cours d’un rituel, semblent souvent buter sur les mots, comme si elles essayaient de former leurs phrases sur les rythmes de la transe.
Je soupçonne que plus la possession-par-l’esprit est complète, moins la parole sacrée est laborieuse, car l’auto-conscience de ces personnes sera totalement submergée par celle de l’entité.
Quand l’Esprit Profond nous appelle par une mesure et un rythme particuliers, alors nous tentons de faire appel aux profondeurs de notre être en rythmant nos paroles. Le son, comme la lumière, met en place des rythmes dans notre cerveau, comme l’ont démontrées les expériences électro-encéphalographiques (EEG).
Ces rythmes internes reflètent les sons qui nous propulsent dans divers degrés de transe, que ce soit le doux clapotis de la Lune ou la frénésie tonnante de Pan.
Si nous sommes pris au dépourvu, et impressionnables, leur effet peut être dévastateur. J.F. Hurley, dans son livre, « Sorcery », décrit un état de transe connu aux Philippines sous le nom de Lata, qui est provoqué par un son surprenant, après quoi les personnes qui y sont sensibles imiteront les actions qu’ils voient ou les mots qu’ils entendent. Les chasseurs-de-tête philippins profitent de cette sensibilité en paralysant leurs victimes par l’utilisation de cris perçants et aigus.
Ce genre de talent apparaît dans de nombreuses cultures et en certaines circonstances. Pat Crowther, dans son livre « Lid Off The Cauldron », mentionne les « Cris » qui, lorsque utilisés dans des espaces ouverts, peuvent attirer les imprudents vers celui qui appelle.
Poussés avec énergie, les sifflements stattaco (ndlt : je ne vois pas à quoi l’auteur fait référence… Est-ce une faute de frappe et parlerait-il alors du staccato, ou phrasé en notes détachées ?), renforcés par les mouvements saccadés du corps, peuvent aussi précipiter la transe. Peter Redgrove, dans sa courte nouvelle, « The God of Glass », fait usage de la syllabe SATATATAT, qui, lorsqu’elle est chantée tout en tournoyant, produit chez ses initiés une dissociation, qui culmine en un bee-hum – le Om de l’être ultime.
- Mantra – Le Son support de la Pensée
Le terme mantra est sans doute familier pour la plupart des lecteurs. Il est habituellement associé à des sons ou des mots qui, lorsqu’ils sont dits ou chantés, évoquent un pouvoir ou une énergie magique particulière.
Les deux mantras les plus célèbres sont le AUM ou Om. Le terme mantra provient de la racine sanskrite « man », qui signifie « penser ». Ainsi, le son émis est simplement une aide pour centrer et diriger sa pensée.
Les initiés Tantrika considèrent les différents types de mantra comme des véhicules pour articuler l’énergie spirituelle sous forme de son. Il y a, par exemple, des mantras « graines » tels que Hrim, Krim et Srim, qui représentent la quintessence du pouvoir de déités particulières ; il y a aussi des mantras qui sont basés sur les textes, et ont une symbolique, plutôt que des significations littérales, et, comme dans la plupart des cultures, des sortilèges et formules mnémoniques.
Dans le rituel tantrique, ou Puja, les mantras graines sont prononcés à partir du diaphragme, puis de la gorge, roulent sur la langue et terminent finalement par le son nasal « m ». Les mantras peuvent être exprimés en « silence », pour ainsi dire, et n’en seront pas moins efficaces.
De même, les chants du chamane Cherokee peuvent être chantés ou pensés, et rester efficaces. Selon un homme-médecine, le même chant pourrait être utilisé pour « tout but », en ajoutant que c’est « l’intention du cœur, et la connaissance, qui comptent réellement. »
Dans les techniques telles que les japas (récitation), le praticien répète un son ou une phrase à de nombreuses reprises, passant éventuellement de la parole verbale à la parole « silencieuse ». Les paroles originales peuvent dégénérées en une bouille dénuée de sens, mais là encore, c’est le rythme qui fait tourbillonner le cerveau du praticien jusqu’à l’extase – reconnaissable lorsque vous comprenez que ce n’est plus vous qui chantez, mais le chant lui-même à travers vous.
