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Aujourd’hui, de plus en plus de gens envisagent la wicca comme une forme de magie et laissent le divin de côté. Il y a quelques semaines, j’ai vu un article qui s’insurgeait contre l’utilisation du mot wicca dans un contexte non religieux. Et la vision théologique défendue dans cet article semblait inspirée des réflexions de Rene Delaere et David Oringderff que j’ai traduites il y a une douzaine d’années. À l’époque, j’avais bien aimé cette série d’articles. Il faut dire que ce genre de réflexion manque cruellement à la wicca. Mais avec le temps, je me suis plus sérieusement intéressé à la théologie et à l’histoire et j’ai constaté quelques erreurs.
Pour ma part, même si je trouve cela dommage de passer à côté de la dimension divine de la wicca, je me dis que chacun utilise ce mot comme bon lui semble. Il existait bien avant la wicca. Et si nous l’utilisons dans un contexte religieux, c’est à cause des fausses théories de Margaret Murray. Donc nous n’avons pas vraiment de leçons à donner sur l’utilisation de ce mot. Par contre, je me dis également qu’il est temps de corriger les erreurs de cette série d’articles sur la théologie.
Les deux auteurs de cette série d’articles considèrent quatre niveaux de divin dans la wicca :
- Un niveau panthéiste
Le divin est en toute chose, dans la terre, la lune, le soleil, la nature, les plantes, les animaux…
- Un niveau polythéiste
Le divin à l’image plus ou moins humaine dans toute sa diversité de visages.
- Un niveau bi-théiste
Le couple divin.
- Et un niveau monothéiste
Le divin absolu.
Déjà à l’époque, cette histoire de divin bi-théiste me semblait bizarre. Nous pouvons appréhender le divin de trois manières différentes, en chaque chose, dans un contexte mythologique et de manière absolue. Le bi-théisme est un cas particulier de divin mythologique. Certaines religions focalisent leur attention sur un couple divin. C’est par exemple le cas de la wicca traditionnelle. Mais cette manière d’appréhender le divin n’apporte rien de nouveau. Il s’agit d’un cas particulier de divin mythologique. Pourquoi en faire un niveau spécial ?
Ensuite les auteurs expliquent que le monothéisme n’est pas vraiment monothéiste. Il s’agit, selon eux, d’un bi-théisme éthique basé sur un combat entre le bien et le mal qu’ils opposent au bi-théisme polaire de la wicca basée sur l’union d’un couple divin. Toujours selon eux, cela explique la violence du monothéisme. Alors que selon eux, la place de la femme était bien plus enviable dans l’antiquité païenne, elle aussi basée sur un culte polaire.
Mais tout cela est faux.
Le monothéisme n’est pas un bi-théisme. Par exemple dans le judaïsme Satan n’est pas l’ennemi de Dieu, mais l’ennemi de l’homme. Comme tous les anges, il s’agit d’une force émanant de Dieu. Son but est de mettre l’homme à l’épreuve. Selon la bible, aucune force ne peut s’opposer à Dieu. Le Deutéronome 4:35 affirme « ein od milvado », ce qui signifie littéralement « il n’y a rien en dehors de sa solitude ». On est bien dans une vision du monde parfaitement monothéiste. On peut même parler de monisme.
Pour le christianisme, c’est la même chose. Depuis le concile de Nicée, le mouvement dominant est non-dualiste. L’arianisme a été combattu pour son dualisme, le gnosticisme également. Bien sûr, il existe des chrétiens persuadés que le monde est le fruit d’une guerre cosmique entre le bien et le mal. Mais il s’agit de gens qui ne connaissent rien à leur religion. On ne peut pas les prendre en exemple pour en déduire des généralités sur le christianisme.
Au sujet de la condition de la femme, un mythe wiccan très répandu affirme qu’elle était meilleure dans l’antiquité. Mais la moindre étude historique démontre le contraire. Par exemple, à l’époque gréco-romaine, la femme était dans la plupart des cas considérée comme un outil de reproduction qui devait rester à l’écart de la société. Et dans ce contexte, les premières femmes à avoir affirmé leur liberté individuelle étaient chrétiennes.
Au final, toute cette histoire de bi-théisme est une construction artificielle pour justifier que la wicca est la religion des gentils et le monothéisme la religion des méchants.
Comme le dirait Amma, prétendre que ma religion est la bonne et que les autres sont mauvaises est aussi idiot que d’affirmer que ma mère est une sainte et toutes les autres sont des prostituées. Et comme le dirait Gandhi, celui qui a atteint le cœur de sa religion a atteint le cœur de toutes les religions. Toutes les grandes religions connaissent des dérives politiques utilisées pour justifier des atrocités. Mais au fond, toutes les religions recherchent la même illumination et il est dommage de ne regarder que leurs dérives et d’en faire une généralité. On en apprend bien plus en étudiant ce que les religions ont de meilleur à proposer.
Je ne dénigre pas pour autant cette série d’articles qui propose une bonne base de réflexion. Mais je vous conseille de ne pas en rester à ce que disent ses auteurs et de faire vos propres recherches. Dans un prochain article, je décrirai concrètement pourquoi on observe trois niveaux dans le divin.