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Lady Sheba. Interview de Carl Llewellyn Weschcke par New Worlds, traduction et adaptation Lughnasadh
Lady Sheba est partie pour le Summerland (Tir Nan Og, la Terre de l’Été) le lundi 20 mars 2002.
Patricia, sa fille, a écrit ceci:
« En accord avec ses derniers vœux, elle a été incinérée et ses cendres vont être répandues au Cimetière de la Famille Wicker, dans le Kentucky. Nous avons envoyé avec elle, une copie de son Book of Shadows, qui sera mélangé à ses cendres, parce que c’était une partie de ce qu’était ma mère. Elle a accomplie beaucoup de choses dans sa vie, mais la publication de ce livre était le moment où elle a été le plus fière. Elle parlait souvent et tendrement de Carl et Sandra ainsi que de son association avec Llewellyn. Elle était si contente lorsque Llewellyn a décidé de rééditer ses livres pour une nouvelle génération et elle est morte en sachant que ses travaux n’étaient pas oubliés. »
Éditeur de Llewellyn, Carl Weschcke sur l’impact historique et l’influence de Lady Sheba sur la Wicca – Feature Story New Worlds N°14.
Bénie soit Lady Sheba, une Sorcière Traditionnelle par héritage. Elle était l’une des premières personnes de ce côté-ci de l’Atlantique (NdT: Le côté de l’Amérique) à faire en sorte que l’Art devienne public. Ses efforts ont joué un rôle clé dans la croissance de la Wicca moderne aux États-Unis. Le 13 août 1971, Lady Sheba a enregistré “L’Ordre Américain de la Fraternité de la Wicca” (The American Order of the Brotherhood of the Wicca) au Michigan, marquant un pas important pour la reconnaissance légale de la Wicca comme une religion.
Trente ans plus tard, Llewellyn réédite « Le Grimoire de Lady Sheba » (The Grimoire of Lady Sheba), le premier grimoire wiccan à avoir jamais été publié au États-Unis. Lady Sheba a écrit ce grimoire à la main durant le temps de son initiation dans son premier coven. Elle a aussi ajouté des sortilèges et d’anciens rituels, transcrit de génération en génération dans sa tradition familiale. Cette belle édition cartonnée de “The Grimoire of Lady Sheba” est un guide indispensable pour quiconque est intéressé par l’histoire et les pratiques de l’Art. Carl Llewellyn Weschcke, président de Llewellyn Publications, et, lui-même une figure marquante de la communauté wiccane, a pris du temps pour parler à New Worlds de Lady Sheba, de ses livres et du futur de la Wicca.
New Worlds: Pourquoi avez-vous décidé de rééditer “The Grimoire of Lady Sheba” et ”The Book of Shadows” par Lady Sheba?
Carl Weschcke : Ça fait des années que je veux réimprimer ces deux livres, mais je voulais avoir du nouveau matériel de la part de Lady Sheba. Nous avons perdu contact avec elle il y a quelques années. Nous avons alors essayer de la contacter à toutes les adresses que nous avions, mais sans succès. Et nous avons entendu qu’elle soit partie (NdT : pas morte, partie loin). Nous étions peu disposés à simplement réimprimer les livres, sans soucis pour ses parents, ses proches. Nous avons essayé de localiser ses héritiers, mais encore sans succès. Finalement, résultant d’une recherche sur eBay pour une copie signée d’un de ces livres, nous avons localisé sa fille, et appris que Lady Sheba est en fait vivante, et à la retraite. Elle était heureuse de voir ses livres réédités, mais ne souhaitait pas ajouter quoi que ce soit de nouveau à ces deux classiques.
NW : Comment avez-vous rencontrer Lady Sheba?