Une fois encore, ne me croyez pas sur parole, essayez par vous-même. Ce n’est pas la peine d’utiliser une phrase qui possède nécessairement une signification « mystique » – c’est le rythme et la vitesse qui importent – essayez avec cette phrase « My Mum’s Monkey Makes Many Mistakes » pendant environ une demi-heure à une heure pendant quelques semaines, et voyez là où ça vous mène.
- Baragouinages
Une autre approche du pouvoir de la parole consiste en un discours « insensé » – mots dépourvus de sens, babillage de bébé et sifflements. En groupe, ce type d’exercices peut être utilisé pour exprimer l’importance du ton et contribuer à transmettre un message. Cela illustre également, et simplement, combien nous sommes dépendants des mots. Retirons les mots et nous devons explorer d’autres formes de communication. En criant et en hurlant, nous pouvons relâcher la tension et créer des effets atmosphériques saisissants dans le cadre de certaines situations. Même une respiration lourde et haletante peut être efficace, comme imiter les cris d’un animal.
- Visages & Sons
Sheila Broun & moi-même utilisions un exercice lors de nos Cours de Perfectionnement Chamanique qui consistait à encourager les membres à faire de leur visage un masque d’émotion extrême – rage, peur, haine, joie, et ensuite de vocaliser avec vigueur un bruit qu’ils associaient à ce visage. Les résultats étaient saisissants – les sons semblaient amplifier l’effet de leurs visages et, assez étrangement, le son « joie » était celui que les gens trouvaient perturbant.
- Projection du Son
Une technique vocale magique célèbre consiste à projeter un son régulier vers un point qui se trouve devant soi. Il peut s’agir de sons purs ou de mantras. Un exercice consiste à projeter vigoureusement le son de sorte que vous imaginiez votre corps secoué, puis la pièce ou l’espace, où vous vous trouvez, secoué également, ensuite le monde, et finalement l’univers entier – à ce moment là vous devriez vous trouver en sueur. Il est bon de pratiquer cet exercice en restant debout sur une haute montagne surplombant le paysage ou au sommet d’un building qui domine la ville. Finalement, comme dans l’exercice du mantra donné ci-dessus, vous sentirez que le son passe par vous, plutôt que venant de vous. Inutile de dire qu’un groupe de gens exécutant ce type d’exercice, avec leurs voix synchronisées, pourra produire des résultats intéressants. Comme avec la plupart des moyens pour lever l’énergie, plus vous y mettrez du vôtre, plus vous en générerez.
Le son transmet le feedback. Certains sexologues, par exemple, enseignent à leurs patients combien il est appréciable de vocaliser leur excitation durant les rapports sexuels – c’est une source précieuse d’informations et d’encouragement.
Le changement des motifs vocaux mentionnés ci-dessus fonctionnent de la même façon pour les transes rituelles. Écouter le changement des motifs vocaux de quelqu’un possédé par un esprit intensifie d’autant plus l’état de conscience des autres personnes. Écouter les modulations de sa propre voix peut favoriser ou freiner la relaxation, ce qui est crucial pour, par exemple, réussir son discours. Quiconque n’ayant jamais parlé en public devrait savoir cela. Lorsque vous êtes nerveux, vous levez le ton de votre voix, et vous parlez de plus en plus vite, jusqu’à buter sur chacun des mots, à vouloir sortir de votre bouche en toute hâte. De même, le débit de vos paroles se brise en une succession de euh… euh… euh, eh bien, voyons, etc.
Les coachs disent que si vous parvenez à maintenir l’illusion que vous êtes détendu, calme et confiant pendant les deux premières minutes de votre discours, alors vous deviendrez confiant. L’astuce consiste à empêcher votre corps d’entrer en mode « fuite », de réguler votre voix, entre autres choses. (J’examinerai cela plus en détail dans la partie sur les Invocations)
Vous pouvez en apprendre beaucoup sur le pouvoir de la parole de la part de personnes qui utilisent leur voix pour exprimer avec vigueur leur personnalité sur un public. Il peut être utile de regarder quelqu’un, à la télé, comme Ben Elton, Margaret Thatcher, ou Billy Graham (Ok – alors choisissez vos propres exemples), de les observer en coupant le son, puis de les écouter sans regarder l’image, en accordant une attention particulière à la manière dont ils rythment et adaptent leur voix.