CW : Elle nous a écrit en 1960. Nous l’avons invitée à venir à St. Paul et elle apporta le manuscrit de The Book of Shadows avec elle et nous avons signé le contrat de publication. Elle a raconté que la Déesse lui avait dit d’aller voir Llewellyn. C’était à la même époque que je travaillais avec un petit groupe de personnes dans notre propre coven, et Lady Sheba nous a initié à sa tradition. Suite à cette première visite, Lady Sheba nous a rendu visite chaque année pour participer aux annuels “Gnosticons” que nous sponsorisions à Minneapolis, et pour rencontrer tous les nouveaux Wiccans de l’endroit.
NW : À quoi ça ressemblait d’étudier avec Lady Sheba?
CW : Mon étude avec elle était largement informelle depuis que j’ai été il y a longtemps impliqué dans la pratique de la Magie Rituelle, que j’ai correspondu avec Gerald Gardner et que j’ai fait de nombreuses expériences dans notre petit groupe. Beaucoup de questions et ses réponses m’étaient données par correspondance.
NW : Avez-vous vécu des expériences peu communes ?
CW : Il y a un grand nombre d’histoires que je pourrais raconter, mais quelques-unes sont hors sujet. Avant de parler de ces histoires, je veux faire remarquer que le début des années 70 était l’époque de la “Guerre Sorcière” durant laquelle les gens faisaient surface et clamaient être de cette lignée, et la plupart d’entre eux étaient auto-proclamés et provoquaient les autres. Comme Isaac Bonewitz l’a dit, les gens disaient essentiellement: “Ma tradition est meilleure que la tienne !» Et beaucoup d’entre eux avaient beaucoup à prouver. C’était aussi l’époque d’un intérêt intense pour la Wicca, et beaucoup de gens étaient attirés par des “professeurs” peu recommandables qui les abusaient et les trompaient. Des gens ont critiqué Lady Sheba pour le bris de ses vœux et de la publication de secrets. Sa réponse était que la Déesse lui a dit de le faire. D’autres ont écrit qu’elle était un imposteur qui n’avait ni Tradition ni pouvoirs. J’ai appris différemment.
Lorsque Lady Sheba m’initia (me préparant pour “le Pouvoir” comme elle l’appelait), j’ai été pris totalement par surprise… je n’avais anticipé qu’à un drame symbolique. Au lieu de ça, j’ai eu en premier une vision psychique de sa position comme si elle était au seuil de la création elle-même, en appelant les pouvoirs dans son propre corps. Alors, j’ai été projeté hors de mon corps et j’ai vu des “lignes d’énergies” passer de ses mains jusque dans mon corps. Je me suis senti comme si je subissais un nettoyage et un réajustement de ma matrice éthérée. J’ai senti le Pouvoir, comme s’il était mien, passer dans les autres.
À un autre moment, Lady Sheba m’a tendu son “Collier de Reine” (Queen’s Necklace) [il y a une image de ce collier dans The Grimoire of Lady Sheba] pour que je l’embrasse. Lorsque je l’ai fait, j’ai senti mon moi astral croître et s’étendre beaucoup plus haut que mon corps physique, et j’étais rempli de bonheur. Depuis cette expérience, ma conscience et mes perceptions psychiques sont restées à un niveau plus élevé qu’auparavant.
Une autre histoire légèrement plus amusante concernait une discussion éditoriale. L’une de nos éditrices voulait changer le langage archaïque dans “The Grimoire of Lady Sheba”. Nous lui avons écrit et nous avons dit : absolument pas. Plus tard, cet après-midi-là, le mari de cette éditrice et un employé d’une librairie riaient à propos de ça dans un bar local de Minneapolis. Il est arrivé au travail, le lendemain, en se plaignant du plus horrible mal de tête de sa vie. Deux jours plus tard, j’ai reçu une lettre de Lady Sheba où elle écrivait qu’elle avait été en astral et avait été témoin de la “discussion” des deux hommes au bar. « J’ai pris mon Livre Béni (NdT : The Book of Shadows) et j’ai frappé la tête de Ron avec.” C’était assez pour que j’y crois!
NW : Quelle a été la réaction du public lorsque le livre de Lady Sheba a été publié au début des années 70 ?
CW : À la fois positive et négativem, comme pour ses prédécesseurs. Lady Sheba s’appelait elle-même “Reine Sorcière Américaine” à un moment où ce concept était un anathème que la plupart des personnes ont perçu comme une déclaration de hiérarchie théologique – l’anti-thèse même de ce qui nous a pour la plupart attiré dans la religion libre basée sur la Nature et non institutionnelle. Maintenant le concept de la Reine est plus vu dans le sens de “fille” du coven en reconnaissance des lignées de succession. En effet, la vérité d’une telle succession se trouve en dessous de l’actuelle transmission de Pouvoir comme je l’ai réellement expérimentée durant mon initiation. Elle avait le Pouvoir. Et je présume qu’elle l’a encore. Je crois que moi aussi.
NW : Comment l’Art a-t-il changé depuis la publication de ses livres?
CW : La Sorcellerie est devenue la Wicca et la Wicca est devenue publique. Quoique non institutionnelle (indépendante de collèges théologiques et d’un clergé professionnel) les gens pratiquent l’Art partout au pays et la Wicca est respectée et honorée en tant que chemin spirituel légitime.
Certains groupes ont librement choisi de devenir “légaux” et d’avoir la reconnaissance IRS. Certains ont même établi des collèges pour accorder les degrés ministériels. Beaucoup n’ont rien fait de cela. Et tous ont trouvé la vérité et la satisfaction dans leurs pratiques.
NW : Qu’est-ce que vous pourriez dire aux jeunes Wiccans qui disent que la Wicca pratiquée par Lady Sheba n’est pas la même que celle pratiquée aujourd’hui?
CW : Je suis sûr que beaucoup le font et devraient. La Wicca a évolué. Et elle devrait évoluer encore. Elle est peut-être “la Vieille Religion” mais la spiritualité n’est pas stagnante, et nous avançons dans un Nouvel Âge de conscience étendue. La Wicca a servi et sert encore les besoins de beaucoup de gens. Pas seulement en Amérique et en Europe, mais en Afrique, en Amérique latine et en Asie.
La Wicca fournit uniquement l’expérience religieuse personnelle dont beaucoup sont affamés et n’ont pas trouvé dans les églises traditionnelles et dans les temples des soi-disant religions organisées. Et parce que c’est personnel, la Wicca a été libre d’évoluer librement tout comme ses pratiquants.
C’est le message du Nouvel Âge : que nous grandissions individuellement et acceptions les responsabilités personnelles de notre rôle dans le bien-être planétaire. Nous, comme des « co-créateurs ». Ce que nous croyons et ce que nous faisons transforment le monde dans lequel nous vivons. Et la Wicca (et la Magie aussi) nous apprend que nos pensées sont réelles et puissantes.
NW : Maintenant que la Wicca a été acceptée en tant que religion, pensez-vous que les gens ont toujours besoin de suivre les Lois publiées dans The Book of Shadows? Si non, quel est leur but dans la Wicca moderne ?
CW : Les Lois de The Book of Shadows ont servi leur but. Dans beaucoup de cas, elles étaient des règles pratiques adaptées aux temps où elles ont été établies. Dans d’autres cas, elles représentent un savoir exprimé de manière adaptée pour l’orientation du groupe.
Elles sont dans beaucoup de cas des principes pour la pratique d’une religion magique. Pour beaucoup, je crois qu’elles expriment un code éthique basique tout d’abord adapté pour les temps où nous vivons.
Elles devraient être lues, et elles devraient vivre dans l’esprit des lecteurs. En tant que principes et concepts vivants, elles vont croître et être utilisées pour “maturer” la personnalité magique du pratiquant.
Et c’est important. les Lois devraient être vivantes dans le Wiccan comme devrait être vivants les symboles et les outils de l’Art. L’athamé devrait vivre dans la psyché, tout comme la baguette, la corde et les autres outils magiques et religieux. Et l’image du Dieu et de la Déesse. S’ils sont seulement extérieurs, ils vont manquer de Pouvoir. Prenez-les « en dedans » et ils vont vivre et grandir.