Les « Performeurs », politiciens ou artistes, exagèrent souvent légèrement les différents tons émotionnels, de la même manière qu’ils mettent l’accent sur les gestes et le contact visuel.
La manière dont nous projetons un statut les uns sur les autres est un autre usage puissant de la voix. Quelle que soit la situation, nous nous accordons mutuellement une position, un rang, non seulement sur la base d’indices visuels, tels que l’habillement, l’allure, etc. , mais aussi sur la base des inflexions de notre voix et la manière dont nous nous adressons les uns aux autres.
Nous faisons tout le temps ce genre de spéculations, mais nous tendons à les remarquer seulement lorsqu’elles sont fausses. Les sociologues disent que nous conspirons inconsciemment les uns avec les autres pour entretenir des relations liées au statut. Professeur/Elève, Maitre/Esclave, Guru/Chela, Guérisseur/Patient sont les plus évidentes. Le problème, c’est que nous tendons à rester figé soit dans un mode de statut supérieur, soit dans un mode de statut inférieur, alors qu’il serait préférable d’adapter notre position en fonction de la situation.
Cela arrive souvent, par exemple, aux personnes qui conseillent professionnellement les autres – tels que les docteurs, les tarologues, etc. Dans le cadre d’une relation d’affaires, elles se sont vues attribuer le rôle de quelqu’un en position supérieure, elles trouvent souvent difficiles « de descendre de leurs grands chevaux » ; non pas intentionnellement, mais parce qu’elles n’ont pas conscience du problème.
L’un de mes souvenirs préférés au sujet de manipulations de statut concerne un ami qui gérait un grand hôpital et exécutait une grande partie de son travail au téléphone. J’avais l’habitude de m’asseoir à ses côtés, fasciné, tandis qu’il téléphonait aux personnes aux statuts hiérarchiques différents de l’hôpital, et par de subtiles inflexions – négociait des faveurs avec les supérieurs, et implantait des suggestions dans l’esprit des subordonnés.
Les jeux de Statut ont lieu partout. Il a été observé que quiconque marche avec confiance dans nos agences locales pour l’emploi, la tête haute, en sifflant, et en dégageant généralement un sentiment de bien-être (en d’autres mots, jouant un statut social supérieur), sera mal accueilli. D’un autre côté, quelqu’un qui entre furtivement, avec un air abattu, écrasé, avec une reconnaissance pathétique pour les allocations chômage qu’il perçoit aura tendance à le faire passer inaperçu.
Le système est conçu pour gérer les gens qui s’énervent et aboient, et il ne s’attend pas aux personnes qui sortent du rang et sont aussi aimables, polis et serviables que possible, sans pour autant plier sous la pression.
Notre compréhension des statuts et jeux de statut nous incite aussi à développer les techniques chamaniques. Après tout, l’un des rôles chamaniques les plus illustres est celui du fou ou clown sacré, qui est autorisé à se moquer ou à satiriser l’ordre social.
Un jeu en lien avec la voix est connu sous le nom de Gurus & Chelas. Dans ce contexte, les gens se mettent par deux et adoptent les rôles spirituels du professeur et de l’élève. Le « professeur » est autorisé à débiter des absurdités totales pendant quelques minutes, pendant que l’élève s’arrête sur chaque parole, plein de crainte respectueuse et de questions timides. Les rôles doivent être ensuite échangés, puis les personnes débattent de leurs expériences. Pour une analyse plus avancée, l’exercice peut être rejoué en utilisant des vocalisations dénuées de sens.
- Invocations
L’invocation est un ensemble de techniques magiques qui, lorsqu’elles sont utilisées, permettent à l’individu de s’identifier à une entité particulière avec tant de passion que certaines qualités ou certains attributs associés à cette entité se manifestent en lui – tels qu’une perception oraculaire accrue ou la connaissance d’un « savoir caché ».
Alors que cette capacité peut être développée par quiconque pratique la magick, la plupart des gens ne le font pas, et ainsi un pratiquant du chamanisme peut être prié d’agir en tant qu’incarnation d’une entité particulière comme part d’un événement – ou d’apporter une expérience similaire chez une tierce personne – « invoquer sur quelqu’un », comme on dit habituellement.
La possession est le niveau extrême de ce type de transe, on la trouve rarement dans les approches modernes des rituels alors qu’elle est très répandue dans les cultures chamaniques. Il n’est pas rare par exemple pour un Hougan ou une Mambo Voudoun de chercher « le savoir caché » (c’est à dire la connaissance) en se laissant « chevaucher » par des entités (connus comme étant des Loa) qui parlent à travers eux, leur apportant une réponse.
Le phénomène de l’overshadowing est plus commun dans notre culture, la conscience de l’individu est partiellement immergée dans celle de l’entité. Cela arrive aussi aux acteurs qui parfois constatent qu’en jouant un rôle particulier s’identifient tellement à celui-ci qu’ils peuvent, alors qu’ils sont sur scène, accomplir les tâches – comme chanter ou danser – liées à leur personnage, alors qu’ils en sont habituellement incapables par eux-mêmes.
Ce n’est pas différent de l’invocation magique, et ses techniques inhérentes sont pratiquement les mêmes – visualisation, tirade, gestes, posture, et autres sens – particulièrement l’odorat par exemple, avec l’encens et les huiles essentielles. Pour le moment, cependant, je vais me concentrer sur la technique de la voix.
- Conscience Dramatique
J’utilise ce terme pour souligner le parallèle entre rituel et spectacle. Ensemble, les artistes et le public d’un bal masqué ou d’une pièce de théâtre peuvent construire une atmosphère pouvant être perçue par toutes les personnes présentes.
Le public écoute ce qui se passe sur scène, éprouve de l’empathie et réagit. Cette réaction est communiquée aux acteurs, qui à son tour affecte leurs interprétations. Ainsi, une atmosphère de « Conscience Dramatique » – un déplacement de la conscience vers l’arène mythique de l’expérience – peut rapidement être générée.
Si le public est familiarisé avec les mythes ou les épreuves jouées sur scène, alors l’expérience peut être cathartique pour toutes les personnes concernées. Il est particulièrement important à propos de la voix – si vous réussissez à utiliser votre voix avec succès pour faire passer les émotions par son timbre – comme la peur, le respect ou la passion à ceux qui écoutent ; tout à la fois, les autres et vous-mêmes, capterez les nuances émotionnelles et serez happés par l’atmosphère que vous aurez généré.
J’ai remarqué que lorsque les gens entraient dans différentes phases de transe, leur motif vocal changeait. Les autres personnes présentes le captent, si ce n’est inconsciemment, et l’atmosphère de conscience dramatique est alors générée.
Dans l’enchaînement d’un rituel, tout discours peut être utilisé pour faire passer les sentiments appropriés que l’atmosphère du groupe génère. Cela s’accomplit mieux lorsque les orateurs sont confiants et détendus avec ce qu’ils ont à dire. D’où le problème avec (a) la lecture de manuels et (b) l’emploi de textes très longs.
Quand cela est possible, je préfère soit apprendre un speech de façon à ne pas avoir besoin de regarder dans mes petits papiers, ce qui peut être gênant – en particulier lorsqu’on lit l’écriture de quelqu’un d’autre dans une pièce sombre ou dans la lande balayée par le vent ; ou d’improviser quelque chose sous l’impulsion du moment. Comme pour toutes techniques pratiques, être capable de cela est simplement une question de pratique et de confiance. A moins que vous fassiez quelque chose qui soit particulièrement stylisée, la simplicité est habituellement l’approche la plus efficace.
- Élocution
La manière dont nous parlons est un puissant moyen de projeter nos intentions.
« L’élocution » d’un discours transmet rapidement, à la fois au public et à soi-même, un degré de confiance.
Une excellente invocation peut être écrite, mais peut rapidement être rendue inefficace si elle est lue d’une voix impassible et ponctuée par des euh… euh…
Les mots peuvent être rythmés, afin que le discours puisse exciter ou relaxer les auditeurs – qui peuvent être à la fois les autres ou soi-même.
La bonne élocution d’une invocation contribue à élever la conscience dramatique à la fois chez les autres et chez soi. Si vous la pensez en terme de « boucle de rétroaction », le discours sera plus captivant, le degré de conscience dramatique sera plus intense et les gens se « laisseront davantage entraînés » dans l’atmosphère rituelle.
Par exemple, lorsque quelqu’un accomplit une invocation, les autres personnes présentes peuvent temporairement devenir « le public » – et chacun peut passer d’une participation active à une participation passive, et vice versa, au cours du rituel. Tout ce qui se produit à l’intérieur de l’espace rituel peut être utilisé pour renforcer l’atmosphère, c’est la clef à retenir, si telle est votre intention.
Essayez d’explorer l’effet de stimulation de votre discours, en respirant délibérément plus fort, et, lorsque vous atteignez le point culminant de l’invocation, soyez à bout de souffle et ajoutez-y une pointe de trémolos. Vous n’avez pas besoin de crier pour être efficace – un murmure peut être tout aussi efficace (si ce n’est plus) qu’une voix forte.
- Structure et Rythme
L’invocation d’une figure particulière est souvent basée sur un résumé des qualités et énergies qui lui sont associées, ou se référant à des légendes ou des faits qui lui sont associées.
Le rythme donné aux paroles lorsque l’invocation est délivrée peut rapidement générés les humeurs appropriées chez ceux qui les utilisent et chez ceux qui les écoutent. Une invocation à Pan pourrait, par exemple, avoir un rythme rapide et frénétique qui laisse à l’orateur le souffle court, rappelant l’aspect sauvage de Pan ; tandis qu’une invocation à Chronos, le Dieu du Temps, pourrait être plus lente et pesante.
Souvenez-vous, les rythmes sont connus pour avoir des effets physiologiques distincts, permettant de relaxer ou de stimuler la respiration ou les battements du cœur.
Vous pouvez créer un effet puissant en insistant sur les mêmes syllabes tout au long du texte, ou en répétant certains mots ou certaines phrases – particulièrement des mots-clés appropriés à l’objet de l’invocation. De simples rythmes et ritournelles peuvent être très efficaces, comme ils sont faciles à retenir et peuvent être répétés encore et encore, devenant semblable à un mantra. De nombreux sortilèges populaires sont de cette nature. William S. Burroughs cite un sortilège de ce genre dans son œuvre « The Place of Dead Roads »:
Trip and Stumble, Slip and Fall, Down the Stairs … And hit the wall !
Il existe différentes approches pour structurer les invocations, et structurer l’invocation en 3 parties en est une populaire.
La première partie est une description des attributs physiques de la figure Mythique invoquée et, elle est dite à la troisième personne ; la seconde est une commémoration des actes et des pouvoirs de cette figure, et elle est donnée à la deuxième personne ; dans la troisième partie, la personne qui invoque, affirme la fusion du soi avec la figure, et parle à la première personne. Ainsi, alors que le discours se poursuit, vous passez d’une position où vous décrivez cette figure en tant qu’être séparé, pour ensuite vous identifiez à celle-ci jusqu’à devenir « elle » complètement (à toutes fins rituelles ou intentions). Suite à quoi, pour le reste du groupe, vous êtes l’avatar terrestre d’une figure Mythique. En endossant ce rôle, vous pouvez à présent agir, en utilisant le pouvoir et les attributs de cette figure, qui peuvent aller de la transmission d’une parole oraculaire à l’exécution d’une danse frénétique.
Au sein de la tradition occidentale à mystère (telle qu’elle est), il est habituel qu’une personne agisse comme le réceptacle ou le canal d’une figure mythique, et les autres participants prennent le rôle des célébrants (ou congrégation). Dans d’autres cultures cependant, il arrive que plusieurs personnes soient « possédées » à la fois par la même déité. En Haïti, il y eut un cas célèbre où 300 personnes, toutes possédées simultanément par le Dieu Legba, marchèrent jusqu’à la résidence présidentielle pour protester contre la situation politique !
En magick occidentale, les gens ont tendance à s’en tenir à une seule approche – habituellement celle qu’ils ont appris en groupe ou en coven.
C’est souvent dommage, parce qu’il y a de bonnes alternatives à découvrir, par exemple, par l’étude de l’art dramatique ou de l’art oratoire.
Les changements de statut se produisent lors des invocations, comme l’a remarqué Aleister Crowley dans son excellent essai sur le Bhakti Yoga, Liber Astarte. Durant l’invocation verbale, vous pouvez partir du statut de suppliant qui atteint une déité, pour finalement agir avec le statut de celle-ci, pendant que les autres vous considéreront (ou devront vous considérer) de la manière appropriée.
Cela conduit souvent à une confusion des rôles, car certaines personnes trouvent difficile de faire la distinction entre le rôle que quelqu’un endosse dans un cadre rituel et la manière dont elle se comporte en dehors de celui-ci. Quelqu’un qui devient une déesse lors d’un rituel, ne devrait pas être traitée comme telle au pub, juste après !
De là vient le principal danger, lorsque l’on s’identifie aux figures Mythiques, de faire gonfler son ego jusqu’à ce qu’ils prennent d’énormes proportions. Si vous vous identifiez continuellement à une figure qui renforce l’idée que vous avez de vous-même, tout ce que vous ferez, c’est de vous faire tomber dans ces tendances particulières. J’ai connu au moins trois personnes qui sont devenues sérieusement perturbées parce qu’elles ne travaillaient qu’avec des figures lunaires, oraculaires, et accentuaient leurs tendances, déjà présentes, à glisser dans des états de transe oraculaire, passive.
Comme dans toutes pratiques, se comprendre et s’évaluer continuellement au sujet de ses forces, de ses faiblesses, et de ses identifications à l’ego sont nécessaires – surtout si vous travaillez avec d’autres personnes, avec le rôle d’enseignant ou de « leader du groupe ».
Je pense qu’il est bien beau de dire que plus vous y mettrez du votre dans une invocation, plus l’effet sera intense. Il y a bien plus d’éléments à prendre en considération, tels que l’utilisation des gestes pour renforcer la parole ; l’usage de lumière et d’accessoires ; le goût, la musique et la mise en scène.
Bien sûr, l’absence de discours peut être également efficace, comme peut l’être l’usage de grognements, de hurlements et de ricanements.
Avoir un rire contagieux peut être une compétence très utile, c’est ainsi que l’antihéros Thomas Covenant l’incrédule a vaincu son ennemi Lord Foul en encourageant l’assemblée des ombres à rire de lui jusqu’à ce qu’il disparaisse. L’humour est un élément important du rituel, qui est souvent négligé par certaines personnes toujours-bien-trop-sérieuses auxquelles on se heurte parfois.
Une autre approche à expérimenter au sujet des invocations est de rassembler une grande variété de discours écrits par d’autres personnes et d’essayer de les lire à haute voix jusqu’à ce vous soyez frappés par une phrase que vous sentez efficaces.
Il peut être utile d’enregistrer de telles expérimentations, et même de les employer comme effets de fond lors d’un travail rituel. L’usage d’une musique appropriée peut également être très productif. Bien qu’il soit utile d’examiner les invocations écrites par d’autres personnes – pour que vous puissiez saisir la manière dont la structure et le rythme peuvent évoluer en fonction de la distribution des mots, il est généralement considéré comme préférable d’utiliser vos propres tentatives d’invocation. Non seulement cela renforce votre confiance et vous octroie un bon « feeling » pour ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas, mais cela vous permet d’établir un « contact » étroit avec la figure à laquelle vous identifier.
En règle générale, il est plus facile d’invoquer des figures humaines que non-humaines. En utilisant les mêmes principes que la démarche du « shape-shifting » (ndlt : transformation ou changement de forme), il conviendrait que vous observiez un animal particulier – regarder ses postures caractéristiques, ses expressions faciales, ses vocalisations, et ses comportements typiques. Vous deviendrez l’animal par identification étroite à ses caractéristiques. L’intensité de la transe dépendra sûrement beaucoup du degré d’abandon que vous vous autorisera à avoir.
* Les versions de cet essai ont été publiées à la fois dans Moonshine magazine et Chaos International.
Photo par : Neil Sutherland, Steve Morley.